Le pistolet, une mode dépassée

La fusillade de juin 2014 à Moncton, qui a causé la mort de trois agents de la GRC, # soulevé la question du type d’armement que portent les policiers. Selon Terry McKee, agent de la GRC à la retraite, les policiers ne sont pas assez bien armés, entre autres parce que le pistolet qu’ils portent n’a pas une assez grande portée de tir. McKee ajoute que les corps policiers devraient plutôt être équipés d’une carabine C8, un fusil d’assaut semi-automatique. Un peu plus de sept mois après la publication de cet article, un autre est publié mentionnant que plusieurs dizaines de policiers de Toronto vont faire l’acquisition de fusil d’assaut d’ici le mois de mai, soit les fameuses carabines C8. On mentionne que ces armes sont semblables à celles utilisées par l’escouade tactique, mais aussi par les Forces armées.

Nous sommes bien loin de ce qu’était la police britannique au XIXe siècle, modèle de police dominant de nos jours au Canada. Le pistolet, que les policiers anglais ne portaient pas, est aujourd’hui un outil fondamental.  Cet écart est encore plus important lorsqu’on apprend que plusieurs policiers portent, de nos jours, des armes d’assaut semblables à celle des forces armées, et ce, un peu partout à travers le pays. En effet, l’objectif en 1829 était d’établir une distinction marquante entre les soldats de l’armée et les policiers. Aujourd’hui, nous semblons vouloir faire le contraire.

Cette tendance m’amène à me demander à quoi ressembleront les policiers d’ici quelques années. En effet, il semble que la distinction entre soldat des Forces armées et « agent de la paix » est de plus en plus minime. Par contre, le questionnement qui domine en moi concerne le consentement de la population. Le fait que les armes que portent les policiers deviennent de plus en plus imposantes et semblables à celles des Forces armées est une chose. Le fait que la population consente à ces nouveautés en est une autre. La « police consensuelle » amener par Peel à l’époque faisait consensus grâce à la différence marquante entre policiers et soldats. Aujourd’hui, elle semble faire consensus, car au contraire, elle tend à ressembler de plus en plus aux soldats.

Bref, ces changements semblent pointer un virage vers un modèle militaire. Ce mouvement pourrait être associé à la tendance générale du système de justice pénale, soit celle vers un modèle de justice punitive. De plus, cette distinction mentionnée dans cet article en est une parmi d’autres. Par exemple, le modèle policier britannique de l’époque prônait l’aspect public du travail de policier, soit que ces derniers s’affichaient publiquement et étaient facilement identifiables. Aujourd’hui, nous avons des « polices fantômes » sur les routes et des agences gouvernementales, comme le CST (Centre de la sécurité des télécommunications), qui a la capacité de « surveiller » les citoyens en interceptant leurs conversations téléphoniques à la demande de la GRC.