Un policier critique ouvertement la Direction du crime organisé

Il est très rare qu’un policier soit arrêté pour gangstérisme. Il est encore plus rare lorsque ce même policier critique très vigoureusement une des divisons principales du Service de police de Montréal, la Division du crime organisé (DCO). Cette massive attaque eue lieu lors de son interrogatoire. L’accusé, André Thibodeau, à plusieurs reprises a voulu savoir si les policiers avaient supprimé tous ses rapports contenant des informations confidentielles sur des informateurs proches des organisations criminelles. Les informations contenues dans ces rapports sont contrôlées uniquement par deux policiers, ce qui les rend extrêmement convoitées. Puisque ces informations ont une valeur incroyable aux yeux des policiers, car elles proviennent directement des organisations criminelles, les policiers cherchent à en avoir toujours plus et parfois peuvent même créer des sources dans le but de démontrer une certaine efficacité. C’est ce que André Thibodeau a soutenu lors de son interrogatoire : «À la DCO, il y en a la moitié, qui ont des sources fictives, pis les numéros… ils prenaient les infos de mes sources pis ils se faisaient payer!» Le fait de créer des sources pour pouvoir prouver un lien entre des criminels et des crimes souligne une différence majeure dans le domaine de l’enquête qui est entre la savoir et le pouvoir prouver. En effet, dans la plupart des cas d’enquête, les policiers savent qui est le criminel, mais ils n’ont pas les preuves nécessaires pour l’accuser. Ainsi, les policiers peuvent se laisser tenter par la «vision en tunnel» qui peut faire en sorte que les policiers omettent ou dérogent de leur procédure habituelle.

Par ailleurs, on se demande comment les policiers gèrent l’arrestation d’un des leurs. Habituellement dans la culture policière, la suspicion vient de l’extérieur et à l’intérieur les policiers se soutiennent. Comment rester neutre alors que l’accusé est un des leurs? Dans ce cas particulier, l’accusé a lui-même fait en sorte que les policiers ne le soutiennent pas, car il a grandement critiqué le travail de ceux-ci et a remis en question les fondements de la procédure d’enquête du Service de police de Montréal. À partir de ce moment, les policiers ne pouvaient l’appuyer, car cela aurait été une sorte d’endossement de ces propos. Malgré cela, on peut se demander s’il ne serait pas mieux pour les policiers accusés de ne pas voir leur cas traité par le même service de police qui les a employés. Pourquoi ne pas faire comme dans les cas où des policiers d’un service de police sont impliqués dans un incident et qu’un autre service s’occupe de l’enquête? Enfin, cette situation secoue les policiers, car elle remet en question leur façon de faire et divulgue aux citoyens des informations, qui normalement, seraient restées confidentielles.