Le Canada sera-t-il la prochaine victime du DAECH ?

Les récents évènements à travers le monde ne laissent personne indifférent. Plusieurs villes, comme Berlin et Paris, sont en alerte suite aux multiples attentats terroristes. Les autorités policières fédérales canadiennes sont également convaincues que des attentats au pays sont éminents.

Pour aborder la problématique, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) et le service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) sont en étroite collaboration. La GRC est une police nationale centralisée à Ottawa, mais le SCRS n’agit pas en tant qu’autorité policière, mais sert plutôt à trouver des réseaux d’espionnage de même que des activités potentiellement terroristes. Leurs méthodes sont assez secrètes et lorsque le SCRS constate des activités potentiellement alarmantes, il doit renvoyer les dossiers à la GRC.

Ces mêmes deux organisations savent pertinemment que le Canada est dans la mire du DAECH ou État islamique, un des groupes terroristes les plus craints au monde. L’idéologie qu’il prône est l’islam radical dans un climat de violence.

Pour mieux comprendre leur système de prévention, il faut prendre le cas d’Aaron Driver. Il s’agit du jeune ontarien qui a partagé une vidéo contenant des propos islamiques radicaux des membres du groupe DAECH. Cela a tôt fait d’alarmer un membre du SCRS qui le rencontre quelque temps après dans un petit café de Winnipeg pour en savoir davantage à son sujet. Dès lors, il est dans la mire des services de police et du SCRS, car Aaron affirme ouvertement être un membre de DAECH.

L’histoire du jeune Ontarien est particulière, car il était connu des autorités policières lors de sa tentative d’attentat, alors que la plupart sont de parfaits inconnus pour ce genre de crime. Non seulement il parlait ouvertement de sa radicalisation, mais l’élément majeur provenait d’échanges sur les réseaux sociaux qui auraient immédiatement alerté le SCRS. Pas besoin d’en savoir plus pour qu’il soit, dès lors, surveillé par les autorités.

Le SCRS va même jusqu’à frapper à la porte et informer son père de certains messages sur la plateforme sociale Twitter. On y trouvait par exemple des recommandations que certaines personnes soient tuées. Le 4 juin 2015, il est enfin arrêté, mais la GRC n’a pas assez de preuves pour l’incriminer, même s’il s’affiche comme un membre de DAECH. Rien ne prouve, selon la police fédérale, qu’il a l’intention de commettre un crime.

Pour mieux comprendre son cas, la GRC fait appel à un chercheur universitaire en radicalisation violente, Amarnath Amarasingam. Ce dernier prend le temps de l’analyser et même de communiquer avec lui afin d’évaluer son degré de dangerosité. Même si le suspect voulait vivre dans un pays sous le règne de la charia, il a confirmé qu’il ne voulait pas faire d’acte terroriste, car cela n’était pas dans sa nature. Toutefois, il a également confirmé qu’il croyait pleinement que les attaques du DAECH étaient justifiées.

À ce moment la GRC connaissait également ses interactions sur les réseaux sociaux avec des membres du groupe DAECH et d’autres influenceurs radicaux ayant commis des attentats. Toutefois, à la lueur de cette menace, le tribunal lui demande de s’engager à garder la paix et de porter un bracelet de sécurité muni d’un GPS. Par contre, le chercheur qui évaluait sa situation en conclura qu’il ne représentait aucun danger, car le jeune avait une vision nuancée de la violence. Le tribunal est alors convaincu et permit à Driver d’enlever son bracelet de sécurité. Par contre, la GRC ne lui autorise pas de se procurer un passeport, comme les autres canadiens qui ont déjà été suspecté d’actes terroristes.

Driver dut se soumettre à 11 conditions, dont celle de ne pas aller sur les médias sociaux et celle de se rapporter à la police à toutes les deux semaines. Comme il a respecté ses conditions et semblait mener une petite vie tranquille, les autorités l’ont enlevé des suspects en priorité, car ils avaient d’autres enquêtes à mener. En fait, c’est James Malizia, commissaire adjoint de la GRC, qui établit qui est une priorité ou non.  Il ne faut pas oublier qu’il faut plus de 40 agents pour surveiller totalement une personne, alors le retrait des priorités d’un individu ne représentant pas un danger immédiat est justifié.

C’est seulement lorsque Driver mit en ligne un vidéo annonçant son attaque que le FBI, qui l’a tout de suite vu (les détails restent flous), a envoyé l’information à la GRC – qui s’employa à en identifier la vedette cagoulée. Quelques minutes plus tard, la GRC l’encerclait autour de son taxi. Un policier l’a finalement abattu quelques instants plus tard, sous la menace qu’il fasse exploser ses deux bombes artisanales.

Aujourd’hui, la condition de garder la paix a été révisée par le gouvernement. Les services de police voulaient être capables d’aller facilement voir si les conditions des suspects sont respectées, car de toute évidence, dans la situation de Aaron, il a presque réussi à déjouer les autorités. La GRC veut surveiller de plus près ceux qui s’engagent à garder la paix dans les dossiers reliés au terrorisme, car elle veut pouvoir intervenir plus rapidement.

Actuellement, la GRC suit à la trace les personnes qui partent pour la Syrie et ceux qui reviennent. Selon la directrice adjointe du SCRS, les individus qui reviennent des zones de guerre sont une grande priorité parce que le SCRS doit évaluer s’ils reviennent pour une mission ou un attentat au Canada. À leur retour, la GRC les passe en entrevue. La police fédérale a un centre d’opération top secret. Ce centre a été créé en 2014 à la suite des attentats au Parlement d’Ottawa. Depuis, l’immigration, les douanes, le SCRS, la GRC et les partenaires à l’étranger partagent leurs informations. Souvent, les informations reçues proviennent de famille qui disent que leur fils prépare un voyage en Syrie, par exemple pour rejoindre DAECH. Après cela, ils peuvent tout de suite avoir leur trace pour déterminer le suspect est rendu dans quel pays.

Depuis, la GRC veut gagner la confiance de la population en sensibilisant les gens, surtout les immigrants. Il veulent leur montrer qu’il ne s’agit pas d’un pays totalitaire où la police est corrompue. Un climat de confiance dans la tradition britannique.