La grande mosquée de Québec victime d’un acte terroriste.
Dimanche le 29 janvier 2017 vers 19h55, la centrale d’urgence 911 de la ville de Québec reçoit un nombre important d’appels rapportant des coups de feu au Centre culturel islamique située au 2877 chemin Sainte-Foy. Les premiers répondants, soit les policiers du SPVQ, se rendent sur les lieux rapidement et constatent dès leur arrivée la présence de multiples victimes.
Un premier suspect, Mohamed Khadir est arrêté tout près des lieux de l’incident, mais le corps policier de la ville de Québec confirmera son innocence le lendemain. Le deuxième suspect, maintenant reconnu comme le seul accusé dans cet acte terroriste, se dénonce lui-même en contactant les services d’urgence. À 20h40, soit moins d’une heure après les événements, il affirme être en lien avec la fusillade et gare son véhicule dans une voie menant au pont de l’île d’Orléans. Le Groupe tactique d’intervention est déployé sur les lieux et les policiers, par souci de sécurité, bloquent tous les accès à l’île.
Photographie: Steve Jolicoeur
L’évènement était d’abord traité comme une fusillade, mais trois heures suivant les gestes, le SPVQ se ravise et parle dorénavant d’un acte terroriste. La ville de Québec dépassant légèrement les 500 000 habitants, elle est donc munie d’un corps de police de niveau 4 et ce, selon la loi sur la police du Québec. Par contre, bien que doté de l’expertise en matière de crime organisé, de protection de témoins et de surveillance électronique, ce niveau de service ne confère pas les ressources et habiletés au SPVQ en ce qui a trait à la gestion du terrorisme. Le Service de police de Montréal (SPVM), la sûreté du Québec (SQ) et la gendarmerie royale canadienne (GRC) viennent donc porter renfort à leurs confrères du SPVQ.
C’est donc cette équipe constituée de la GRC, de la SQ et du SPVM qui mène l’enquête sur cet attentat s’étant soldé par un bilan de six morts et plus de dix blessés. Les enquêteurs s’affairent notamment à reconstituer les faits en plus de chercher la mens rea ayant poussé Alexandre Bissonnette, cet étudiant de l’université Laval en sciences politiques, à commettre son geste terroriste envers la communauté musulmane de la ville de Québec.
L’accusé avait en sa possession deux armes lors de son entrée au Centre culturel islamique de Québec. Un fusil d’assaut de type CZ 858, semi-automatique et disponible en vente légale au Canada, ainsi qu’une arme de poing de type 9mm nécessitant pour sa part une autorisation restreinte pour en avoir la possession au Canada. Dès son entrée dans la mosquée, Bissonnette a vu son arme d’assaut s’enrayer et dû donc se munir de son 9mm.
Image: Journal de Québec
Pour se prémunir du permis d’arme restreinte, le demandeur doit préalablement assister à deux formations de huit heures de types éducatives en lien avec le maniement des armes à feu. Suite à ces formations, un test d’aptitude au tir complété par un examen théorique sur les lois relatives au port d’arme au Québec sont également nécessaire à l’acquisition du permis. Il est par la suite nécessaire de prendre rendez-vous avec un policier, afin de déposer un formulaire en main propre et ainsi confirmer son identité. Un permis détaillé doit également être reçu de la GRC et l’agence impose la signature des partenaires des deux dernières années, en plus des coordonnées de deux proches de la personne faisant sa demande et connaissant cette dernière depuis plus de trois ans. Pour finir, l’adhésion à un club de tir avec registre est obligatoire à tous citoyens non policier ou collectionneur, afin de recenser les visites des utilisateurs d’armes restreintes. L’accusé a donc dû passer par ces tests et avoir à faire à son corps de police municipale en plus d’entrer en contact avec la GRC. L’usage de ce type d’arme est ainsi fortement réglementé au Canada, mais le fait que l’attentat ait eu lieu démontre tout de même la présence d’une faille dans le système.
Le SCRS, soit le service canadien de renseignement et sécurité, a parmi ses missions la tâche de contrer le terrorisme. Les propriétaires de permis pour arme restreinte, ayant une capacité létale rapide et puissante, sont une menace possible de terrorisme ayant en leur possession des instruments permettant l’élaboration d’attaque mortelle au sein même du Canada. Par contre, la branche portant sur le terrorisme au SCRS porte principalement sur des cellules connues soient Al-Qaïda, Al-Chabaab, Daech, Boko Haram et le Hezbollah. L’extrémiste national y est abordé et le service démontre sa connaissance quant à la possibilité d’une attaque ciblant certaines minorités visibles au pays, cependant, selon le SCRS, «ces dernières années, l’extrémisme de droite n’a pas posé de problèmes sérieux au Canada. Les tenants de l’extrême droite ont tendance à être isolés et inefficaces».
Suite à l’attentat du 29 janvier 2017 à Québec, le SCRS changera peut-être sa position sur le terrorisme d’extrémisme nationaliste, ayant vu sa dernière modification apportée en mai 2014 (alors que sa position face aux groupes mentionnés précédemment – Al-Qaïda à Hezbollah – et sur la radicalisation changent à tous les mois et virent leurs dernières modifications effectuées pour chacun le 27 janvier 2017).
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