Inconduite sexuelle dans les Forces Canadiennes
Les Forces armées canadiennes ont récemment mis sur pied un centre d’intervention indépendant et selon un premier rapport d’étape sur l’élimination des comportements sexuelles inappropriés, 8 enquêtes disciplinaires entourant des allégations d’inconduites sexuelles au seins de l’armée ont été déclenchées .
En conférence de presse lundi le 25 janvier 2016, à Ottawa, le chef d’état major des Forces armées canadiennes (FAC), le général Jonathan Vance a mentionné que le nombre de ces enquêtes ira sans aucun doute en augmentant et qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle afin de pointer du doigt ceux qui ont dérogé d’un comportement sexuel adéquat. M. Vance s’est montré sincère face à sa détermination de combattre ce fléau. Il affirme que cela doit passer par un changement positif et permanent au seins de l’armée canadienne.
Ce premier rapport d’étape est publié 9 mois après la parution du rapport choquant qu’avait fait l’ancienne juge de la Cour suprême du Canada, Marie Deschamps. Elle y avait conclue que les cas d’agression sexuelles dans l’armée y atteignaient une fréquence sans précédent. c’est elle qui avait proposé aux FAC d’établir un centre indépendant qui recevrait et traiterait des plaintes, mais aussi qui aurait comme mandat de soutenir et de prévenir les comportements sexuelles délinquants
Sommes nous vraiment surpris d’apprendre que les comportements délinquants sont nombreux dans l’armée canadienne ? Pourquoi avons nous l’impression que l’armée aime mieux cacher la vérité que de réprimander les fautifs ?
La formation obligatoire des futurs militaires en matière de comportements sexuels interdits est selon moi très peu crédible et donne l’impression que les Forces armées canadiennes n’ont pas envie d’enrayer la problématique et, de surcroît, la minimalise. La bonne conduite ainsi que l’image des militaires sur la scène publique est obligatoire, mais qu’en est il des valeurs et des règles de bonnes conduites à l’interne ?
Selon le rapport Deschamps:
«les militaires semblent s’habituer à cette culture de la sexualisation à mesure qu’ils gravissent les échelons ». Les sous-officiers, par exemple, « semblent être généralement désensibilisés » à cette culture, tandis que les officiers « ont tendance à tolérer les cas de comportement sexuel inapproprié, parce qu’ils estiment que les Forces armées canadiennes ne font que refléter la société civile. »
« Plusieurs membres sont convaincus que les sous-officiers supérieurs imposent une culture du silence ayant pour effet de dissuader les victimes de signaler l’inconduite sexuelle qu’elles ont subie. Devant de telles attitudes, les subalternes sont nombreux à avoir l’impression que les membres de la chaîne de commandement excusent les comportements sexuels inappropriés ou qu’ils sont prêts à fermer les yeux sur les incidents qui y sont liés. »
Mme Deschamps note en outre qu’il existe « un déficit de signalement » pour les cas d’inconduites sexuelles dans l’armée. Elle souligne que les victimes craignent des répercussions – entrave à l’avancement, mutation à une nouvelle unité – s’ils signalent de tels cas. Elle note aussi « la crainte profonde que la chaîne de commandement ne prenne pas les plaintes au sérieux ».
malheureusement il n’y a pas que des comportements sexuels inappropriés qui suscitent notre attention dans les FAC; les études démontrent également des taux élevés de violence conjugale, de problèmes de consommation et de conduite en état d’ébriété. C’est donc toute la structure organisationnelle et dirigeante de l’armée que nous devons revoir. L’image est-elle plus importante que la réalité, que la vérité ?
Voici la réponse finale en 4 aspects qu’a fait le général Jonathan Vance en conférence de presse lundi dernier à Ottawa :
1- comprendre la problématique
2- réagir
3- soutenir les victimes
4- prévenir les comportements sexuels inappropriés
Est-ce suffisant ? Je ne crois pas qu’il suffit de revoir les politiques ou bien d’appliquer la fameuse tolérance zéro. Je crois que le problème vient de l’interne et qu’avant de comprendre la problématique des comportements sexuels inadéquats il faudrait revoir la problématique de l’armée canadienne et son système organisationnelle. Si nous avons des polices qui enquêtent sur des polices, pourquoi n’avons nous pas des militaires qui enquêtent sur des militaires.