DES MEMBRES DE LA POLICE COMMUNAUTAIRE D’OTTAWA PRÉOCCUPÉS PAR L’USAGE DES GANTS D’ASSAUTS

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Le 24 juillet dernier Abdirahman Abdi, qui a des problèmes de santé mentale, a été appréhendé par deux policiers d’Ottawa, car il posait des gestes inadéquats dans un café. Il s’ensuivit une confrontation entre les policiers et l’homme qui reçut plusieurs coups. Lors de cette confrontation, Mr. Abdi a alors perdu ses signes vitaux, il est ensuite décédé le lendemain à l’hôpital. L’agent Daniel Montsion, qui est membre de l’équipe d’intervention directe (Direct Action Response Team, DART) et assistait les patrouilleurs cette journée, est maintenant accusé d’homicide involontaire, de voie de fait et d’agression armée. Dans l’enregistrement de l’événement on voit clairement Montsion accroupi par-dessus Mr. Abdi, portant ce qui semble être des gants d’assaut. Heater Badenoch, consultante en communication, a vu cette vidéo inédite de l’incident et elle fut étonnée par ce qu’elle a vu :

Quand M. Abdi est couché par terre, l’agent, aujourd’hui accusé, le frappe violemment deux fois à la tête, et nous ne voyons jamais M. Abdi bouger. Quand nous regardions la vidéo… puis ces deux coups de poing, nous avons sursauté, parce que c’était très disproportionné par rapport à ce qui était nécessaire.

L’agent Daniel Montsion aurait-il dépassé la force nécessaire? Un policier est dans le droit d’utiliser la force, mais seulement lorsque cela est nécessaire, et de façon proportionnelle à la situation. Ceci ne semble pas avoir été le cas ici. Il est important pour la police communautaire – modèle que dit avoir adopté la police d’Ottawa – de coopérer avec le public, pour favoriser la confiance des citoyens, ce qui encourage la coopération. L’incident causé par Montsion, au contraire, risque de faire diminuer le niveau de confiance des citoyens.

Aussi, plusieurs inquiétudes ont fait surface face à l’utilisation des gants d’assauts. En effet, la DART est en premier lieu une équipe de sensibilisation et qui surveille les activités des gangs de rue, et selon Ketcia Peters, du comité d’action communautaire et policière, ils ne devraient pas avoir recours à ce genre d’arme. Les gants d’assauts sont surtout utilisés dans des cas de protection, par exemple, lorsque les policiers doivent casser une vitre, des serrures, etc. Ils sont composés avec un épais morceau de fibre de carbone qui se trouve sur les articulations, et qui font penser à un poing américain, qui peut causer de graves blessures.

Suite au décès d’Abdirahman Abdi, le chef Charles Bordeleau a voulu faire une vérification interne de tous les gants d’assaut donnés aux policiers et aux services. Il s’est avéré que plusieurs postes et services se sont procuré des gants d’assaut, sans nécessairement être passés par le quartier général. La police d’Ottawa a confirmé que ses agents ne recevaient pas de formation spécifique par rapport à ces gants, qui peuvent devenir une arme dangereuse rapidement, ce qui pourrait engendrer de la peur chez les citoyens.

Pourtant, selon le ministère, les gants d’assauts ne sont pas une arme, mais plutôt une protection pour le policier, comme un casque ou une veste balistique. La commission des services policiers d’Ottawa n’a pas non plus de politique spécifique par rapport aux gants renforcés. Pour César Ndéma-Moussa, membre du COMPAC (comité d’action communautaire et policière), avoir une bonne formation pour un bon usage de ces sortes de gants serait important, ainsi qu’un meilleur encadrement :

Il faut en effet un entraînement approprié, des protocoles appropriés et voir toutes les procédures pour avoir un climat de confiance renouvelé.

Suite à l’événement et aux débats qui ont suivi, le cas des gants d’assaut sera discuté lors d’une réunion au mois d’avril. Il est certain que de donner une formation aux policiers pourrait favoriser la confiance des citoyens. Il est évident que les agents doivent être bien équipés lorsqu’ils doivent intervenir, mais il est aussi important qu’ils interviennent de la bonne façon.