La téléréalité policière : «SQ»
De nos jours, les séries policières se comptent par centaines. Fiction et réalité s’entrecoupent dans ces séries. Au Québec, une émission se démarque, car il s’agit d’une téléréalité policière, enregistrée comme si le téléspectateur était sur le terrain dans l’action et que lui aussi vivait l’intervention. La nouvelle émission SQ montre des policiers qui sont suivis dans leur travail auprès des citoyens. Cette série permet aux téléspectateurs de se sentir comme dans la peau d’un policier et de voir réellement ce qui se passe sur le terrain. Les gens raffolent de ces téléréalités criminelles. Ils adorent voir les dessous du métier de patrouilleur et voir concrètement les interventions de ceux-ci. Toutefois il faut faire la part des choses entre ce que les médias présentent et la réalité. Ils ont tendance à vouloir montrer que les interventions sont sensationnelles en manipulant la perception de l’auditoire.
Il y a une certaine confusion entre l’information véhiculée et le divertissement que les médias veulent apporter à la nouvelle. Il est possible d’apercevoir ce genre de contradiction dans la série SQ, où il y a un montage de plusieurs scènes captivantes les unes après les autres. Les médias font un découpage de la réalité qui n’est pas représentatif de l’intervention policière. Le but n’est pas d’informer les gens sur ce qui se passe vraiment, mais plutôt de les divertir. Il faut rendre la téléréalité la plus sensationnelle possible pour garder les auditeurs accrochés et ainsi augmenter les cotes d’écoute. Les médias vendent du divertissement, car plus l’émission est captivante plus ils feront de l’argent. Le montage est fait pour mettre de l’avant ce qui suscite l’intérêt chez l’auditoire. Il y a alors une manipulation de la réalité. Le public voue une fascination pour le métier de patrouilleur et le crime est une bonne source de fibre émotive ce qui permet une certaine fidélité de l’auditoire. Si ce n’est pas intéressant, les gens vont changer de poste et ne plus l’écouter. C’est pourquoi les médias sont toujours en quête d’émotions fortes et touchantes pour continuer à nourrir la bête que sont les téléspectateurs.
Dans les téléséries policières, il y a aussi une fausse représentation de la criminalité. Les médias ont un impact sur la perception du citoyen face au crime. Ils nous montrent une certaine vision de la criminalité qui n’est pas du tout la réalité du quotidien d’un policier. Les médias accordent plus d’importance aux crimes sensationnels ou extrêmes, et ceux qui ont un impact émotif sur les gens. Ils vont mettre l’emphase sur les actes criminels violents ou ceux qui sont insolites.
Dans la série SQ, il faut constater que plusieurs infractions sont montrées, mais ce sont généralement les mêmes, mais mettant en scène des citoyens différents. Les plus courants sont des crimes de violence conjugale, les cas de détresse psychologique et quelques infractions aux code de la route. Les médias ont un certain intérêt pour certains types de crimes, il y a alors une déformation de la réalité. Pourquoi ces crimes-là plus que les autres? Parce qu’ils nous choquent et en même temps qu’ils suscitent l’intérêt. Ils sont mis de l’avant, car les gens aiment voir la fragilité humaine et les individus au plus bas dans leur vie. Cependant, cela donne au public une idée fausse de la fréquence de ces actes criminels. Dans la téléréalité policière, ces crimes sont surreprésentés et cela donne l’impression aux gens que les policiers ne font que gérer ce type d’interventions ce qui est totalement faux. Ils donnent une importance plus grande aux crimes violents, alors que dans les faits ils ne sont pas très nombreux.
De plus, les médias ne font pas que contrôler notre perception du crime ils contrôlent aussi la façon dont les gens perçoivent le métier de policier. Dans la téléréalité SQ, la seule tâche policière que l’émission relate est celle où les policiers interviennent et qu’ils sont dans l’action ce qui est plus captivant pour le téléspectateur, mais qui n’est pas représentatif du métier de policier en générale. Ils font de la fausse représentation en ne montrant que les moments où les policiers interviennent dans des situations stressantes 4. Toutefois, dans les faits la réalité est tout autre, le métier de policier est beaucoup plus monotone. Les patrouilleurs font énormément de prévention auprès des citoyens plutôt que de l’intervention.
Bref, les médias manipulent une certaine partie de l’information pour la rendre plus divertissante, donc plus payante pour eux. La télésérie SQ en est un bel exemple, bien qu’elle soit captivante, elle ne représente pas réellement le travail de policier et ses interventions quotidiennes.