Fusillade de La Loche: modèle de sécurité communautaire à l’étude
Une nouvelle a fait l’actualité depuis environ une semaine et c’est la fusillade qui est survenue à La Loche, en Saskatchewan, le 22 janvier 2016. Pour résumer les faits, un jeune homme de 17 ans a causé la mort de quatre personnes et en a blessé sept autres à l’aide d’une arme à feu. Celui-ci a depuis été arrêté et est en attente de comparution. Dans l’article du The Globe And Mail , il est révélé que les dirigeants de la ville de La Loche réfléchissaient à l’idée d’implanter une nouvelle méthode de prévention du crime. Cette méthode est déjà utilisée par une autre ville de la Saskatchewan, Prince Albert.
Qu’est-ce que la méthode de Prince Albert? C’est un modèle mis en application en 2010 qui appuyé par le policing, permettrait d’accroître la sécurité de la communauté. Le but est donc d’entre autres réduire le nombre de crimes, de victimisation et de violence. Cette méthode consiste en une rencontre de 90 minutes deux fois par semaine entre divers acteurs sociaux d’une communauté comprenant entre autres des intervenants sociaux, des représentants de la police et même des docteurs. Le but de cette conversation est d’identifier les résidents à risque de la communauté à l’aide de l’expertise des différents professionnels. Lors de cette conversation, on discute des différentes mesures préventives qui pourraient être prises. Pour ce faire, lorsque ces personnes sont identifiées, elles seront informées qu’il existe des services sociaux pour les aider et sont invitées à utiliser ces services. Cette méthode est donc une nouvelle forme de collaboration entre les différentes agences de services sociaux et la police.
Il est alors intéressant de se demander en quoi la police en Saskatchewan avait-elle à gagner à vouloir implanter un nouveau modèle qui en soit nécessite tant de temps et de ressources. Il faut alors se pencher sur le contexte de la Saskatchewan, qui en 2007 avait une criminalité 75 % plus élevée que les autres provinces du Canada. De plus, un consultant en matière de policing en Saskatchewan avait affirmé qu’il faudrait plus que les méthodes de policing actuelles en Saskatchewan pour inverser la haute tendance de crimes. La police en Saskatchewan s’est donc donné comme mandat de trouver une nouvelle méthode et de faire en sorte que celle-ci soit efficace et acceptée par la population. C’est donc ainsi que la méthode de Prince Albert a vu le jour, puisqu’elle permet effectivement de forger de bons partenariats avec différentes agences bien implantées dans la communauté et elle est basée sur la prévention des crimes.
Aujourd’hui plusieurs autres communautés, particulièrement en Saskatchewan et en Ontario, ont suivi l’exemple de Prince Albert. Pourquoi est-elle utilisée ailleurs? Premièrement l’efficacité de la méthode a fait ses preuves: au cours des cinq dernières années dans la ville de Prince Albert le taux de criminalité a chuté suite à la création de cette méthode (même si ce taux a augmenté durant la dernière année). Un autre argument de poids est financier. Puisque le personnel policier et les frais reliés à la justice sont onéreux, il est plus rentable de prévenir le crime. Par ailleurs, ceci libère également les policiers pour la réponse aux urgences. . Il est aussi intéressant de constater qu’une telle méthode permet aussi à la police de découvrir certaines problématiques dont les données sont floues ou manquantes et ainsi prendre les mesures nécessaires pour régler le problème et accumuler plus de savoirs sur le sujet.
Selon la police, le modèle de Prince Albert est un modèle qui est efficace et qui devrait, selon elle, réduire de 30 % à 40 % les appels dirigés vers la police. Une question se pose alors, le modèle de Prince Albert pourrait-il s’appliquer alors dans la majorité des villes du Canada? Dans l’ensemble, la méthode semble efficace sous certaines conditions. En effet, plusieurs petites communautés ne peuvent pas avoir accès à toute l’expertise nécessaire pour pouvoir mener à bien la méthode. De plus, certaines communautés pourraient être dans un contexte particulier empêchant le bon déroulement de la méthode. Comme mentionné dans l’article, dans le cas de La Loche, son contexte de haut taux de criminalité rendait très difficile d’organiser les réunions hebdomadaires dû à la charge de travail déjà lourde pour les policiers sur place. Un autre questionnement possible serait de se demander si cette technique de policing ne pourrait pas être considérée comme abusive ou même devenir abusive. En effet, des informations à propos de la vie privée des gens pourraient être divulguées intentionnellement ou par inadvertance et donc contourner les lois sur la vie privée.
Finalement, la méthode de Prince Albert a beaucoup évolué depuis sa création et elle attire de plus en plus l’attention en dehors de la Saskatchewan. Il sera intéressant, au cours des prochaines années, de voir l’utilisation qu’en feront les autres communautés et l’effet de telle méthode sur la manière de faire du policing.