L’influence des médias sur une intervention policière


Les médias jouent un rôle capital dans la société actuelle, mais l’information véhiculée par ceux-ci n’est pas toujours exacte. L’opinion publique est basée sur l’information véhiculée par les médias qui, dans bien des cas, est modelée à des fins sensationnalistes.
De nos jours les faits et gestes des agents de la paix sont scrutés à la loupe, surtout à cause de l’arrivée des nouveaux médias d’information. D’aucuns font valoir qu’il est encore plus difficile pour les policiers d’intervenir, puisqu’ils sont constamment sous la menace d’être jugés sur la place publique.

Un des meilleurs cas d’étude est celui de la policière Stéphanie Trudeau. Pour vous remettre en contexte la situation politique au Québec à cette période est tendue. Les étudiants contestent la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement. La ville de Montréal se trouve en situation de crise. C’est une période difficile pour le service de police de Montréal (SPVM), car plus de 600 manifestations ont lieu durant le printemps érable. Le 20 mai, la loi spéciale 12 est mise en vigueur et de nouvelles restrictions sont imposées aux organisateurs des manifestations. Le soir même, les étudiants font un des plus grands rassemblements depuis le début des revendications. Après plusieurs demandes de la police auprès des manifestants pour qu’ils se dispersent, la situation dégénère. C’est alors que la policière Stéphanie Trudeau asperge des étudiants de poivre de Cayenne. Dès le lendemain, la vidéo a déjà fait le tour des réseaux sociaux, en plus de subir une couverture médiatique surexploitée, son matricule devenant connu partout à travers le Québec. Les médias montrent un enregistrement de 50 secondes d’une manifestation qui a duré 6 heures. L’extrait montre l’agent Trudeau répondant à une interaction verbale par un jet immédiat de poivre, ce qui semble excessif.

Dans son livre autobiographique[1] l’agent Trudeau fait valoir que durant cette émeute, de nombreux policiers furent blessés. Les manifestants lançaient des pierres, des bouteilles, des morceaux de pavés, des excréments, des cocktails Molotov et même de l’acide. Ce soir-là, on comptait 500 policiers pour 5000 manifestants soit un ratio de 1 pour 10. De plus, seulement 150 policiers sur 500 portaient un équipement complet de police antiémeute, les autres n’ayant que des jambières et un casque.[1] Par ailleurs, pour intervenir efficacement il faut être formé en la matière et ce n’était pas le cas de Madame Trudeau et de bien d’autres qui  n’ont suivi qu’une formation en gestion de foule. De plus, dû au manque d’effectif face à une telle crise de société, les policiers furent obligé de cumuler les heures supplémentaires ce qui ete sans aucun doute un impact sur leur jugement lors d’interventions.

Quoi qu’il en soit, dans le cas de cet incident le SPVM et le Directeur des poursuites criminelles et pénales ont blanchi la policière Trudeau des accusations portées contre elle — nouvelle très peu médiatisée, contrairement à l’enregistrement de la manifestation. Le public est friand de scandales, c’est pourquoi les médias essaient tant bien que mal de leur en donner, et parfois en aggravant une situation. Il est facile de regarder un bout de vidéo et de parler de bavure policière, mais il faut faire la part des choses entre ce qu’ils montrent et la réalité.

Le 2 octobre 2012,  sur l’avenue Papineau, la policière interpelle un individu qui consomme de l’alcool sur la voie publique, la situation dégénère et l’individu refuse de s’identifier et d’obtempérer. C’est alors qu’elle et son coéquipier l’arrête. Selon l’agent Trudeau, durant l’arrestation deux individus s’approchent par derrière et tentent de faire perdre l’équilibre aux policiers en tirant sur leur veste pare-balle et en s’interposant entre eux.  Une fois le premier individu menotté, Madame Trudeau se dirige vers les deux autres suspects, qu’elle veut arrêter pour entrave et voies de fait sur un agent de la paix. À l’intérieur de l’appartement, un des suspects résiste à son arrestation et refuse de sortir à l’extérieur. Pour bien le maîtriser, elle doit faire une prise d’encolure au suspect qui ne coopère pas.[1]
Dans cette situation, plusieurs éléments n’ont pas été divulgués par les médias, qui n’ont montré qu’une partie de l’arrestation. On n’a jamais entendu parler dans les journaux ou à la télévision que deux individus avaient agrippé dans le dos les gilets par balle des policiers. Quand un agent de la paix procède à une arrestation et qu’un autre individu l’agrippe par derrière, il est clair que la situation est dangereuse et que le policier doit penser à sa sécurité avant tout. De plus, un agent de la paix qui fait face à un individu qui résiste à son arrestation devra nécessairement utiliser la force. Tout ce qu’on a vu dans la vidéo  c’est le moment où Stéphanie  Trudeau fait sa prise d’encolure qui, soit dit en passant, fait partie des techniques qu’elle a apprises durant sa formation à l’école de police de Nicolet. On constate alors que la policière Trudeau est victime du sensationnalisme recherché par les médias.

Dans la société actuelle, les médias ne recherchent plus la vérité, mais bien ce qui va choquer ou intriguer le public. La concurrence est forte et ils doivent à tous prix être les premiers sur la nouvelle. Dans le cas de madame Trudeau ce qu’ils ont véhiculés sont des parcelles d’événements pris hors contexte. Il faut donc faire attention à l’importance qu’on accorde à ceux-ci, car ils jouent un grand rôle sur  l’opinion publique. Il est clair que la policière Stéphanie Trudeau a fait les frais d’une intervention policière beaucoup trop médiatisée par rapports aux faits réels.

Références

[1] Tétrault, B et Trudeau, S. (2015). Servir et se faire salir : Mon histoire. Québec, Éditions AdA Inc.