Une coopération policière entre le Canada et la Côte d’Ivoire?

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Une problématique de plus en plus répandue est la « sextorsion » sur internet par les Ivoiriens et les Québécois en sont une cible majeure, puisque leur langue première est le français. Ce phénomène en constante croissance consiste principalement à ce qu’une jeune femme à belle allure entre en contact avec un homme à travers des réseaux sociaux ou des sites de rencontre. Par la suite, grâce à son charme les deux en viennent à une conversation à caractère sexuel. Une fois l’homme entré dans l’ambiance, elle lui demande de se dénuder et d’effectuer des gestes sexuels devant la webcam. Si l’homme accepte, elle lui extorque ensuite de l’argent sous menace de divulguer publiquement la vidéo ou la conversation. L’homme se sentant ainsi piégé obtempère et perd son argent. Certains sont sortis du placard et ont avoué en avoir été victimes. Cependant, la majorité n’a toujours pas osé le dévoiler, soit par honte, soit parce que ces personnes croient que même si elles dénonçaient rien ne pourrait être fait puisque c’était avec une étrangère dans un autre pays.

Tel que mentionné par ma collègue, «la cybercriminalité se distingue en deux types, soit le crime traditionnel commis à partir d’un outil technologique et le nouveau crime créé suite à l’invention d’une technologie». L’extorsion fait partie de ces crimes qui existaient déjà avant le développement des réseaux sociaux et des sites de rencontre, mais ces derniers ont rendu sa pratique beaucoup plus facile.

Dans la problématique actuelle, la majorité des suspects proviennent d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Cette région est bien développée technologiquement et présente peu de risques d’être interpellé puisqu’il y a des lacunes législatives et peu de moyens policiers, c’est donc un très bon endroit pour les escrocs.

Le commandant en charge de la Direction de l’informatique au sein de la police ivoirienne, Guelpetchin Ouattra, est  venu au Québec parler de cette problématique, dans le cadre d’une rencontre de Francopol. Selon M. Ouattra, seulement 27 % des quelque 10 000 plaintes furent traitées l’année dernière. Par conséquent, il est venu rencontrer les policiers québécois afin de recevoir de l’aide. En effet, les cybercrimes peuvent être parfois difficiles à élucider, surtout lorsqu’ils se produisent entre deux pays. La situation actuelle rend cette coopération nécessaire puisqu’une grande partie des victimes sont québécoises et que la Côte d’Ivoire est un pays en voie de développement avec peu de budgets pour effectuer de bonnes enquêtes approfondies. Le Canada et le Québec ayant un système policier assez solide ainsi que de bonnes agences de renseignements avec de grandes bases de données, telles que la vigie de la gestion d’enquêtes de crimes en série (GECS) au Québec, pourraient aider de manière significative à élucider ces enquêtes. De plus, le Canada a des ententes de coopération avec plusieurs pays et a davantage accès à des multinationales comme Google pour obtenir de l’information puisqu’il a les moyens de payer pour ces renseignements et a une plus grande crédibilité auprès d’elles. Un autre aspect positif de cette collaboration entre les deux pays est que ça règlerait un problème auquel les services de police de la Côte d’Ivoire se heurtent: la suspicion des victimes. Lorsque les enquêteurs réussissent à entrer en contact avec une victime canadienne et s’identifient comme tels, les victimes ont tendance à raccrocher par manque de confiance. Le fait d’avoir cette collaboration permettrait donc aux enquêteurs ivoiriens d’entrer en contact avec la police du Canada qui, elle, entrerait en contact avec les victimes.

Cette démarche de collaboration internationale s’inscrit dans le sillage de la globalisation. Tout s’internationalise, le commerce, les échanges, mais également les crimes. Les frontières ne sont donc plus très significatives, encore moins avec internet qui permet aux gens d’entrer en contact malgré la distance. La police, responsable de la sécurité intérieure du pays, doit également faire face aux menaces provenant d’individus situés à l’étranger.

Pour conclure, puisque ce sont des enquêtes de grande envergure qui touchent plusieurs de nos citoyens, il est indéniable que les services de police et agences de renseignements criminels du Canada, et principalement du Québec, devraient collaborer avec le service de police de la Côte d’Ivoire. De plus, étant donné qu’il ne s’agit pas uniquement de trouver les auteurs des crimes, mais bien de pouvoir prouver qu’ils le sont, l’avancement technologique du Canada ainsi que ses connexions pour collecter des renseignements seront un gain important afin de démystifier ces crimes.