Enquête sur de la pornographie juvénile dans une école de Beauport

Une enquête criminelle est ouverte à l’école secondaire la Seigneurie, à Beauport, concernant de la pornographie juvénile. En effet, des photos d’une mineure auraient circulé dans l’école. Pierre Poirier, du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ), précise que ces photos pourraient avoir été distribuées à l’extérieur de l’école également.

Pour le moment, il est encore trop tôt pour savoir si des accusations seront déposées. Pierre Poirier indique que le nombre exact de personnes visées n’est pas encore déterminé, mais qu’une victime est alléguée.

Vendredi dernier, la direction de l’école a envoyé une lettre aux parents pour les prévenir de la situation et pour leur demander de sensibiliser leurs enfants à la cybercriminalité. Le document rappelle que « la simple possession, le partage ou la distribution de photographies ou de vidéos où une personne mineure est en partie, ou complètement dénudée constituent une infraction criminelle en matière de pornographie juvénile ». Lise Breton, la directrice de l’école la Seigneurie, conseille aux parents de discuter avec leurs enfants et de vérifier avec eux le contenu de leurs appareils électroniques, au besoin. Elle mentionne : « Si vous découvrez du contenu douteux ou qui pourrait être associé à de la pornographie, n’hésitez pas à détruire les fichiers ».

Le centre Cyber-Aide croit que la plupart des jeunes ne savent pas qu’ils commettent un acte criminel lorsqu’ils sont en possession ou qu’ils distribuent les photos d’une personne mineure dénudée.

École secondaire la Seigneurie
École secondaire la Seigneurie

Que peut expliquer le fait que les jeunes adolescents qui distribuent des images de pornographie juvénile ne sachent pas qu’ils sont en train de commettre une infraction?

Tout d’abord, la distribution de pornographie juvénile à l’aide de technologies fait partie de la cybercriminalité, car elle consiste en un usage interdit d’informations ou de dispositifs. Cela dit, cette définition ne fait pas beaucoup de lumière sur la nature des actes criminels qui pourraient y être associés. La cybercriminalité englobe à la fois des crimes traditionnels commis à partir d’un outil technologique et de nouveaux crimes créés par l’apparition d’une technologie. Or la pornographie juvénile se situe entre les deux. Elle n’est pas récente et des photos de jeunes enfants se distribuaient bien avant la venue d’Internet. Par contre, la distribution d’images non consentantes par l’entremise de réseaux sociaux ou d’outils de discussions instantanés est un nouveau crime amené par Internet. De plus, de nouveaux concepts plus ou moins fumeux font maintenant leur apparition, comme l’autoexploitation juvénile, qui se définit comme le fait, pour une jeune personne, de créer et de partager avec d’autres jeunes, par l’entremise d’Internet ou d’appareils électroniques, des photos ou des vidéos à caractère sexuel. La transmission de ces images entre deux personnes ou la retransmission à d’autres fait également partie de la définition.

Ainsi, le fait que la pornographie juvénile se situe comme un nouveau crime grâce à Internet explique en partie pourquoi les jeunes ne savent pas qu’ils sont en train de commettre une infraction lorsqu’ils distribuent les images d’une adolescente, comme le croit le centre Cyber-Aide. Du point de vue de plusieurs adolescents, il ne font que s’envoyer des photos d’eux-mêmes ou de leurs collègues de classe, alors qu’en fait ils risquent de se voir accusés de distribution de pornographie juvénile. Effectivement, le Code criminel interdit plusieurs comportements en lien avec la pédopornographie : « il est notamment interdit de produire, imprimer, publier, distribuer, transmettre, rendre accessible, vendre, importer, exporter, posséder ou accéder à de la pornographie juvénile ».

Les adultes sont également aux prises avec l’aspect flou de cette infraction, et cela se perçoit dans les propos de Lise Breton, la directrice de l’école en question : « si vous découvrez du contenu douteux ou qui pourrait être associé à de la pornographie, n’hésitez pas à détruire les fichiers ». En effet, les termes tels que « douteux » et « qui pourrait » être associé à de la pornographie juvénile sont assez vagues et imprécis. Cela démontre donc que les définitions légales des actes liés à la distribution de pornographie juvénile au sein des écoles commencent tout juste à être comprises et que la limite entre de la pornographie juvénile et de simples photos peut être mince, surtout aux yeux des jeunes. Il est donc important de continuer à les conscientiser sur ce qu’est la pornographie juvénile, pour qu’ils comprennent les risques de criminalisation que représente la distribution de telles photos.