police vs troubles mentaux

Le 27 décembre 2015, les policiers de la Régie Intermunicipale de police de Roussillon répondent à un appel d’une demande d’assistance 9-1-1, vers 1h00 du matin. À l’arrivée des policiers, le jeune homme de 17 ans a déjà poignardé son père à quelques reprises au thorax. Le jeune homme a par la suite menacé les policiers et ceux-ci ont fait feu en sa direction à au moins une reprise. Le jeune homme a par la suite été transporté rapidement à l’hôpital où son décès fut constaté. On apprendra plus tard qu’il souffrait de schizophrénie.

Ce dernier élément attire particulièrement mon attention. Combien de fois, dans les dernières années, avons-nous entendu que des policiers ont fait feu envers une personne avec des troubles mentaux:

  • Un homme armé d’une scie mécanique a perdu la vie suite à l’intervention des policiers. Tout s’apparente à un suicide à l’aide des policiers.
  • Un homme de 35 ans, suicidaire, fonce sur les policiers avec un couteau.
  • Alain Magloire ,armé d’un marteau, est décédé suite à l’intervention policière en raison de troubles mentaux.
  • Décès de Patrick Limoges, passant, et Mario Hamel qui souffre de problèmes mentaux; tous deux succombent de blessure par balle policière.

Outils pour lutter envers cette nouvelle réalité policière et adaptation des services de police

Jean Mainguy mentionne que les policiers du SPVQ répondent en moyenne à 7 appels par jour reliés à cette réalité. Il mentionne également qu’une formation à l’ensemble des membres du Service a eu lieu en 2015 et que d’autres sont à prévoir. Dans cette formation, on visait principalement les notions de base afin que les policiers soient mieux outillés. Entre autres, les policiers doivent apprendre à utiliser un ton de voix plus bas, à ne pas être trop près de la personne et ne pas la toucher.

À Québec, les policiers ont développé un partenariat avec le Programme d’encadrement clinique et d’hébergement (PECH) afin d’améliorer leurs interventions. Malheureusement, ce service d’aide n’est pas ouvert en tout temps. Pour les besoins de nuit, le centre de crise tente de résoudre la situation du mieux que possible et trop souvent par téléphone.

À Gatineau, le Service de police a embauché un travailleur social disponible en tout temps pour assister les policiers. De plus, une entente de partenariat en le CSSS et le Service de police a été conclu en octobre 2014 afin d’offrir un meilleur service dans les cas de santé mentale. Comme l’orientation de la police communautaire, ce partenariat répond entre autres à la collaboration avec d’autres services afin de mieux répondre aux appels d’urgence de nature de santé mentale.

Au Service de police de la Ville de Montréal, une équipe de soutien en urgence psychosociale (ESUP) a été formée en 2012 pour répondre à des appels en lien avec la santé mentale. En 2014, plus de 2091 appels furent couverts par l’équipe ESUP et les besoins sont grandissants. En juin 2015, l’unité en santé mentale au SPVM fut bonifiée à 6 policiers et 4 intervenants et couvre de 11h00 à 23h30 tous les jours de la semaine.

Bien que certaines interventions auprès de cette clientèle soient menée en vertu du Code criminel, la majorité ne le sont pas. La loi P-38 donne le pouvoir aux policiers de détenir une personne si elle représente un danger immédiat pour elle-même ou pour autrui. Malheureusement, cette loi ne s’applique pas pour tous les intervenants. Selon la docteure Igartua, la minute où la personne ne représente plus ce risque immédiat, elle doit être libérée et parfois sans avoir participé à un traitement. Ce sont ensuite les familles qui doivent assurer le suivi. Le problème est que selon la loi le patient sait s’il doit se faire traiter ou non. Or, dans la réalité, c’est loin d’être le cas et cela crée des limites dans le pouvoir de traiter des médecins.

En bref, en ce qui concerne la santé mentale, il reste encore à parfaire le système d’aide, car cette problématique touche 1 personne sur 5 au Québec. Vu le très grand nombre d’interventions policières et les drames susmentionnés, il est rassurant de voir que plusieurs types d’intervenants y travaillent afin d’apporter la meilleure aide possible.