Drones : menace ou outil de maintien de l’ordre?
Si les drones sont devenus un outil incontournable au 21e siècle pour les acteurs œuvrant dans le secteur de la sécurité et du maintien de l’ordre (forces armées, corps policiers et agences privées), ils peuvent également constituer une menace. Par l’entremise de la loi sur l’accès à l’information, LaPresse a appris le 5 avril 2015, que des individus ont utilisé des drones pour faire entrer de la marchandise illégale dans des pénitenciers fédéraux au mois de mai et juillet 2014. Or, ces incidents ne sont pas sans rappeler ceux de juin 2014 lorsque des détenus du centre de détention de Québec se sont évadés de l’enceinte de l’établissement en utilisant un hélicoptère piloté par un complice. Ce scénario digne d’un film d’action s’était déjà produit en mars 2013 à la prison de Saint-Jérôme, dans des circonstances similaires.
Le 24 juillet 2014, un colis contenant « 650 grammes de tabac, 260 grammes de marijuana, quatre paquets de papiers à rouler et une lame de scie à fer » a été livré à la prison à sécurité moyenne de Drummond. Le rapport explique que le drone en question a été aperçu après avoir livré le colis dans la cour extérieure, puisqu’il a été entendu par les officiers en poste. Même après avoir fait appel à des maîtres-chiens pour trouver les destinataires du colis et placer l’établissement en isolement cellulaire complet, le Service Correctionnel Canadien (SCC) explique que ces fouilles méticuleuses n’ont pas « fourni les résultats escomptés ». Un incident similaire impliquant un drone est survenu le 22 mai 2014 au pénitencier Archambault et dans quatre autres endroits à travers le Canada.
Quelles mesures de sécurité le SCC peut-il mettre en place pour éviter ce genre de situation? Si pour des raisons de sécurités le SCC ne peut en dévoiler d’avantage, les outils technologiques (filets de protection, piratage), les armes (lasers anti caméras) et l’amélioration de partenariats inter agences pourraient être des solutions envisagées pour éradiquer la menace. C’est le jeu de l’épée contre le bouclier que plusieurs nations tentent de gagner tant au niveau militaire que policier.
Notamment, c’est le cas de la France qui est confrontée à une vingtaine de survols de centrales nucléaires par des drones et est à la recherche de solutions. Bien que le survol des centrales soit interdit dans un périmètre de cinq kilomètres et de 1 000 mètres d’altitude autour des installations, le gouvernement français a mis en place un programme de recherche de 1 million d’euros afin de résoudre la question de la détection et de l’interception des drones.
À l’heure actuelle, la France se penche sur la question de la mise sur pied d’un programme expérimental visant à doter les policiers et les gendarmes de drones pour surveiller des manifestations, mener des enquêtes ou protéger la sécurité nationale. Néanmoins, certaines questions légales et éthiques doivent être clarifiées avant d’autoriser les corps policiers à utiliser des drones dans le cadre de leurs activités. En autres, les questions entourant la légitimité de la preuve en cour concernant l’utilisation de capteurs optiques sur les appareils sont au cœur des débats, notamment en raison du respect de la vie privée des citoyens respectueux de la loi.
Cela dit, il n’est pas impensable que ces appareils de surveillance puissent également éventuellement servir à repérer et à neutraliser les drones « ennemis. » À quand la guerre des drones?