Problèmes d’équipement: le GTI du SPVM mis de côté

Lors des mois de novembre et décembre derniers, le groupe tactique d’intervention (GTI) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a été aux prises avec des problèmes d’équipement qui ont grandement affecté ses interventions. En effet, la protection offerte par les gilets pare-balles a été remise en question suite à des tests effectués en novembre 2015. L’équipement jugé non sécuritaire a donc été aussitôt retiré du service et le GTI de la Sûreté du Québec a pris la relève et complété les interventions urgentes. Il est à noter que cette malencontreuse situation s’est déroulée en même temps que le projet Accalmie, celui-ci visant les gangs de rue montréalais. Cette opération débutée lors de l’automne 2015 a mené à 150 perquisitions, 365 arrestations et la saisie de pas moins de 115 armes.

Selon le SPVM, le GTI est responsable des interventions armées et de la protection rapprochée, des explosifs, des volets radiologiques, nucléaires, bactériologiques et chimiques et de la plongée sous-marine. Cette unité réalise quelque 400 interventions par année. Celui-ci est donc un pilier important du corps de police municipale de Montréal.

Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que le corps de police montréalais fait face à des problèmes de vestes pare-balles. Les vestes pare-balles de l’équipe tactique avaient été jugées inadéquates pour la protection contre des projectiles en 2011. La Sûreté du Québec et la Gendarmerie Royale du Canada avaient dû remplacer temporairement le GTI montréalais lors d’interventions ayant un risque de blessures à l’arme à feu. La problématique était connue par le service de police depuis 14 mois selon Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal.

il est selon moi inconcevable qu’une problématique qui aurait pu coûter la vie d’agents de la paix soit ignorée pour une période aussi longue que 14 semaines. Il faut aussi souligner que les interventions jugées non urgentes qui ont été repoussées ont permis à certains criminels de continuer dans leur agir délictuel. Il est mentionné dans l’article que les opérations ont été affectées pour une période de cinq semaines, on ne peut qu’imaginer le nombre de crimes qui ont pu être commis lors de cette période, combien de transactions de stupéfiants ou des voies de fait auraient pu être évités avec une unité GTI adéquatement équipée.

Cette unité est confrontée à un stress opérationnel constant, la confiance et la solidarité entre les membres de cette unité d’élite est donc primordiale pour le bon fonctionnent de leurs opérations. Ceux-ci doivent avoir confiance absolue envers leurs supérieurs qui les envoient vers des situations dangereuses. Ils exécutent des opérations qui ont été planifiées afin de s’assurer de neutraliser la menace tout en préservant leur sécurité.

Face à un tel manque de considération envers les policiers, ceux-ci pourraient facilement devenir cyniques et ne plus croire en la planification de leurs supérieurs, qui ne semblent pas considérer leur intégrité physique. En outre, les policiers du SPVM appliquent déjà des moyens de pression (casquettes rouges, pantalons de combat, jeans, autocollants sur les véhicules de patrouille) pour démontrer leur mécontentement envers la réforme des régimes de retraite.

Les coûts monétaires semblent être à la source du délai d’achat de gilets pare-balles en 2011, ce qui soulève un questionnement quant à l’aptitude du SPVM à avoir et entretenir un groupe tactique d’intervention efficace. En effet, les questions de budgets ne devraient pas, selon moi, affecter les services du GTI dans une ville nécessitant près de 400 interventions par année, soit 1,1 intervention par jour. Le niveau de service offert par un service de police est ajusté en fonction des habitants de la ville. Cependant, certains ajustements devraient être apportés pour s’assurer de la capacité réelle d’offrir des services adéquats et de fournir l’équipement nécessaire afin de s’assurer que ceux-ci soient offerts avec le moins de risques possible pour les agents de la paix. Cela représenterait un lourd défi pour une organisation policière comme le SPVM, qui effectue des coupures de poste pour effectuer des économies.

La Sûreté du Québec offre déjà des services d’interventions tactiques à travers la province, certaines unités sont déjà en poste près de Montréal, à Saint-Hubert. La création d’une unité d’intervention tactique provinciale pourrait, selon moi, être une solution logique afin de s’assurer de la qualité des services offerts. Les unités déjà existantes pourraient être transférées vers la Sûreté du Québec où elles seraient équipées avec du matériel réglementaire. Le GTI serait grandement amélioré par cette centralisation, qui permettrait aux membres de l’unité de bénéficier du savoir et de l’expertise de plus de membres et de techniques différentes propres à la réalité des corps de polices municipales.

Enfin, il est important de constater que de nombreux questionnements semblent être soulevés envers l’équipement des policiers canadiens au cours des dernières années. D’abord, la nécessité d’armes longues dans les véhicules de patrouille pour pouvoir intervenir plus efficacement lors d’interventions auprès de criminels armés, notamment lors de la fusillade de Moncton en juin 2014. Le changement vers une police plus efficace, travaillant avec des outils tels que des caméras corporelles et des gilets pare-balles adéquats est selon moi inévitable. Non seulement les policiers pourront effectuer leur travail plus efficacement, mais avec une plus grande sécurité.