Simulations à balles réelles à Nicolet
Avant 2015, s’entraîner à tir réel était impossible au Québec jusqu’à l‘inauguration d’un nouveau plateau de formation à l’école de police de Nicolet. Il est désormais possible pour les policiers d’augmenter leurs habiletés en tir à cet endroit. Depuis peu, en plus de ce nouvel espace de formation, certains policiers peuvent vivre des simulations qui impliquent de vraies balles à l’intérieur même de l’école. Jusqu’à tout récemment, les groupes tactiques d’intervention provenant des plus grands corps de police du Québec, dont la Sureté du Québec, était obligés de se rendre en Ontario, sur une base militaire, pour se pratiquer dans de telles situations. Bien que cette pratique puisse sembler dangereuse, l’utilisation de balles réelles fut justifiée par Luc Blouin, un conseiller en intervention tactique et en tir :
Les policiers quand ils viennent s’entraîner, utilisent de vraies balles parce que ça monte le niveau de stress un peu plus haut. C’est plus près de la réalité. Sur un vrai site, le roulement va être pris et ils seront en mesure de prendre de bonnes décision
Puisque cet exercice comporte un risque de blessures, il est important de préciser que ce ne sont pas les nouveaux arrivants à l’école de Nicolet qui ont accès à ces activités, mais bien des personnes déjà entraînées. Ils portent également des vestes pare-balles ainsi que des casques lourds. Ces simulations mettent en scène des policiers d’élite qui donnent l’assaut contre des preneurs d’otages. Ils doivent donc, tout en se déplaçant, faire feu sur différentes cibles.
Il est possible de justifier ce genre de formation en tenant compte du fait que nous vivons dans une société dite « du risque » et que dans la société actuelle, l’un des risques que craignent le plus les citoyens est le terrorisme. Si nous prenons exemple sur les attentats survenus, entre autres, à Paris et à Bruxelles, il est logique que les policiers visant la prévention de ce crime, ou du moins la réduction de ses effets, s’attardent de plus en plus à améliorer leurs techniques d’intervention. Ces événements ont été médiatisés de façon à ce que la peur du crime augmente chez les téléspectateurs.
Puisque les médias sont l’un des meilleurs agents de socialisation (selon Denis, les institutions ou les individus qui transmettent des éléments culturels propres à une collectivité), les propos qu’ils tiennent influencent grandement les perceptions, puis les réactions de leurs auditeurs. Ainsi, en diffusant cette nouvelle sur l’ENPQ , les médias participent aussi à la diffusion du message voulant que la «menace» soit grave, et que l’utilisation des armes est nécessaire. Ils relaient ainsi également une tendance vers la militarisation de la police, où cette dernière adopte appareils, armes et tactiques typiques des forces armées.