Une vidéo mettant en vedette un policier devient virale

Une vidéo présentant un policier de la Sûreté du Québec en plein match de hockey avec deux enfants dans la rue est récemment devenue virale sur le Web. En effet, le jeune policier achevait son quart de travail lorsqu’il a aperçu les deux jeunes garçons qui disputaient une partie devant leur maison. Il a ainsi décidé de s’arrêter et a demandé à participer, au grand bonheur des petits.

Ce geste est un exemple concret de l’application du concept de police de proximité. Effectivement, un des volets de ce concept implique que  les policiers sortent  de leur auto-patrouille pour créer des liens avec les habitants et ainsi avoir leur confiance et renforcer le sentiment de sécurité. Il faut se rappeler que la communauté est le meilleur contrôle de la criminalité qui soit, encore mieux que la police. La notion de police de proximité, ou police communautaire, a pour but un « véritable partenariat entre la police et la communauté pour résoudre la criminalité, mais aussi, de façon plus générale, pour répondre aux problèmes complexes du contrôle social ».

Sans surprise, il existe différents moyens d’appliquer un contrôle social, que ce soit de façon formelle ou informelle. Cette conception de police qui travaille en équipe avec la communauté en est une démonstration. En effet, en se joignant à ces jeunes qui pratiquent un sport, le policier envoie un fort message de renforcement positif. Il encourage la présence de ces jeunes dans la rue, il lance le message que c’est une bonne chose d’occuper les endroits publics de la ville pour ce genre d’activité. Avec l’approbation policière, il y a de fortes chances que ce type de comportement se répète. Cela en vient donc, à long terme, à présenter une image positive de la ville. Comme l’explique la théorie de la vitre brisée, un quartier à l’apparence belle et propre et dans lequel ses habitants s’impliquent est moins susceptible de présenter un taux élevé de criminalité. Effectivement, un secteur ayant un air délabré et abandonné attire plus facilement une clientèle éligible aux comportements criminels. Compte tenu du fait que le Québec applique depuis quelques années le concept de police communautaire, il est évident que le geste du policier a été salué par ses collègues et gestionnaires.

La diffusion à grande échelle de ce comportement est toutefois un couteau à double tranchant. Tout d’abord, il est évident que le but ultime des médias est de vendre l’information et les émotions qu’elle véhicule. Mettre l’accent sur le fait que le policier a interrompu son travail pour jouer avec des enfants permet de toucher la corde sensible du public. En aurait-il été de même si le policier avait rejoint des hommes de son âge dans une partie de golf? Pourtant, cela correspond également à l’application du concept de police de proximité, théoriquement. Il faut être près de tous les citoyens sans exception et non seulement des jeunes. Cela amène à se questionner sur la relation qu’entretiennent les médias avec les différents corps policiers. Il ne faut pas oublier que plus souvent qu’autrement, les journalistes sont engagés pour leur capacité à tirer une nouvelle d’une histoire souvent toute simple et sans intérêt particulier.

Les médias semblent plus souvent parler des activités policières pour dénoncer un agissement ou un supposé manquement à leur déontologie que pour souligner leurs bons coups. Pourquoi? Parce que ça suscite  beaucoup plus d’émotions dans la communauté. On pourrait en venir à croire que les policiers et les médias n’entretiennent pas de cordiales relations.

Toutefois, lorsqu’on s’y penche de plus près, on comprend plutôt qu’il s’agit d’une relation co-dépendante. D’un côté, les médias savent que ce qui vend le plus, c’est le crime. Maintenir un sentiment de crainte dans la communauté est payant. Or, les mieux placés pour leurs fournir de tels renseignements sont bien évidemment les policiers. Ceux-ci ont également  besoin des différents médias pour faire passer des messages mais également parfois pour les aider lors d’enquêtes. Les policiers s’assurent toutefois de toujours contrôler le message qui est diffusé. Ce ne fut pas toujours le cas. Auparavant, les journalistes et agents entretenaient d’excellents rapports, partageant même informations et cafés. Ce temps est révolu. Selon Daniel Renaud, journaliste aux affaires criminelles à La Presse, les informations provenant de source interne sont plus difficiles à obtenir depuis l’affaire Ian Davidson, cas qui a amené de vives tensions entre le SPVM et les représentants des médias. Rappelons que l’agent Davidson s’est donné la mort après avoir tenté de vendre une liste d’informateurs secrets à la mafia et que l’enquête interne concernant cette histoire ait fuitée dans les journaux. Des porte-paroles sont maintenant dénichés au sein du service policier et ceux-ci se chargent de livrer un message formel et lisse et qui ne laisse place à aucun sous-entendu.

Malgré les nouvelles mesures prisent par les corps policiers, avec la technologie présente de nos jours il est difficile de garder secrètes certaines informations. Il n’a jamais été aussi simple et rapide de prendre une vidéo à l’insu des agents et de la partager. Bienvenue dans l’ère du Web 2.0. Il ne reste qu’à espérer que ces avancées technologiques servent à rapprocher les citoyens des agents de la paix et qu’elles entretiennent positivement le concept de police de communauté.