Merouane Ghalmi voulait grossir les rangs d’un groupe islamiste en Syrie

Merouane Ghalmi s’est rendu aux frontières de la Syrie, d’où il a été renvoyé rapidement au Canada par les autorités turques. La police dit que cet individu radicalisé allait se joindre à un groupe djihadiste et retrouver un ami, Sami Elabi, un combattant djihadiste québécois. En mars 2015, il est devenu le premier Québécois à être contraint à de sévères conditions en vertu de l’article 810,01 du Code criminel, par inquiétude qu’il commette un acte terroriste. La GRC suit maintenant ses déplacements, quoique l’homme ne fasse l’objet d’aucune accusation criminelle.

Selon une dénonciation déposée en cour par l’Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN) de la GRC en mai 2015, Ghalmi est passé à deux doigts de rejoindre les rangs d’un groupe terroriste. C’est le père de Merouane Ghalmi qui a incité les autorités à empêcher le jeune homme à traverser en Syrie alors qu’il avait quitté le Québec sans aviser sa famille. Lors de ses déplacements, il disait «vouloir visiter un ami blessé au combat».

Le djihadiste Sami Elabi, ami d’enfance de Ghalmi, tentait de recruter des proches et a lui-même admis dans une entrevue accordée au Journal de Montréal en janvier qu’il a invité Ghalmi à «venir donner des cours de combat à mains nues aux rebelles».

La famille de Merouane Ghalmi s’inquiétait, car il avait changé et montrait des signes de radicalisation. Il se renseignait sur les groupes de combattants islamiques, avait cessé de boire et de sortir avec des filles. Même après avoir signé un engagement à garder la paix, il continuait de regarder des vidéos de propagande et collectionnait des articles de journaux sur le terrorisme. Malgré cela, la plainte a été retirée en novembre.

En mai 2015, des policiers de l’Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC se sont aperçus que Merouane Ghalmi manquait à ses engagements et ont pu obtenir un mandat de perquisition de son domicile. Le document raconte le départ de l’homme vers la Turquie et expose sa radicalisation. L’ordonnance de non publication de ce document a été levée en date du 9 mars 2016.

Dans la situation de Merouane Ghalmi, la famille, ayant détecté un changement de comportement chez leur proche, dénonce l’homme aux autorités. Grâce à la vigilance de la famille, l’escouade de la GRC a été en mesure d’agir de façon préventive avec Ghalmi en vérifiant les informations et en confirmant les dénonciations par les indices d’identifications directes, soit les vidéos de propagande et les articles de journaux exposant sa radicalisation. En effet, en grande partie à cause des attentats du 11 septembre 2001, des escouades de plus en plus spécialisées en terrorisme sont présentes au niveau des forces policières. Comme dans le cas de Ghalmi, elles prennent au sérieux la prévention du terrorisme.

Jean-Paul Brodeur et Geneviève Ouellet, dans leur recherche portant sur l’enquête criminelle, expliquent que ce genre d’enquête préventive se déploie dans le domaine de ce que nous avons appelé ailleurs la « haute police » (Brodeur Jean-Paul 2003 Les visages de la police, Montréal, Presses de l’Université de Montréal ch. 7). Ce qu’on appelle la « haute police » est en fait la surveillance de l’activité politique. Le but de cette police est de prévenir et réprimer toutes les formes de désordre qui menacent le fonctionnement du gouvernement, y compris le terrorisme. Dans le cas de Merouane Ghalmi, l’Équipe intégrée de la sécurité nationale de la GRC agit rapidement avant que l’homme commette un acte qui pourrait mettre en péril non seulement la population du pays visé, mais aussi la sécurité et la stabilité de l’activité politique.