L’effet médiatique entourant une vidéo de la police d’Arizona

Il y a déjà deux mois, le 19 février 2015, à Marana en Arizona, un évènement inhabituel fut capté impliquant un suspect et deux voitures de police de la région. Un homme appelé Mario Valencia, 36 ans, se faisait heurter par une voiture de police alors qu’une autre filmait la scène à l’aide d’une caméra posée sur le tableau de bord.

Selon les faits rapportés par la police, l’homme aurait débuté en braquant un 7-Eleven, de Tucson, pour ensuite se diriger vers une église où il aurait mis le feu avant d’entrer par effraction dans une demeure afin d’y voler une voiture. À l’aide de cette voiture volée, il aurait alors conduit une trentaine de minutes pour se rendre à Marana, en Arizona, dans un Walmart. Il aurait alors demandé à un employé s’il pouvait voir un fusil pour lui prendre des mains et le menacé avec celle-ci avant de prendre la fuite en amenant avec lui une boite de munitions. C’est alors qu’armé d’un fusil, marchant dans la rue, il aurait pointé son arme sur un policier avant de finalement tirer un coup dans les airs. Ce coup de fusil porté au ciel aurait été l’élément déclencheur de l’intervention policière effectuée par l’agent Michael Rapiejko.

La scène captée par la caméra posée sur le tableau de bord  jointe ci-haut est celle qui circule actuellement dans tous les médias et montre Mario Valencia se faisant heurter par la voiture de police de l’agent Michael Rapiejko. L’usage de la force dans cette situation précise est supporté par le chef de la police de Marana, Terry Rozema, qui affirme que Valencia a été chanceux de s’en sortir vivant grâce à l’intervention de Rapiejko puisqu’à ce moment, le danger pour autrui était important et son sort aurait pu être beaucoup plus sombre s’il avait continué son périple. Rozema cautionne entièrement l’action de Rapiejko et affirme que le niveau de force utilisé était adéquat pour cette situation précise vu le danger imminent et l’arme chargée qu’il possédait. Pour sa part, Rapiejko a mentionné qu’à ce moment, Valencia lui aurait laissé seulement deux choix à sa disposition, tirer sur lui ou le heurter avec son véhicule de service pour neutraliser la menace. Malgré le fait qu’un officier aurait préalablement dit à la radio que l’arme du suspect était chargée, Rapiejko décida quand même de foncer sur le suspect avec son véhicule pour l’arrêter. Du point de vue de la police, cette intervention était justifiée et nécessaire pour prévenir d’autres évènements qui auraient pu être tragique.

Valencia fait donc présentement face à 11 chefs d’accusations, dont celui de vol à main armée, dans la prison à sécurité minimale de Prima County. Par contre, l’avocate du suspect, Michelle Cohen Metzger, mentionne que l’usage de la force était excessif étant donné que Valencia n’aurait été d’aucune menace pour personne sauf pour lui-même. Pour sa part, Rapiejko n’est accusé de rien et certains soulignent même l’originalité de son intervention.

Cependant, en regardant les faits présentés plus haut entourant cette intervention policière controversée, il est justifié de se demander comment la nouvelle est présentée par les médias. La nouvelle fut rapportée par une multitude de chaines de nouvelles dont CNN, ABC, NBC en passant même par le Journal de Montréal. D’abord, la nouvelle utilise comme source principale la vidéo qui a été prise par la caméra sur le tableau de bord d’un des deux véhicules impliqué dans cette intervention. Sur la majorité des chaines de nouvelles, cette vidéo est coupée et on retrouve un présentateur qui se contente de commenter la vidéo hors contexte et de rappeler qu’il s’agit d’un évènement violent et pouvant choquer certains téléspectateurs. Le commentateur essaie à tout moment de susciter l’émotion et l’insécurité chez les téléspectateurs comme un bon média doit le faire. En faisant réagir la population et en demandant l’opinion de celle-ci, en direct, les médias amplifient cette insécurité et l’opinion déformée de la nouvelle dont il est question. De plus, la répétition de la vidéo et des commentaires font en sorte que les téléspectateurs n’ont pas le temps de l’oublier et ont l’impression d’être de plus en plus informés sur cette nouvelle. Certains médias vont même jusqu’à faire ressortir les antécédents impliquant le policier Rapiejko dans sa carrière dans le seul but de faire sensation auprès du public. Le côté de la médaille le plus exploité ne semble pas être celui de la police expliquant que Valencia était un suspect dangereux et un criminel, mais plutôt celui des médias clamant que Rapiejko aurait abusé de sa force et que ce ne serait pas la première fois.

Ayant une relation de convenance avec la police, les médias utilisent l’information donnée par celle-ci afin de transformer une nouvelle et ses composantes comme ils l’entendent afin qu’elle puisse marquer le public. De son côté, la police continue de donner de l’information aux médias puisque malgré la déformation qui en est faite, il vaut mieux donner une version véridique à la base plutôt que de laisser les médias trouver de la fausse information pour en faire une nouvelle. De cette manière, même si seulement une petite partie de l’information retransmise au final est vraie, la police a quand même pu donner sa version des faits aux médias d’information. Cette relation à donc ses forces et ses faiblesses, mais persiste parce qu’elle sert les intérêts de chacun.

Bref, la façon de rapporter une nouvelle ainsi que la relation des médias avec la police se voit aussi en perpétuel changement en fonction de l’évolution des technologies à la disposition de tous. Par exemple, la technologie  des dashcams, de plus en plus utilisés par la police, est ainsi à la base de cette nouvelle. Celle-ci aurait peut-être été médiatisée avec plus ou moins d’intensité ou rapportée différemment sans cette nouvelle technologie vidéo. L’évolution constante de la technologie a donc un effet direct sur le travail des policiers et des médias au quotidien qui doivent tous deux constamment s’adapter dans le cadre de leurs fonctions.