Démantèlement d’un réseau de drogue international

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Le 30 mars dernier, la Sûreté du Québec (SQ) a procédé à l’arrestation de la tête dirigeante d’un réseau criminel organisé associé aux bandes de motards criminalisées et au crime organisé autochtone dans le cadre de l’opération Mygale. Cette opération a mené à l’arrestation, entre août 2014 et mars 2016, de près d’une soixantaine individus à travers le Québec. Plusieurs chefs d’accusation pèsent contre les suspects dont infractions au profit d’une organisation criminelle, complot de fraude et fraude envers le gouvernement québécois et canadien.

Selon des statistiques de la sûreté du Québec, d’importantes saisies ont été réalisées dont un peu plus de 52 800 kg de tabac représentant une fraude de près de 13,5 M$. On remarque aussi 1,5 M$ en argent comptant canadien, provenant des transactions illégales et 3 M$ en argent comptant américain. Du côté de la drogue, 836 kg de cocaïne ont été saisis, ainsi que 21 kg de méthamphétamine, 100 g de Fentanyl et 35 lb de cannabis. Selon le capitaine de l’opération et chef du service des enquêtes sur la criminalité contre l’État de la Sûreté du Québec, Frédérick Gaudreau, «c’est la plus importante opération jamais réalisée à ce jour, en Amérique, en matière de contrebande de tabac, mais aussi en matière de criminalité transfrontalière entre le Canada et les États-Unis».

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Le réseau canado-américain, contrôlé par Sylvain Ethier, importait des tonnes de tabac par camions en provenance des États-Unis. Les cargaisons traversaient les frontières aux postes de Lacolle, Lansdowne et Fort-Érié dans le seul but d’être revendues dans les réserves autochtones de Kahnawake au Québec et des six nations en Ontario.

Les profits réalisés par la contrebande de tabac étaient réinvestis dans la distribution et la revente les différentes substances. C’est de cette façon que les policiers ont aperçu des anomalies dans la circulation de l’argent.

Dans le cadre d’une opération de même nature (opération Cancun), l’ancien pilote de Nascar et le subordonné de Sylvain Ethier, Derek White, était sous surveillance depuis 2006. Cette première stratégie a notamment permis aux policiers de découvrir certains renseignements. C’est la coopération transnationale et la communication de renseignement qui a permis aux policiers de découvrir des routes de drogue transfrontalière. Les autres moyens employés par la police pour recueillir de l’information ont été d’infiltrer l’organisation avec des agents doubles et d’intercepter la communication des acteurs principaux.

L’opération mygale est une enquête proactive puisqu’elle a mis en application des activités servant à inciter les suspects à se rendre (agent double, surveillance). Ce moyen de pression est couramment utilisé dans le cadre d’opération s’apparentant au trafic de stupéfiants.

L’ancien pilote de course était un des suspects des autorités fédérale et provinciale. Selon les informations de la SQ, White et deux de ses confrères se seraient rendus volontairement à la police.

L’opération mygale, c’est le résultat du travail de plus de 700 policiers de la SQ, GRC, police provinciale de l’Ontario, Immigration and customs (ICE) des et Drug enforcement administration des États-Unis, SPVM, SPVL et de nombreuses autres municipalités de la Montérégie, de Lanaudière et des Laurentides.

Les polices provinciales (la SQ) et la police de l’Ontario sont les seuls services de police à avoir l’autorisation de mener une opération d’une telle ampleur. Pour le Québec il s’agit du seul service de police qui, selon la loi, se situe au «niveau 6» de service, qui permet à la section d’enquête la coordination d’enquêtes portant sur le crime organisé d’envergure internationale. La présence de la GRC dans cette équipe s’explique par la portée géographique des activités suspectées du crime organisé. En effet, la police fédérale doit intervenir dans des crimes interprovinciaux et internationaux. Puisque l’opération mygale dépasse largement le mandat des corps de police provinciale québécois et ontarien, la GRC dut contribuer à cette enquête criminelle.