Des fugueuses du Centre jeunesse de Laval exploitées sexuellement, le chef de la police de Laval interpelle Québec

Depuis plusieurs mois déjà, il ne se passe pas une semaine sans que les médias d’informations nous parlent du cas d’une jeune fugueuse.  L’adolescente, souvent placée au Centre Jeunesse de Laval, est portée disparue ou elle est retrouvée saine et sauve, même si c’est parfois dans les bas de son proxénète, après de nombreuses recherches par la police avec l’aide du public.

M. Pierre Brochet, chef de la police de Laval, sonne l’alarme à Québec face à cette situation  inquiétante et au Ministère de la Santé et des Services sociaux, qui est responsable de ces, que les portes des Centre Jeunesse soient verrouillées à nouveau comme c’était le cas avant le changement de loi qui date de 2007-2008.  Le changement visait à diminuer au maximum les privations de liberté, comme par exemple la mesure d’encadrement intensive en milieu sécuritaire.  Selon Brochet, cette loi et la façon de faire qui en découlent, «permet aux fugueuses chroniques exploitées sexuellement de retourner dans les bras de leur proxénète à la première occasion».

La situation souligne les limites de la police.  Contrairement au mythe du modèle de la police réformiste/légaliste qui prend racine dans les années 60, qui suppose que celle-ci lutte à la criminalité et poursuit les malfaiteurs, en réalité la police est limitée par le fardeau de la preuve, qui doit être obtenue dans le respect des procédures. Entre autres, en respectant le Code criminel, la Charte canadienne des droits et libertés du citoyen et par le Code de déontologie policière.

Ainsi, si certains individus sont connus ou soupçonnés de traite de personne ou de proxénétisme, la police doit être en mesure de le prouver au tribunal. Pourtant, comme le mentionne l’article ci-dessus, «accuser et faire condamner un proxénète n’est pas chose facile […] Généralement, on retrouve la victime, elle fait une déclaration vidéo à un enquêteur et elle lui raconte tout. Si le pimp n’est pas arrêté dans les heures qui suivent, il va la retrouver et elle ne va plus vouloir témoigner ou elle va tout nier en bloc. Pour aller au tribunal, les policiers vont donc devoir corroborer chaque élément de son témoignage. Cela représente des mois d’enquête », souligne notre source».  Ceci rappelle que l’État à le devoir, lui aussi, de contribuer à la protection et à la sécurité de ses jeunes filles exploitées et manipulées par des gens sans scrupule.  L’État ne peut pas se contenter  d’avoir un rôle passif dans ce contexte.  Il doit  aussi contribuer à «produire» de la sécurité.

Pour surmonter l’obstacle de la procédure la police s’est tournée vers un programme de type communautaire et: «…fonde beaucoup d’espoirs dans le programme Les Survivantes, qui a fait ses preuves à Montréal. Dans le cadre de ce projet, deux agentes communautaires rencontrent les jeunes filles à leur retour d’une fugue. Elles travaillent de concert avec d’anciennes prostituées qui aident les adolescentes exploitées à s’en sortir».  Cette initiative s’inspire de la police communautaire ou de proximité et vise à inciter plus de jeunes filles à porter plainte.