VIA Rail accroît la présence policière dans certaines gares

4366641431_b3fa4672b3_z Le 16 mars dernier, la compagnie VIA Rail a reçu des menaces à la bombe ciblant certaines de ses gares soit la gare centrale de Montréal, celle de St-Lambert, celle de Dorval et celle de Toronto. Le porte-parole de Via Rail semble dire que les menaces étaient accompagnée d’une demande de rançon en Bitcoins. Bien que cette analyse ne portera pas sur cette monnaie virtuelle, rappelons quand même qu’elle est souvent utilisée dans le cadre d’activités illégales, que ce soit de la vente de drogue ou des activités terroristes. De plus, il est presque impossible de retracer les transactions en «Bitcoins» rendant les acheteurs anonymes.

Il est important de comprendre le contexte de sécurité mondial actuel dans lequel nous nous trouvons. Depuis quelques années, on a pu constater une augmentation considérable de l’importance attribuée aux attentats terroristes dans le monde. On note même que des organismes gouvernementaux comme le SCRS ou la GRC concentrent une immense partie de leurs effectifs dans la lutte contre le terrorisme. Que ce soit à Paris ou à Bruxelles, ces attentats ont créé une sorte d’engouement dans les médias qui ont pris d’assaut ces événements tragiques.

Prenons, par exemple, l’attentat de novembre dernier à Paris. Les médias ainsi que les réseaux sociaux ont envahi nos écrans pendant plus de deux semaines afin d’informer le plus rapidement possible la population des nouveaux développement de l’enquête.  À travers tout ce lot d’informations, un autre attentat faisait rage à quelque part dans le monde créant, par le fait même, un sentiment de peur grandissant. Nous n’avons qu’à penser à l’explosion d’un autobus à Tunis ou à une prise d’otages par l’EI. Donc, nous sommes à même de constater que les attentats sont nombreux et semblent être présents dans plusieurs pays. Même si tout cela semble bien loin de nous on nous donne l’impression que notre tour est proche.

Pourtant, de nombreuses chaires de recherches montrent qu’il n’existe pas vraiment d’augmentation des attentats en Amérique, du moins, pas plus que durant les années 80. Ces mêmes recherches prétendent que le Canada est loin d’être à risque, puisque les attentats sont souvent concentrés dans  certains pays en guerre. Pourtant, les sentiments de peur et d’insécurité sont de plus en plus présents au sein de la population canadienne. Cette contradiction crée un impact important quant à la prise de décision tenant compte de la sécurité dans certains compagnies comme Via Rail.

C’est donc en tenant compte du contexte actuel dans lequel nous vivons que nous sommes en mesure de mieux comprendre les décisions prises par la compagnie ferroviaire d’augmenter la sécurité dans ses gares. En effet, même si la menace était «non corroborée» aux yeux de la compagnie Via Rail, il n’en demeure pas moins qu’elle a affirmé avoir augmenté le nombre de policiers dans un but préventif.

Le premier fondement de cette décision repose principalement sur le fait que nous vivons dans une «société du risque», où l’on appréhende la réalité de façon actuarielle. Prenons, par exemple, le cas des assurances automobiles. Pour une même tranche d’âge, soit de 16 à 24 ans, les hommes doivent payer le double du montant de celui des femmes pour assurer leur voiture. De nombreuses statistiques estiment, en effet, que les jeunes hommes sont beaucoup plus à risque de faire un accident que les femmes. De la même manière, les lieux publics seraient plus à risque puisque tous les attentats, sans exception, se sont produits dans des endroits publics, impliquant souvent des transports en commun. Ainsi, Via Rail viserait la sécurité de ses clients en augmentant le nombre de gardes et de policiers dans des gares, qui sont plus à risque. Pourtant, dans les faits, on constate que cette décision serait beaucoup plus symbolique que rationnelle; car pour conclure à un risque plus élevé on a simplement procédé à une déduction par syllogisme (espaces publics=risque, donc gare=risque), et non à un effort actuariel réel, puisqu’il se situe toujours, mathématiquement, trop près de zéro pour qu’une différence soit mesurable.

Cela dit il est possible que les gestionnaires de Via soient tout à fait au courant du microscopisme du risque réel; en effet, à la suite de cette annonce, un article est apparu sur le web montrant des photos prises la journée même, soit le 16 mars, où on ne voyait aucune augmentation accrue de policiers ou de chiens renifleurs. On peut donc se demander si Via Rail a affirmé augmenter le nombre de policiers dans ses gares dans l’unique but de calmer le sentiment d’insécurité de ses clients.

Il est préférable, pour une compagnie comme Via Rail, de savoir que sa clientèle sente que les lieux qu’elle fréquente sont sécuritaires. Il importe également pour cette compagnie de s’assurer que tous les citoyens se sentent en sécurité et moins préoccupés par une menace éventuelle d’attentats. Même si les statistiques révèlent que les attentats au Canada ne sont pas en augmentation, il n’en demeure pas moins qu’il faut, même si ce n’est que dans l’optique d’apaiser l’insécurité des gens, d’agir de manière préventive afin de donner une impression de sécurité.