Le Service de police de Toronto se modernise
En janvier 2017 le Service de police de Toronto (SPT), à lancé un nouveau plan d’action axé sur l’amélioration de ses liens avec sa communauté. Un comité de travail, rédacteur de ce document, avait pour objectif de trouver des solutions afin de moderniser les services de protection offerts aux habitants de cette ville. Actuellement, la culture institutionnelle utilisée par ce corps policier est de style paramilitaire et le programme proposé préconise plutôt la « police de proximité ».
Dans les dernières années, le manque d’empathie et de coopération des policiers lors de l’exécution de leurs interventions a créé une division entre eux et les Torontois, spécialement ceux issus d’une minorité ou marginalisés. Plus récemment, soit dans la semaine précédant la publication du nouveau plan d’action, une autre opération policière a été critiquée suite à la publication d’une vidéo filmée par un témoin. Ce jour- là, le SPT a participé à l’arrestation d’un homme noir et les agents ont dû faire usage de la force. Dans le but de maîtriser l’individu, les agents l‘ont tenu allongé sur le sol et ont eu recours à des gestes de violence tels que des coups de pied et une décharge de Taser. Pour justifier le comportement de ses employés, le directeur des communications du SPT a précisé que la vidéo captée ne montrerait pas le contexte dans sa totalité. Cependant, bien que les policiers affirment que le suspect luttait contre son arrestation, un témoin indique qu’il ne semblait pas faire preuve de résistance. Conséquemment, ces moyens pouvant être considérés excessifs ont créé une onde de choc et de confusion dans la communauté.
Par ailleurs, cette distinction importante n’est pas la seule cause des controverses entourant le comportement de la police torontoise, l’attitude des agents est d’autant plus sujette à discussion. Lors du même évènement, on peut entendre sur la vidéo un policier demander au témoin filmant la scène de s’éloigner sans quoi le suspect lui transmettrait le sida en lui crachant à la figure.
Évidemment, cette intervention litigieuse s’est ajoutée aux autres afin de confirmer la désuétude de l’approche en place et d’intensifier les tensions déjà existantes. Ces images ont suscité les réactions de plusieurs citoyens, dont la communauté LGBTQ, qui s’est d’ailleurs présentée sur les lieux de la rencontre de la Commission des services policiers de Toronto (CSPT) organisé pour le dépôt d’un nouveau plan d’action. À cette occasion, elle a protesté contre le profilage racial et sexuel des policiers. Bref, les évènements polémiques mettant en scène les opérations menées par le SPT, tels que celui-ci, ont effrité graduellement la qualité des relations avec le public.
Dans ce contexte tumultueux, la CSPT et le SPT ont décidé de mettre sur pied un comité de travail afin de moderniser la culture institutionnelle du corps policier qui n’était plus adaptée à la réalité d’aujourd’hui. Ceci a donné lieu à la plus importante vérification du service de cette police municipale à partir de février 2016. Leurs travaux ont finalement abouti à la proposition d’un plan d’action intitulé Action Plan : The Way Forward. Ce rapport propose 32 recommandations dont l’objectif principal est de transformer la structure actuelle pour se diriger vers une organisation basée sur la confiance et le soutien de la communauté. Dans une lettre au début du document, le coprésident, Andy Pringle, mentionne que le rapport propose des modifications majeures visant à rendre le SPT plus conforme aux besoins actuels et futurs de la ville. En plus d’avoir travaillé sur l’organisation des services offerts en première ligne, le comité a également repensé l’état critique des tâches de bureau effectuées par les policiers et du support administratif.
Plus concrètement, le comité de travail a mis l’emphase sur la communication avec la population tout au long de la création du plan d’action, et ce, même jusqu’à la composition du groupe. En effet, le comité présidé par le chef du SPT, monsieur Mark Saunders, et du directeur de la CSPT, Andy Pringle, est formé de six agents de police et six citoyens. De plus, en automne dernier, des consultations publiques ont été faites « afin de permettre à la communauté de s’exprimer sur ses besoins en matière de services policiers. » Pour ce qui est de l’application du plan, le groupe est résolu à ce que la police offre des services en partenariat avec leur communauté afin que Toronto reste la ville la meilleure ville et la plus sécuritaire où rester. Pour respecter cette mission, il a fixé plusieurs principes tels que celui de mettre l’accent sur l’écoute des préoccupations du public ainsi que celui d’encourager la contribution des citoyens et la transparence dans la prise de décision. Dans le même élan de proximité avec la communauté, le plan d’action prévoit également d’améliorer la transparence, d’augmenter la confiance du public et d’adopter un comportement plus emphatique de la part des policiers.
En ce qui concerne l’objectif de renforcement de la relation avec les citoyens, le comité croit que la source du problème est la distance entre l’agent et l’individu de la communauté. Il propose donc une modification dans les tâches associées à chaque échelon de la profession. Alors, pour façonner des agents plus attentifs et coopératifs avec le public, il propose que les nouveaux employés soient déployés sur le terrain pour un an et ensuite dans les postes de quartier pendant quelques années. On suppose qu’une telle expérience de proximité avec les résidents pourrait améliorer la compréhension émotionnelle des agents à l’égard de la population ce qui influencerait directement leur comportement lors d’une intervention.
En un mot, le plan d’action proposé par le groupe de travail pour la modernisation des services de police recommande l’améliorer plusieurs aspects du SPT, mais le point central de cette réforme est le rapprochement avec la communauté. Avec ce plan d’action, les coprésidents disent souhaiter améliorer l’intelligence et empathie des policiers lors de leur intervention auprès du public et de servir davantage les intérêts de la communauté dans son ensemble. Par conséquent, on peut espérer que des services policiers plus adaptés et flexibles seront bientôt offerts à la large communauté pluriculturelle de Toronto. Ce changement majeur bonifierait possiblement, par la même occasion, l’efficacité de cette police municipale.