La stratégie canadienne contre la cybercriminalité

Le 4 décembre dernier la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) a dévoilé sa stratégie de lutte contre la cybercriminalité. Cette nouvelle est surprenante, car habituellement les corps de police ne sont pas du genre à dévoiler leurs stratégies d’action. Ce geste est tout à fait calculé et même de circonstance. En effet, l’utilisation des technologies de l’information (TIC) a grandi de façon exponentielle. Cette utilisation s’est traduite, malheureusement, en une hausse du crime sur Internet, communément appelé la cybercriminalité. Le Canada n’y a pas échappé et devait trouver un moyen de contre-attaque. La stratégie de lutte de la GRC vise à définir les menaces venant de la cybercriminalité, les placer en ordre de priorité et enquêter avec l’aide d’outils spécialisés afin de cibler les cybercriminels. La stratégie englobe plusieurs éléments qui s’échelonneront jusqu’en 2020.

Cette stratégie survient après le dévoilement du rapport de la GRC nommé: Cybercriminalité: survol des incidents et des enjeux au Canada publié en 2014. En tant que police fédérale, la GRC se devait de mettre en place un moyen de lutter contre les menaces omniprésentes des crimes à l’aide des technologies. Ces crimes sont difficiles à calculer, surtout par le fait que peu de gens les dénoncent, mais il est possible de faire un aperçu de la situation au Canada. Selon le rapport sur la cybercriminalité de la GRC, de 2011 à 2012, il y a eu une augmentation de 800 cas rapportés à la GRC. Ce chiffre peut sembler relativement petit, mais il ne faut pas oublier que la GRC travaille en collaboration avec d’autres agences qui font partie du réseau que constitue la police. Ce réseau est composé de nœuds interconnectés où chaque acteur occupe une place importante. La notion d’interconnexion est importante dans le cas de la cybercriminalité, puisque les cybercrimes affectent plusieurs domaines par exemple l’exploitation sexuelle des enfants ou encore la fraude; ainsi la GRC doit coopérer avec plusieurs acteurs qui contribuent à la lutte contre la cybercriminalité.

De plus, dans sa lutte contre le crime, la GRC possède un mandat élargi. Tout comme les mandats de la police dans son histoire, les mandats de la GRC ont un spectre beaucoup plus large. En effet, dans les années 1920, la police avait comme mandat très simple de maintenir l’ordre, de protéger le citoyen et de protéger la propriété. Après dans les années 1960, la police a connu une démocratisation dans laquelle les policiers ont créé des spécialités. Ces dernières sont encore vivantes de nos jours. Le dépôt de la stratégie de lutte contre la cybercriminalité de la GRC est un bel exemple. En s’inspirant de son historique, la GRC crée des unités spécialisées pour combattre la cybercriminalité. Par exemple, la stratégie veut qu’une nouvelle équipe d’enquêteurs soit affectée spécialement à la cybercriminalité et un nouveau groupe de renseignement sera aussi mis en place afin de détecter les menaces afin de prévenir les cybercrimes.

Est-ce que l’ajout de ces enquêteurs et équipes spéciales fera une différence dans le taux de cybercriminalité ? Il est possible d’affirmer qu’historiquement les endroits ayant le plus de policiers et d’équipes d’enquêteurs n’ont pas moins de crimes. En fait, le nombre de crimes découverts augmentent, mais en bout de ligne, réussit-on à diminuer le crime ? Assurément, l’efficacité de la police se traduira par une augmentation du nombre de crimes dénoncés par les citoyens qui seront les principales victimes.

Ainsi, depuis des décennies, la police se modifie et se doit d’être de son temps. Dorénavant, la police ne peut ignorer que les crimes ne se commettent plus seulement dans les rues la nuit comme à l’époque du Moyen Âge. Maintenant, les crimes se commettent de façon anonyme par n’importe qui et de façon instantanée. Les cibles deviennent innombrables ce qui fait en sorte que les autorités, dont la GRC, doivent étendre leur mandat d’enquête et de recherche afin de déterminer le plus rapidement possible qui sont les cybercriminels. Reste à évaluer l’impact de cette nouvelle initiative.