Un pacte de suicide entre 13 jeunes déjoué par des policiers

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Dans la communauté crie du nord de l’Ontario, les policiers font face à une vague de suicides et de tentatives de suicide. Le 11 avril 2016 la police et les intervenants en santé mentale et du service de santé ont empêché un pacte de suicide de se réaliser. 13 jeunes de la réserve, dont un enfant de 9 ans, ont été interrompus dans leur discussion sur la planification de leur suicide. Les autorités policières ont immédiatement transporté ces jeunes vers un hôpital pour subir une évaluation psychologique de leur état en vertu de la loi P-38. Cependant, l’hôpital avait déjà plusieurs jeunes en admission et ne pouvait recevoir que la moitié de ses jeunes transportés par la police. Les autres jeunes ont été placés en détention au service de police car il est la seule place sécuritaire disponible pour les surveiller. Durant cette opération, les policiers avoisinants de la communauté ont été appelés en renfort pour faire face à cette urgence.

Depuis le début avril Attawapiskat, avec une population de 2000 habitants, est déclaré en état d’urgence. Cette disposition permet de recevoir des ressources nécessaires par Santé Canada pour faire face à cette crise. Au mois de mars, il y a eu 28 tentatives de suicide. Les autorités cette localité font part de leur déception car ils ne bénéficient ni de spécialiste en santé mentale pour les jeunes ni de responsable en loisirs. De plus, comme bien des réserves autochtones, d’autres facteurs viennent aggraver la situation, dont le manque de logement (certains logements ont une surpopulation de 14 ou 15 personnes), les séquelles causées par les pensionnats amérindiens et la prévalence de la toxicomanie.

La loi P-38, issue du Code Civil, attribue un pouvoir aux agents de la paix dans les cas où une personne en détresse psychologique est un danger pour elle-même ou pour les autres, sans avoir à obtenir une autorisation judiciaire préalable. Elle est donc considérée comme une loi d’exception car elle contrevient à la Charte des droits et libertés. Le recours à cette loi est très rare lorsqu’il s’agit d’adolescents. Habituellement, on se base surtout sur la Loi sur la protection de la jeunesse. Dans cette loi, on retrouve la responsabilité d’amener ou de transporter, dans certains cas, une personne dans un établissement de santé.

De juridiction provinciale, les Inuits de Kuujjuaq font face au même problème. Selon le capitaine Charles Toufault, de la police régionale Kativik, qui travaille dans ce village nordique depuis 9 ans, à chaque jour la police reçoit un appel de demande d’assistance relié à des menaces de suicides ou encore une personne qui a fait une tentative de suicide. Ceci, pour un village de 2400 personnes. Une initiative a été posée par le service de police pour contrer le problème de suicide, qui a fait la distribution de verrous à gâchette pour les armes à feu. C’est une forme prévention visant à limiter l’accès aux armes aux personnes en crise. Cette initiative ne permet de résoudre le problème à la source mais est une solution temporaire que la police a imaginée. On le voit bien, le travail des policiers est en grande partie du travail social et de l’intervention en cas de crise, souvent à un endroit miné par les problèmes sociaux.

Les policiers doivent savoir intervenir de manière à ne pas troubler la personne en crise et à veiller à sa sécurité et à celle des intervenants. Il arrive toutefois, que certains policiers fraîchement sortis de l’école de police peuvent mal répondre, par manque d’expérience. Certains policiers affirment que travailler dans une réserve équivaut à 10 ans d’expérience. Un cours est désormais offert aux nouveaux policiers qui arrivent dans certaines communautés amérindiennes afin de mieux les préparer.

Les suicides et les tentatives de suicide sont une triste réalité sociale qui perdure depuis des dizaines d’années dans les communautés autochtones. La réponse par le judiciaire est visiblement inadéquate, surtout qu’elle vise une population qui a un concept différent de la justice et qui a été victime du colonialisme et des politiques d’assimilation. Le vrai crime, pour un autochtone, est simplement là.