Plainte collective d’adolescents contre des policiers parisiens pour violence

Certains adolescents  garçons et filles âgés de 14 à 18 ans qui vivent dans un quartier populaire du 12e arrondissement de Paris disent avoir été victimes de violence, d’agression sexuelle, de brûlures au gaz lacrymogène, d’insultes racistes et de fouilles de sécurité qui se terminaient par «un doigt dans les fesses». Ces accusations en rafale dont la police devra affronter dans cette affaire la place dans une position très inconfortable et vient ajouter un dommage supplémentaire à son image déjà ternie dans la ville de Paris. Un porte-parole de la mairie confirme qu’il existait déjà un malaise entre la police et les jeunes de cet arrondissement, selon ce qui avait été rapporté par certains éducateurs au commissariat et à la mairie. Cependant, rien n’avait été entrepris pour essayer d’apaiser ces tensions et on pourrait donc penser qu’il y avait déjà une rupture de lien de confiance entre la police et certains jeunes de ce quartier.

Une enquête préliminaire a été ouverte au parquet et la maire recommande la plus grande fermeté si les charges sont avérées. L’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) qui est comme la «police des polices» a été saisie pour cette affaire. Elle a toujours pour mission le contrôle de l’action du personnel de la police et veille au respect des lois et règlements du code de déontologie.

Autre remarque pertinente dans ce «scandale» policier est le fait que tous les plaignants sont issus de l’immigration. Ceci pourrait amener à croire que la police de cet arrondissement pratique le profilage ethnique. Une des manifestations de cette pratique est l’application de la tolérance zéro envers des groupes visés et dans notre situation présente, les adolescents ont notamment subi des interventions musclées et des contrôles d’identités à répétition. Dans un tel contexte, on peut comprendre pourquoi la vue des policiers fait fuir les jeunes de certains quartiers et ceci peut parfois tourner au drame comme ce qui s’était passé à Clichy-Sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2005.

Cette plainte collective pour agressions et abus de pouvoir à quelques points communs avec celle rapportée par les Autochtones de Val-Or mettant en cause les policiers de la SQ de Québec. L’une des missions importantes de la police est le maintien de l’ordre et ce «ordre» peut être subjectif en fonction de l’interprétation du mandat ou encore du sentiment de sécurité des citoyens dans chaque localité. Le conflit qui s’installe entre une police et la communauté où elle doit fonctionner va certainement à l’encontre du principe voulant que la police a besoin de la collaboration des citoyens pour bien mener sa mission et les citoyens ont besoin de la police pour faire appliquer la loi: que les policiers et les citoyens sont «co-responsables» de la sécurité dans une société, d’où l’importance de garder le lien de confiance entre les deux parties.

Malgré les coûts que ça peut représenter, plusieurs États à travers le monde ont commencé à installer des caméras vidéo dans les auto-patrouilles et sur les policiers dans le but d’avoir plus d’éclairage notamment dans ce genre d’accusation.