Police corrompue affecte la guerre contre la drogue – Philippines

1239125-cette-photo-montrant-jennilyn-olayresEn République des Philippines, le gouvernement semble recourir à des méthodes qui vont à l’encontre des valeurs fondamentales. Élu au printemps, l’avocat populiste Rodrigo Duterte  a annoncé qu’il allait utiliser les démarches nécessaires pour «nettoyer» la police en raison de l’assassinat d’un homme sud-coréen qui avait été enlevé par la police nationale des Philippines (PNP). Le président affirme qu’il y a environ 40% des policiers qui ont une liaison directe avec les activités illégales.

De la corruption pure et de l’extorsion: le sénateur Lacson affirme que des images de vidéosurveillance affichent des policiers pointant leurs armes sur des innocents avant de mettre de la drogue dans leurs tiroirs. Les policiers de la brigade des stupéfiants auraient rapporté 180 000 $ avec cette fausse descente.

Est-il exagéré de dire que la PNP viole les droits fondamentaux des victimes? Amnesty International répond à cette question en dénonçant les gestes meurtrières et accuse le gouvernement de violer les droits de l’homme. L’ONG constate une série de scandales impliquant le corps de police dans des affaires de meurtre, d’enlèvement, d’extorsion ou de rançon. Tarana Hassan, la directrice du programme Réaction aux crises à Amnesty International, dit très clairement:

Sous le régime du président Rodrigo Duterte, la police nationale viole les lois qu’elle est censé faire respecter, tout en tirant profit du meurtre de personnes appauvries que le gouvernement est censé aider.

M. Duterte s’oppose à ses accusations et affirme se débarrasser des policiers malhonnêtes et de les remplacer par l’armée. Or, les sanctions pénales qu’il autorise à la police ou à l’armée, à l’égard des «suspects» sont très sévères et touchent évidemment le droit à la vie. Il promet plus de morts et mobilisera l’armée!

La corruption est caractérisée par une dégradation de la vie sociale et par les inefficacités des pratiques des administrations publiques/privées. Le contrôle social de la police est tout à fait déficient. Le gouvernement philippin ne dispose pas des capacités nécessaires pour faire régner l’ordre. En effet, on s’aperçoit que les membres de la PNP commettent pratiquement toutes les formes de déviance policière:

  • La corruption «classique»: accepter quelque chose dans le but d’obtenir de l’argent, un cadeau ou une rançon.
  • La mauvaise conduite: enfreint les directives internes
  • La criminalité policière: commettent des infractions graves au droit pénal – le recours excessif à la force, trafic de drogue, vol, agression et violation des droits fondamentaux de l’homme.

Dans les pays occidentaux, les pratiques déviantes sont sévèrement punies, mais pas dans le cas de la PNP. Bien sûr, le système du gouvernement philippin est différent en raison du contexte social. La présence d’une police déviante s’explique par un ensemble de variables (la culture, les structures et l’identité de la police au sein même du pays). Certains sont guidés par des choix: la police analyse le coût/bénéfice et d’autres guidés par un code de fonctionnement informel. Lorsque les policiers s’aperçoivent que d’autres policiers commettent des actes criminels graves, le policier influencé peut considérer son comportement déviant pour ainsi dire normal. Et, cette normalité influence le comportement du prochain.

Comment s’assurer que la police ne se penche pas vers la corruption mais plutôt vers le respect du code pénal? Afin d’éviter la corruption, les policiers devraient être mieux payés, mieux encadrés et plus disciplinés. En fait, il est difficile d’assurer la crédibilité de la police en Philippine en raison de l’absurdité de M. Duterte. Le président encourage la violence et laisse entendre dans son discours que la corruption peut être acceptée pour arrondir leur fin de mois: «Faites des trafics si vous voulez». La complaisance de M. Duterte à l’égard de la police suscite la colère chez les défenseurs des droits de l’homme. Les mesures draconiennes en disent: afin d’assurer que la police adopte un comportement non déviant, il faudrait commencer au sommet du leadership, utiliser des méthodes productives, assurer la discipline à l’intérieur des rangs, engager les meilleures enquêteurs et sensibiliser les recrues durant leur formation.