Augmentation du budget: des changements s’annoncent à la Sûreté du Québec

À l’arrivée de leur directeur Martin Prud’homme (2014), la Sûreté du Québec avait comme mission administrative de gérer des coupures budgétaires. La SQ passe maintenant à un nouvel objectif, celui d’investir. L’investissement comporte une étape d’embauche de 180 policiers supplémentaires ainsi qu’un investissement de 9 millions de dollars en armes et en véhicules pour mieux répondre aux besoins des agents de la paix sur le terrain.

Cet objectif représente un très grand changement, car l’organisation policière avait amputé son budget de 30 millions l’année dernière. Cet investissement se déroulera durant les deux à trois prochaines années, selon le directeur de la police provinciale: «Je ne veux pas entendre qu’on manque d’effectifs à la patrouille, à la gendarmerie et dans les enquêtes. Je veux qu’on soit capable de répondre à nos obligations. Et je veux aider nos policières et policiers à faire ce travail, qui n’est pas facile».

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Martin Prud’homme, Directeur de la Sûreté du Québec

Pour ce qui est des investissements en armes, Prud’homme parle de pistolets à impulsion électrique (taser) et de carabines semi-automatiques. Pour le taser, la SQ va mettre à la disposition de ses membres 250 Taser et compte former un millier de policiers (répartis sur 120 postes) pour les utiliser. Toujours selon
Prud’homme,  «c’est un incontournable. Pour avoir été responsable de 300 enquêtes indépendantes (menées à la suite d’interventions policières où il y a eu des blessés ou des morts) en carrière, je sais que cette arme intermédiaire est efficace et peut sauver des vies». Le pistolet en question était dans un projet pilote depuis quelques mois et les effets ont été positifs, car le directeur a l’intention de les utiliser davantage. Depuis tout récemment, le Service de police de la ville de Lévis (SPVL) a mis à la disposition de ses agents le pistolet à impulsion électrique.

Pour ce qui est des carabines semi-automatiques, il s’agit d’acquérir des forces armées canadiennes 150 carabines semi-automatiques de type Colt C8. L’objectif étant de mieux outiller les policiers dans des situations de prises d’otage ou d’hommes armés et barricadés. Il y a déjà une cinquantaine de corps policiers au Canada qui utilisent ces armes. Selon Prud’homme, «pour moi, c’est essentiel. Par exemple, dans les cas où on doit intervenir auprès de personnes barricadées et en crise, la courte portée de nos armes de service augmente le risque de confrontation de façon inutile et souvent fatale. L’objectif est de leur sauver la vie, pas de la leur enlever. C’est un outil adéquat pour nos intervenants de première ligne.»

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Carabine semi-automatique Colt C8

La Sûreté de Québec permettra aussi aux policiers de régions de bénéficier de 315 véhicules (VUS) à traction intégrale. «On veut que nos policiers soient bien outillés. Ça commence par un véhicule adapté au climat de nos régions», ajoute Prud’homme. L’estimation de ce type de véhicule est de 4000$ par véhicule de plus que le Ford Torus et le Dodge Charger normalement utilisé. Cependant, les frais de réparation et d’entretien seront réduits considérablement.

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Le directeur compte aussi ramener et améliorer les conditions des «spécialistes de la route» sur les autoroutes de la Métropole et des environs. Voici les commentaires à ce sujet de M. Prud’homme : «On va fermer des silos et ouvrir des frontières pour avoir une meilleure capacité de réponse et mieux supporter nos postes». En plus de tous les bénéfices déjà mentionnés, La SQ compte faire l’acquisition de deux chiens MIRA, sous la supervision de la Direction des enquêtes criminelles. Le directeur de la SQ mentionne qu’ils auront comme utilité d’apporter du soutien : «Essentiellement, on s’en servira pour apporter un peu de réconfort aux enfants dans des dossiers d’agression sexuelle. Ça se fait ailleurs et ça fonctionne très bien».

Un nouveau visage pour la Sûreté du Québec est d’ailleurs annoncé dès le printemps 2017. En effet, un nouvel uniforme sera porté par tous les policiers travaillant pour la police provinciale.

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Uniforme de la SQ à compter du printemps 2017

Il est à noter que le budget annuel de la police provinciale sera de 923 millions de dollars.

Tout porte à croire que l’objectif de la Sûreté du Québec sera d’être le mieux outillée, que ce soit en personnel ou en équipement sur le terrain, pour combler la demande de la population québécoise qui est de plus en plus à la hausse et  critique envers les forces de l’ordre. La marge d’erreur qui diminue avec l’évolution de la société doit en être grandement pour quelque chose.

Il ne faut pas oublier que malgré la grande évolution du système policier à travers le temps, la police québécoise est beaucoup influencée par le modèle de police britannique (policing by consent), c’est-à-dire qu’elle fait son travail grâce au consentement de la société. Par le fait même, la SQ doit travailler et déployer ses efforts de manière compatible avec les attentes du public. À la fois, ces changements sont annoncés au moment ou règne un climat d’insécurité pour la population. L’incertitude liée au phénomène Trump, les attentats terroristes, les guerres de religions, la fusillade dans la mosquée de Québec, celle de l’aéroport de Fort Lauderdale, etc. Serait-il possible que ces investissements pour la police soient une décision davantage politique visant à rassurer et calmer la population en montrant que la police est en mesure de les protéger?