Royaume Uni: surveillance maximale?
Les services de renseignement et de police du Royaume-Uni disposent à l’heure actuelle de nouveaux pouvoirs pour exercer leurs différentes fonctions. Tout comme la loi C-51, adoptée il y a de cela 1 an et demi au Canada, ceci soulève une certaine crainte. À l’ère des communications numériques, le gouvernement britannique se devait de faire un rafraîchissement de sa loi sur la surveillance et le renseignement. Cependant, il n’y est pas allé de main morte: Selon Edward Snowden, ex-agent du service de renseignement des États-Unis, «le Royaume-Uni vient de légaliser la surveillance la plus extrême de l’histoire des démocraties occidentales. Elle va plus loin que certaines autocraties».
Cette nouvelle loi, nommée «investigatory Powers Act», étend largement les pouvoirs de surveillance de la police et des services de renseignement. En fait cette loi ne fait que légaliser des techniques et outils qu’ils utilisaient auparavant. L’un de ceux-ci est l’utilisation de l’historique de navigation des usagers d’Internet à travers des fournisseurs d’accès à l’Internet et des opérateurs pour une période de 12 mois. Bien entendu, la conservation de ces données de navigation ne concerne que les métadonnées. Cependant, il sera peut-être possible à l’avenir que les services de renseignement et de police aient accès à des données déchiffrées par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et opérateurs, ce qui est du jamais vu en terme de loi sur la surveillance et le renseignement. Selon les nouvelles politiques, les FAI seraient dans l’obligation de déchiffrer les communications de leur client. Comme il a été mentionné plus haut, les services bénéficiant de ces nouveaux pouvoirs auront la possibilité de pirater des systèmes informatiques et le réseau sur lesquels ceux-ci se retrouvent. De plus, cette autorisation de piratage et d’espionnage ne se limite pas qu’au territoire britannique, il sera possible d’intercepter des données de personnes à l’étranger.
Les principaux bénéficiaires de ces changements sont assurément les services de renseignement du Royaume-Uni. Ainsi, les 3 services de renseignement et de sécurité, connus sous le nom de MI5 (Security Service), MI6 (Secret Intelligence Service) et GCHQ (Government Communications Headquarters) pourront pirater et espionner des systèmes informatiques moyennant la demande d’un mandat. Chacun d’eux joue un rôle précis. Le MI5 s’occupe de sécurité intérieure. Le MI6 s’occupe de la sécurité extérieure à l’aide d’une combinaison d’agents sur le terrain, de technologie et des informations partagées avec les autres services de renseignements étrangers comme le SCRS et la CIA. Enfin, le GCHQ est responsable des communications d’origine électromagnétique et de leur sécurité ainsi que du système d’information du gouvernement et de l’armée – équivalent du Centre de sécurité des télécommunications (CST) au Canada.
Étant à peu près semblables au Canada, ces derniers sont surveillés par l’Investigatory Powers Commission (IPC), équivalent du CSARS au Canada. Cette commission va essentiellement réguler l’utilisation de ces nouveaux pouvoirs par la surveillance du travail effectué par les agences de renseignement afin qu’il soit conforme à la loi. Ce nouveau groupe est composé d’une agrégation de 3 commissions et restera indépendant du gouvernement, comme ce fut le cas dans le passé.
À l’ère de la lutte contre le terrorisme, la plupart des grandes puissances autour du globe renforcent leur loi sur la surveillance de masse. Encore une fois, la vie privée est mise de côté pour l’utilité proclamée de ces informations personnelles dans la lutte au terrorisme. La normalité qu’a prise la surveillance de masse est alarmante et elle mène à créer des outils pour la répression comme l’a soulevé Paul Strasburger.
Nous devons nous inquiéter de la possibilité d’un Donald Trump britannique. Si nous finissons avec quelqu’un comme ça, et ce n’est pas impossible, nous avons créé des outils pour la répression.
Pour le bien de la sécurité nationale, est-ce un risque à prendre?
Totalement d’accord avec vous.