Profilage racial au sein des corps de police
En décembre 2014 Monsieur Simon Ash-Moccasin, alors qu’il marchait en plein centre ville de Régina, est interpellé par deux policiers qui répondent à un appel signalant un suspect vêtu en noir, ressortissant de la communauté autochtone et tentant de vendre une télévision. Disant ne pas correspondre au profil, Monsieur Simon refuse toute collaboration avec les agents de la paix et est par la suite arrêté et détenu avec force puis conduit au poste de police. Après avoir été relâché, il porte plainte contre le service de police car se dit victime de profilage racial. Or, que ce soit à Régina, à Toronto, ou à Edmonton, une chose est certaine: le profilage racial est bel et bien présent dans les corps de police de notre pays.
D’après le Service de police de la ville de Montréal (SPVM), le profilage racial
désigne toute action prise par une ou des personnes d’autorité à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, pour des raisons de sûreté, de sécurité ou de protection du public, qui repose sur des facteurs telles la race, la couleur, l’origine ethnique ou nationale ou la religion, sans motif réel ou soupçon raisonnable, et qui a pour effet d’exposer la personne à un examen ou à un traitement différentiel.
On constate ainsi, au regard des différents reportages traitant de ce sujet, qu’ici au Canada ce sont principalement les autochtones et les membres de communautés immigrantes qui seraient les plus visés. Nous pouvons citer à cet effet l’intervention policière à Châteauguay qui a dégénéré avec l’aspersion par du poivre de Cayenne du conducteur et de ses deux filles de race noire.
La situation est encore plus préoccupante chez nos voisins du sud, où plusieurs afro-américains ont été tués par des policiers dans des situations où une telle utilisation extrême de la force n’était aucunement nécessaire. On peut citer à cet effet le cas Michael Brown ou plus récemment celui de Walter Scott le 04 avril 2015. Ici chez nous au Québec, on note depuis 2003, la mise sur pied d’une commission chargée d’étudier le problème suite aux problèmes rencontrés par les ressortissants des communautés immigrantes après leur contact avec les services de police par le Ministère de l’immigration et des communautés culturelles (Cf. Le profilage racial: Mise en contexte et définition, Me Michele Turenne). Toujours selon ce même texte, on peut souligner un certain nombre de cas de profilage racial qui ont été entendus devant les juridictions et pour lesquels les plaignants ont obtenu gain de cause. A l’exemple des affaires Johnson au sujet d’un contrôle routier abusif et de Selwyn Pieters relatif à un traitement discriminatoire concernant la fouille de ses bagages sans motif valable par les agents de la douane à son retour au Canada. Aussi, il est à mentionner que profilage racial va souvent de paire avec brutalité policière.
La seule perception que du profilage racial subsiste (ou est endémique) devrait suffire à ce que des efforts de sensibilisation soient entrepris. Il y en va de la relation de confiance qui doit exister entre la police et la société, donnée importante pour un système judiciaire viable dans son ensemble. La police étant la porte d’entrée du système de justice, c’est ce sentiment de confiance qui inciterait la population à dénoncer ou pas les crimes.