Toujours pas de meurtre à Montréal en 2016
L’année 2016 restera sans doute marquée dans le livre des statistiques concernant les homicides. Effectivement, l’article du journal de Montréal nous fait mention qu’il n’y avait toujours pas eu de meurtre sur l’île de Montréal en date du 15 mars 2016 pour l’année en cours. D’après l’organisation, cette situation particulière, accueillie avec joie par le service de police de la ville de Montréal, ne s’était pas vue depuis les années 1980. À cette même date, dans les années passées, on comptait parfois jusqu’à 8 meurtres.
Il n’y a pas seulement à Montréal que les meurtres semblent être à la baisse. En effet, même au Québec et à travers le Canada, on remarque une baisse historique. En regardant ce tableau de Statistique Canada en référence, on peut remarquer que le taux d’homicide par 100 000 habitants est à son plus bas depuis près de 35 ans avec un taux de 1,56/100 000 habitants.
Statistique Canada souligne également que la gravité des crimes rapportés est aussi à la baisse depuis quelques années. De plus, le taux de crime rapporté à la police est aussi en chute. Ces chiffres et statistiques peuvent nous laisser entrevoir une bonne perspective d’avenir quant à notre sécurité et quant à la lutte contre la criminalité.
Selon les criminologues Marc Ouimet et Maurice Cusson cités dans l’article, cette baisse serait due en partie par des progrès technologiques et le vieillissement de la population. Également, l’évolution des techniques d’enquête jouerait aussi un rôle en démotivant la population à faire des crimes puisque le risque de se faire prendre est plus grand.
Le service de police de la ville de Montréal, quant à lui, est convaincu que les efforts pour contrer le crime organisé et tout ce qui s’y rapporte ainsi que la tolérance zéro en matière de violence conjugale expliquent en grande partie ce chiffre surprenant. Rappelons que depuis janvier 2013, d’importantes opérations policières, nommées Magot et Mastiff, avaient eu lieu et celles-ci se sont soldées par plusieurs arrestations en novembre 2015. Effectivement, plusieurs têtes dirigeantes ou gens d’influence du crime organisé tels que la mafia, les Hells Angels et les gangs de rue se sont fait arrêter tôt dans la matinée du 19 novembre. Responsables de plusieurs meurtres sur l’île de Montréal, ces groupes du crime organisé se retrouvent donc affaiblis depuis novembre dernier.
En 2012, un article du journal de la presse expliquait que les gangs de rue étaient responsables de la moitié des meurtres depuis le début de l’année. De plus, l’article démontre que les meurtres en contexte familial étaient aussi importants, et ce avec près du tiers des meurtres commis depuis le début de l’année. Ces chiffres de l’année 2012 nous démontrent bien que l’effort contre le crime organisé incluant les gangs de rues et la violence en matière conjugale étaient bien justifiés ces dernières années.
Comme je l’ai mentionné plus haut, l’avancement des techniques d’enquête et des technologies pourraient être une explication de cette ère. Peut-être que les criminels ont laissé les actes violents de côté pour faire place à d’autres crimes et ainsi régler leurs comptes d’une autre façon. Ils en arrivent sensiblement au même but, mais avec moins de risques de se faire prendre. Je pense ici aux fraudes et aux crimes commis via les plateformes Internet, crimes qui semblent être en vogue depuis le début de ce siècle. De nos jours, il semble être facile de prendre le contrôle d’une vie grâce à Internet. En contrepartie, il n’y a pas qu’aux forces de l’ordre que les technologies peuvent être bénéfiques. Les criminels peuvent aussi bien s’en servir pour laisser moins de preuves lors d’un meurtre, par exemple. Ce pourrait être un facteur qui explique ce début d’année.
Par contre, comme le disent les criminologues de l’article, Montréal sans la manifestation de meurtres ne durera pas. Il faut rester réalistes, puisqu’il y aura bel et bien d’autres meurtres au cours de l’année 2016 dans la métropole. Une ville comptant un peu plus de 1,5 millions de citoyens amène certainement son lot de crimes, incluant les meurtres. Même si des frappes policières ont réussi à coincer certains membres du crime organisé, cela ne les empêche pas de continuer leurs activités et de réorganiser leur bande. Nous n’avons qu’à penser aux Hell’s Angels, qui sont en train de se créer un autre chapitre à Trois-rivières. Rappelons que ceux-ci se sont fait démanteler par la police lors de l’opération SHARQC en 2008 et que plusieurs étaient certains que pour eux, tout était terminé dans cette ville.
Évidemment, ce qui devait arriver arriva. Le 25 Mars dernier, un chauffeur de taxi de Montréal succomba à des blessures par balle suite à une agression survenue dans la nuit du 24 mars dernier. Cette histoire est le premier meurtre de l’année 2016 à Montréal. Malheureusement, Il n’a pas fallu bien des journées pour qu’un autre meurtre survienne, et cette fois-ci dans un supermarché.
Donc, cette nouvelle est-elle vraiment significative d’une baisse importante et historique des meurtres à Montréal pour 2016? Pour l’instant, je ne crois pas. Elle pourrait même avoir un effet pervers en donnant un faux sentiment de sécurité aux citoyens. Comme je l’ai dit plus haut, la tendance semble être à la baisse depuis quelques années, mais à un faible rythme. Évidemment, le fait qu’il n’y ait aucun meurtre en trois mois parait très bien et cela nous donne de bonnes perspectives pour l’année en cours. Par contre, la roue peut tourner d’un moment à l’autre. On peut aussi bien commencer l’année avec aucun meurtre en 6 mois et finir celle-ci avec des chiffres historiquement hauts. Effectivement, rien n’empêche qu’une énorme guerre de territoire débute entre les gangs de rue, faisant ainsi plusieurs meurtres en peu de temps. Rien n’empêche le crime organisé de faire quelques homicides pour prendre le contrôle d’un marché ou pour régler leurs comptes. La ville de Montréal est aux prises avec plusieurs problématiques qui peuvent influencer ces chiffres à tout moment. C’est pourquoi il faudrait remarquer cette tendance importante sur des années et non sur des mois pour noter une baisse importante en statistique.
En somme, les efforts déployés par toutes les instances gouvernementales et municipales semblent porter fruits. Nous semblons se diriger vers la bonne voie et mettre les efforts au bon endroit. De son côté, le SPVM s’est donné comme priorité les problématiques liées au crime organisé et à la violence conjugale. Comme on peut le voir dans son rapport annuel, celui-ci s’est dotée d’unités spécialisées pour intervenir dans le cadre de ses problématiques. De plus, ils ont mis plus d’effort sur la prévention dans le but d’éduquer et d’informer les citoyens face à ces problématiques.