Toronto bannit le fichage aléatoire (carding)
Tout d’abord, le fichage aléatoire est une pratique qui est initiée par les policiers. Elle consiste à interpeler des citoyens sans les arrêter afin de recueillir plusieurs données personnelles comme l’âge, le poids ou autres informations afin de «lutter contre le crime».
C’est en janvier 2015, que l’ancien chef de police, Bill Blair, a ordonné un moratoire sur le fichage et son successeur, Mark Saunders, devait corriger cette pratique. Cependant, il ne la pas réformé ou même modifiée celle-ci, car il la défend comme une pratique légale et aussi comme étant bénéfique pour la sécurité de la ville torontoise. Plusieurs désirent que cette procédure reste en place comme Mike McCormack qui est le président de l’Association des policiers de Toronto. Celui-ci admet que la fin du fichage pourrait compromettre la sécurité publique et il la défend comme étant une «stratégie de police proactive».
En juin 2015, le maire de Toronto John Tory était pour cette pratique, mais il a rapidement changé d’avis en affirmant qu’elle devrait être bannie, mais sans avoir totalement «fermé la porte». Cependant, il croit que ce genre de procédure nuit à l’image des policiers au sein de la ville et à la confiance des citoyens à l’égard de ceux-ci. Par la suite, dans le même mois, cette pratique a été maintenue suspendue par le chef de police sous l’ordre du maire John Tory. Cependant, Mark Saunders restait plutôt prudent à l’égard de cette décision, car il croit que cette pratique est nécessaire.
Les Torontois s’opposent à cette pratique du contrôle l’identité au sein de la ville, car ils la voient comme étant discriminatoire à l’égard des jeunes noirs. Selon un sondage qui a été fait par la firme Mainstreet Technologies, il y a 47% des Torontois qui sont contre le «contrôle d’identité» et 42% sont en faveur de cette pratique. De plus, il y a un Torontois sur deux (54%) qui croit que pratique est la raison de la hausse de la criminalité dans leur ville.
Desmond Cole est un jeune noir qui a été interrogé par un journaliste sur cette pratique. Il affirme être victime du fichage aléatoire, qu’il considère comme étant du profilage racial. Il a également félicité le maire John Tory pour son «courage» sur cette annonce qu’il avait fait en juin dernier. Il assure avoir été arrêté au moins 50 fois sans raison «valable» par les policiers de Toronto. Selon les affirmations de celui-ci, il croit que les jeunes noirs sont plus susceptibles de se faire arrêter par les policiers, et les statistiques semblent lui donner raison. Selon «l’enquête d’un quotidien local», les jeunes noirs se retrouvant dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans sont de trois à quatre fois plus susceptibles d’être «fichés» par les membres de la police. Le fichage aléatoire a été dénoncé dans les rues de Toronto par plusieurs groupes de personnes et aussi par des défenseurs des droits civils.
Le 18 juin 2015, le maire John Tory va recommander l’abolition du fichage aléatoire lors de sa réunion avec les membres des services de police de Toronto. Son intention était de revenir à la politique de 2014 tout en la corrigeant et en modifiant quelques pratiques.
La politique de 2014 donnait plus de garanties constitutionnelles aux citoyens. Elle obligeait le policier à être plus redevable de ses actions envers les citoyens qu’il pouvait intercepter sur la voie publique afin de enregistrer leurs informations personnelles, parce qu’il était obligé de remettre un reçu de l’intervention à l’individu. Cependant, cette pratique a été retirée lors de la nouvelle politique de 2015. Les deux politiques sont semblables sur un point: le citoyen doit être volontaire lorsqu’il répond aux questions du policier.
C’est en octobre 2015 que les citoyens de la communauté noire et autochtone ont gagné une «demi-victoire», car le gouvernement a interdit aux policiers de contrôler l’identité des individus de façon aléatoire ou de façon discrétionnaire. Le policier doit informer l’individu lors de l’intervention les raisons pour lesquelles il est intercepté et aussi lui dire qu’il n’est pas obligé de lui fournir des informations personnelles. De plus, Yasir Naqvi, ministre de la Sécurité publique, a émis ces dernières instructions «afin d’éviter toute discrimination». Cependant, il s’agit d’une «demi-victoire» parce que le policier pourra tout de même arrêter un individu lorsqu’il a des doutes sur le comportements de celui-ci ou s’il croit avoir commis un acte illégal. Il affirme tout de même, le ministre de la Sécurité publique, que ces «exceptions sont limitées». De plus, cette province a admis qu’elle tente de former ses policiers sur le contrôle de l’identité.