Temps difficile pour les policiers au Lac-Simon
Une intervention policière a connu une fin tragique le 6 avril 2016 vers 19h30 sur la réserve algonquine de Lac-Simon. Selon Radio-Canada, les policiers seraient intervenus le 5 avril 2016 au domicile de Sandy Tarzan Michel pour un appel de violence conjugale mais le suspect avait quitté les lieux. Le lendemain, au retour des policiers, le suspect aurait quitté les lieux avec une arme blanche. Les policiers auraient tenté d’utiliser leur camionnette de patrouille en fonçant sur Michel, mais celui-ci se serait relevé pour ensuite frapper avec son couteau ou machette sur le véhicule de police. C’est peu de temps après que plusieurs coups de feu auraient été tirés sur Michel. Ce dernier est décédé à l’hôpital suite aux blessures par balle. L’enquête indépendante qui a été ouverte permettra d’éclaircir les événements. Cependant on peut noter que l’urgence de se présenter sur les lieux 24h plus tard n’est plus justifiable sauf si les policiers reçoivent un second appel 9-1-1 ou s’ils obtiennent un document autorisant leur présence par un juge.
Ce décès a créé des tensions entre la communauté autochtone et les policiers. Quelques individus auraient encerclé les policiers, ce qui mobilisa le reste des policiers du Lac-Simon, en plus d’un contingent de la Sûreté du Québec. Dans un enregistrement fait par un résident de la communauté, on peut voir l’arrivée de trois véhicules de patrouille de la Sûreté du Québec, sous les insultes et la colère des résidents. Il y aurait eu également trois arrestations sur le coup pour des menaces et des voies de faits.
Suite au décès du policier Leroux le 14 février 2016, les policiers de la Sûreté du Québec avaient pris le relais jusqu’au 29 mars. C’est donc un dur retour à la réalité pour les policiers de la communauté autochtone. Et maintenant, en raison du récent événement, c’est la SQ qui assurera à nouveau la patrouille à Lac-Simon. Ce n’est pas la solution idéale, vue la saga très médiatisée concernant des allégations de sévices à caractère sexuel contre des femmes autochtones commis par des policiers de la SQ à Val d’Or.
De plus, en 2009, un événement similaire s’était produit avec le frère de la victime. Celui-ci, âgé de 19 ans à l’époque, avait foncé avec une machette et avait frappé dans la lunette arrière d’un véhicule patrouille. Un patrouilleur était alors sorti et avait fait feu envers le jeune, qui est décédé de ses blessures par la suite.
Bref, le climat est tendu entre la population et ses polices. Pour le moment c’est le SPVM a été chargé de l’enquête indépendante sur cet événement précis.
Bien que la situation semble particulière à Lac-Simon, une chercheuse de l’École nationale de police du Québec tente de trouver une piste de solution pour l’ensemble du territoire québécois. Madame Annie Gendron a fait une étude à l’École nationale de police de Québec sur les enquêtes indépendantes. La recherche démontre que les policiers doivent intervenir de plus en plus auprès de personnes en crise. Gendron a étudié 143 dossiers d’enquêtes indépendantes où il a eu coup de feu par un policier, événements similaires à celui de Lac-Simon. Il en ressort que plus de la moitié des coups de feu manquent leur objectif; que ces coups sont généralement tirés par des policiers patrouilleurs; qu’une arme blanche était impliquée dans 41% des interventions étudiées. Enfin, que la majorité de ces coups de feu surviennent à une distance de moins de 4 mètres. Je vous invite à visionner le reportage de Bruno Savard de Radio-Canada avec le Cst Vincent Gagné du Service de la police de Québec, sur la notion du «21 pieds» (7m). Bref, à l’intérieur de 21 pieds, un individu avec une arme blanche a généralement le temps de blesser un policier avant qu’il utilise son arme à feu.
Une des pistes de solution amenée par M. Bruno Poulin, expert-conseil en emploi de la force à l’École nationale de police, est l’arme à impulsion électronique (AIE) communément nommé «Taser». L’AIE serait déployé par 160 policiers sur les 14 000 dans la province de Québec. La Sûreté du Québec, avait un projet pilote de déploiement de l’AIE à Shawinigan, lequel a été retardé. À Montréal, plus de 300 policiers de première ligne (sur 2000) sont formés pour l’utilisation de l’AIE. À Gatineau, les autorités ont choisi de former 20 agents-utilisateurs. À ce sujet, je vous encourage à voir le reportage de Radio-Canada avec le policier Vincent Gagné qui parle de l’encadrement d’utilisation de l’appareil au SPVQ.
L’AIE peut s’utiliser selon 3 modes de fonctionnement. Le premier est un mode de démonstration où le policier est en mesure de montrer l’arc électrique à l’individu devant lui ainsi que de montrer un point laser sur le corps du sujet. Le second est en mode contact où le policier doit toucher le sujet directement avec le pistolet. Enfin, le troisième est un mode projection pouvant aller à une distance d’environ 21 pieds. Bien que son utilisation puisse causer la mort sous certaines conditions, l’objectif est de minimiser les blessures du sujet dans les interventions avec danger important. Elle me semble donc une avenue prometteuse dans le travail des policiers.