Augmentation des troubles de stress post-traumatique pour les agents de la GRC
La Gendarmerie royal du Canada (GRC) fait objet d’une augmentation d’environ 70% de cas de stress post-traumatique. En effet, la GRC et tous les différents corps policiers vivent des épreuves difficiles durant leurs heures de travail. Des cadavres d’enfant aux victimes d’accidents, les policiers font faces à plusieurs images traumatisantes et ne réussissent pas nécessairement à se débarrasser de ces images à leur retour à la maison. Le témoignage touchant d’Annabelle Dionne représente bien les différents problèmes que les employés de la GRC vivent, tel que la peur de mourir, la perte d’un collègue et la culpabilité. De plus, avant 2014, les personnes vivant avec un état de stress post-traumatique ne recevaient pratiquement pas d’aide pour se sortir de ce calvaire.
Sous la responsabilité de la Sécurité publique du Canada, environs 4 000 policiers en service ou retraités souffre d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT) parmi les rangs de la GRC. Cet état peut être causer par des situations violentes, difficiles et qui affectent personnellement l’individu. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’état dépressif des policiers, dont leur proximité avec la violence. De plus, un facteur individuel vient influencer la capacité de résilience d’un individu. Effectivement, le policier lui-même, avec son passé, est plus à risque de s’identifier à l’une des victimes et à en subir les conséquences.
Comme le mentionne Annabelle Dionne, l’état de stress post-traumatique vient évidemment après l’évènement et peut faire vivre un véritable calvaire sans fin à l’individu. Le problème ici est que les policiers sont plus sujets à vivre ce stress puisqu’ils sont plus enclins à voir des situations violentes dans la pratique de leur travail.
Évidemment, être atteint d’un trouble de stress post-traumatique n’est pas une épreuve facile à traverser avec les nombreux symptômes. Le policier peut se voir atteint de trouble de sommeil, de tristesse, de dépression, est plus à risque de se suicider, etc. Or, les membres de la GRC n’ont pas accès facilement à de l’aide médicale dans ces situations. Comme pour Annabelle Dionne qui avait demander de l’aide 4 mois après la mort de son collègue, c’est vue avoir de l’aide seulement 3 ans plus tard. Les raisons principales de ce manque de soutien de la part de la GRC est le vaste territoire qu’elle occupe. En effet, dans les régions du Nord du Canada, les services sont pratiquement absents et cela rend encore plus difficiles de s’en sortir. Par ailleurs, le programme de formation du corps policier est pointu sur tous ce qui concerne l’intervention mais reste insuffisante pour ce qui est de santé mentale. Les policiers ne seraient pas assez outillés pour faire face au problème de santé mentale.
Effectivement, le nombre de traumatismes est en hausse mais, maintenant le service médial de la GRC est conscient de cela. Les membres peuvent maintenant se présenter à 11 bureaux de service de santé et à 9 cliniques spécialisés dans ces traumatismes pour avoir de l’aide d’un spécialiste. Depuis 2014, avec la stratégie de prévention en santé mentale, la GRC s’assure que ses membres sont suivis et traités psychologiquement.
Malgré ce changement, depuis 5 ans, le nombre de diagnostics de stress post-traumatique à fortement augmenté. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer à cette augmentation. En particulier, la sensibilisation faite à ce sujet dans les dernières années pourrait être l’un des facteurs de l’augmentation des cas répertoriés de stress post-traumatique. Un policier sensibilisé à la problématique de santé mentale sera plus porté à parler et à aller chercher de l’aide que le policier qui ne comprend pas exactement ce qu’il a. Alors, s’agit-il réellement d’une augmentation des cas de stress post-traumatique ou simplement d’une sensibilisation qui fonctionne ? Par ailleurs, chaque individu est sujet à vivre un stress post-traumatique un jour, pour des raisons propres à chacun. Par contre, la seule différence ici avec les policiers est leur milieu de travail qui est dangereux. De prime abord, certaines régions éloignées ne sont toujours pas assez soutenues pour les problèmes de santé mentale. Dans les régions du Nord, les policiers ont d’avantage de situations difficiles, de charge de travail et de risque d’être confronté à la mort en service d’un collègue.
La GRC emploie des patrouilleurs et des enquêteurs, et les uns comme les autres sont à risque d’un traumatisme. Le patrouilleur en arrivant sur les lieux, peut par exemple voir directement des cadavres, des blessés ou être impliqué dans une fusillade qui l’oblige à commettre des actes de violence.
Autant dans son rôle de police provincial que fédéral, selon les provinces, la GRC est majoritairement réservée aux cas lourds. Par exemple, tel que mentionné précédemment, au Québec la GRC va d’avantage s’occuper de ce qui dépasse la juridiction de la SQ en matière de crime organisé, de terrorisme, etc.
Dans des cas de crime majeur, il s’agit moins de patrouilleurs mais d’enquêteurs. Ceux-ci peuvent vivent des situations dans la pratique de leur fonction en allant sur différentes scènes de crime ou en visionnant des images difficiles. Par exemple, un enquêteur aux prises avec des délits sexuels se doit de voir des images et des scènes choquantes de victimes. De plus, le policier est avant tout un individu, et celui-ci a une vie personnelle et un passé. Cette vie personnelle peut le rendre plus sensible a certaines situations, auxquelles il ne pourra pas faire face facilement. Par contre, l’inverse est aussi possible, un policier peut, avec son passé, avoir une meilleure résilience qu’un autre et va plus facilement réussir à passer au travers des difficultés rencontrées dans son travail.
Autant pour les patrouilleurs que les enquêteurs, la pression est présente. Le désir de performer et d’évoluer dans les rangs de la police augmente le stress et les rend plus vulnérables à un tel diagnostic. La résilience, le passé, la pression, le danger et la méconnaissance des maladies mentales sont des facteurs de risque ou de protection en ce qui concerne le stress post-traumatique chez les membres de la GRC.