Il aurait dû viser les jambes

Accident suite à l’interception des policiers après la poursuite.
Nous avons vu, depuis quelques années, plusieurs interventions qui ont mené les policiers à entrer en contact avec des individus armés et dangereux. Par exemple, le 27 décembre 2016 (voir ce blog pour des informations supplémentaires) au terme d’une poursuite policière, des policiers ont réussi à immobiliser la voiture d’un suspect pour éviter tout accident sur la route. Le conducteur aurait par la suite sorti de son véhicule armé d’une machette et se serait dirigé en direction d’une policière pour ensuite lui infliger une blessure au bras. Deux autres collègues auraient donc ouvert le feu sur l’homme ce qui entraîna son décès. On peut voir dans cette situation que la policière, et probablement ses deux collègues, ont voulu attendre jusqu’à la dernière seconde avant d’ouvrir le feu, même si leur sécurité était compromise. Malgré tout, les médias et la population ont tout de même critiqué leur intervention en se demandant : pourquoi n’ont-ils pas visé une partie du corps non dangereux comme les jambes au lieu d’atteindre mortellement l’individu?
Bien qu’il semble facile d’agir ainsi selon la population, il est possible de démontrer la grande difficulté de commettre un tel geste de précision avec son arme de service. Pour démontrer la situation difficile qui est d’atteindre de telles parties du corps avec son arme à feu, le journaliste de Radio-Canada Bruno Savard a fait un reportage au sein du Service de police de la Ville de Québec. Savard, qui n’a bien sûr pas les compétences d’un policier qui est passé par l’École nationale de police du Québec à Nicolet, a eu l’opportunité d’expérimenter la situation du policier faisant face à un individu armé.
Dans une situation de face à face, il a calculé selon lui la distance qu’il jugeait selon lui respectable afin d’être en confiance et capable d’agir si l’homme armé fonçait sur lui avec l’intention de lui causer des lésions corporelles. Il a analysé selon son point de vue de la situation qu’à environ 10 pieds, il pouvait être en mesure d’atteindre son fusil dans son étui pour ensuite dégainer et faire feu. Mais, ceci a été une grosse erreur puisque l’assaillant a réussi à lui donner 11 coups de couteau. Ils ont par la suite refait le test à 21 pieds. Encore une fois, le jpournaliste, qui n’a pas les mêmes habiletés qu’un policier expérimenté, a reçu trois coups de couteau. Cependant, selon l’instructeur, un policier aurait à cette distance, juste le temps de faire feu sur l’individu sans recevoir des coups. Ce n’est qu’à 30 pieds que le reporteur finit par tirer avant d’être atteint par l’arme blanche.
Dans cet exercice, le journaliste avait plusieurs éléments en sa faveur. Il savait que l’individu était armé et dangereux et il savait qu’il allait être attaqué. Par contre, c’est tout le contraire pour les policiers dans la réalité et surtout dans les événements qu’il y a eu il y a quelques années. Il ne sait pas toujours avec qui il va entrer en contact, il ne sait pas s’il est armé ni même le type d’arme qu’il peut avoir en sa possession. L’environnement rural peut aussi avoir un impact sur les diverses portes de sortie que le policier peut utiliser dans un cas où la situation est trop dangereuse. L’aspect mental comme le stress et la peur peuvent aussi amener le policier à réagir différemment. Il n’est pas non plus possible de prédire le comportement de l’agresseur. C’est pourquoi il est difficile pour les policiers de savoir quand utiliser son arme à feu au lieu de ses armes intermédiaires.