La GRC veut utiliser les caméras de la ville de Surrey dans le cadre d’une enquête

La ville de Surrey, en Colombie-Britannique, a été le théâtre de 31 fusillades depuis le 1er janvier 2016. Ceci, dans un contexte où des gangs de rue liées à la drogue ont décidé de régler leurs conflits en utilisant des armes à feu. Pour lutter contre cette situation la GRC, qui y assure les service de police municipaux, a décidé d’adopter une nouvelle stratégie qui consiste à consulter les caméras de circulation de la ville. Elle propose donc d’utiliser ce réseau qui compte 330 caméras et 75 en attente d’installation.  La police affirme qu’elle ne surveillera pas en continu mais que les enregistrements pourraient être consultés par la GRC dans le cadre d’enquêtes criminelles spéciales, directement à partir des bureaux du service de police. Cette nouvelle mesure a été justifiée par le fait que le service de police ne souhaite pas qu’il y ait des victimes et que c’est dû à la chance que personne n’ait été encore blessé par une balle perdue.

Parmi les technologies de police, la plus populaire est sans doute la vidéosurveillance. Or il existe deux types de vidéosurveillance. Le premier type est la surveillance ouverte: on s’assure que les caméras soient bien visibles, visant la dissuasion. Le deuxième type est la surveillance cachée. Les caméras de surveillance sont alors à l’abri des regards et ne jouent pas ici un rôle de dissuasion, mais un rôle de production de preuves. Dans ce cas-ci, les policiers utilisent de la vidéosurveillance ouverte, en effet, les caméras de trafics sont parfaitement visibles et leur position est connue généralement par la population – seulement pour le moment le public croit toujours qu’il s’agit de caméras de circulation, donc nous nous trouvons quelque part à mi-chemin entre visibilité et invisibilité. Comme toujours reste la question, est-ce que les informations ainsi recueillies par la police mettent en péril la vie privée des citoyens? Il y aurait une possibilité que cela mène à une surveillance de masse et de longue durée par la police.

Un autre aspect pertinent est la façon dont la nouvelle a été gérée. Il est possible de constater que la nouvelle a été exclusivement tournée vers la vidéosurveillance. La police a alors utilisé beaucoup d’arguments pour rassurer la population et prouver le bien-fondé de cette prise de mesure. Elle a donc utilisé des arguments tels que la volonté d’arrêter le plus vite possible les auteurs des fusillades ou bien que cette mesure allait permettre d’éviter que des personnes innocentes soient blessées. En ce qui a trait à la sécurité de la vie privée, la GRC tente de rassurer la population en affirmant qu’elle ne pense pas que le commissaire à la vie privée serait contre une telle idée.  On voit donc, ici, les avantages à ce que la police communique certaines informations avec les médias, de manière proactive et en contrôlant le message. De plus, ces informations ne donnent pas de détails spécifiques de la manière dont ils vont mener l’opération. Ils ne spécifient pas quand ils regarderont les images ou quels coins de rue seront observés. Cela leur permet donc d’avertir la population que la police prend effectivement des mesures efficaces tout en gardant le secret sur leurs techniques d’enquête. La GRC n’a d’ailleurs pas non plus voulu développer sur le nombre d’effectifs ou les autres ressources utilisées pour combattre les crimes liés à la drogue.

Finalement, il peut être approprié de se poser une dernière question. Le fait que la police ait annoncé publiquement sa volonté d’utiliser des caméras de circulation pourrait-il finir par créer trop d’attentes chez la population? Cela pourrait donc retourner la situation contre eux si jamais dans le court et long terme, il n’y a pas plus de résultats ou si les fusillades augmentent en intensité. Le public pourrait donc avoir une opinion négative face à la police, à la suite d’un échec et donc être moins coopératif avec celle-ci dans le futur.