Dénonciateurs de la NSA et CIA accusés.

Les agences gouvernementales américaines font souvent la une, depuis quelques années, à cause d’employés qui décident d’exprimer leur mécontentement envers certaines pratiques des agences. Les employées ont le choix de porter plainte à l’interne, de rendre le tout public grâce aux médias ou de s’en remettre à WikiLeaks, qui permet de distribuer anonymement des informations. Tous récemment, WikiLeaks a distribué 8761 documents et fichiers portant sur les outils de piratage utilisé par la CIA.

Regardons brièvement le cas de IIana Greenstein, pour voir ce qui peut pousser un employé à quitter une agence gouvernementale ou à devenir un dénonciateur.

Ilana Greenstein

Ilana Greenstein était une agente d’opération de la CIA ayant gagné 6 prix pour performance exceptionnelle. Elle a porté plainte à sa chaîne de commandement sur la mauvaise gestion dans la station à Baghdad où elle travaillait, sans succès.  Elle a donc décidé de s’adresser directement au directeur général, Michael Hayden, qui n’a pas non plus levé le petit doigt. Sa plainte suivait toutes les procédures établies par l’agence. Cependant, la seule action entreprise par la CIA fut :

The reaction from the intelligence agency was to suspend her clearance and order her to turn over her personal computers.

Bien que l’agente de la CIA a pu exprimer son mécontentement à ses camarades, elle en est venue à cette conclusion :

Unfortunately, all inside solutions failed. Now, several years and a resignation later, having futilely exhausted all internal avenues for reform, I am attempting to write a book about the CIA in Iraq.

Ce livre fut par contre supprimé par la CIA lorsqu’il détenait illégalement son ordinateur. L’exemple de Ilana Greenstein démontre bien que la liberté d’expression n’est pas toujours de mise. Un autre cas populaire et très semblable est arrivé à un haut fonctionnaire de la NSA Thomas Drake :

He did what his military training and US whistleblower law instructed: he reported the information up the chain of command. Beginning in early 2002, he shared his concerns first with a small number of high-ranking NSA officials, then with the appropriate members of Congress and staff at the oversight committees of the US Senate and House of Representatives.

Sa plainte sur la mauvaise gestion d’un programme de surveillance n’a point porté fruit. De tels comportements de la CIA et de la NSA peuvent pousser les employés à démissionner et dénoncer publiquement une situation.

Bien que la situation et le nom de la ou les personnes ayant fourni les documents de Vault7 reste inconnu, il est possible de croire qu’une situation similaire, où un système de plainte inefficace est en place, aurait poussé cette personne à agir pour dénoncer l’agissement parfois non éthique de l’agence gouvernementale. Il arrive souvent que des agents aient de graves accusations comme dans le cas célèbre de Snowden ou le cas plus récent de Harold Thomas Martin III.

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Harold Martin travaillait pour Booz Allen Hamilton, une firme spécialisée en défense et sécurité nationale. En tant que consultant, il a travaillé pour plusieurs agences gouvernementales, dont la NSA et le département de la défense américaine. Il occupait un poste dans l’équipe de piratage informatique nommée Tailored Acces Operations lors de son mandat pour la NSA. Il a été accusé d’avoir volé et gardé en sa possession des documents classés confidentiels, secret et top secret qui auraient été volés entre les années 1996 à 2016. Bien qu’il dit ne jamais avoir eu l’intention de transmettre les 50 téraoctets de donnés classifiés, il a été accusé de 20 charges dont :

“Count 1 : Theft of Government Property;”

“Count 2 Unauthorized Removal or Retention of Classified Documents or Materials by Government Employee or Contractor;”

Harold Martin a été arrêté par le FBI et a comparu tout récemment le 14 février 2017. Les renseignements de sécurité nationale auxquelles il pouvait accéder sont phénoménaux. Un des multiples documents qu’il possédait comprenait des informations sensibles sur les opérations antiterroristes de la NSA. De manière générale la déviance policière est beaucoup moins problématique que la déviance d’un employé ayant une cote de sécurité Top Secrète, manipulant des documents pouvant porter atteinte à la sécurité nationale.

Les agences gouvernementales ont maintenant de plus en plus de pouvoir suite à l’évènement du 11 septembre. Elles peuvent facilement regrouper une grande quantité d’information sur les citoyens puisqu’ils sont de plus en plus connectés sur la toile, disposent de téléphone cellulaire et exposent leur vie dans les médias sociaux. Néanmoins, comment allons-nous changer le comportement d’agences gouvernementales aussi puissantes lorsque les actions entreprises pour les dénoncer n’ont aucun effet?