La police réagit à la fraude
La fraude semble être en hausse dans la ville de Winnipeg puisqu’un guide de 26 pages portant le titre : «Partners in Prevention» servirait de prévention aux citoyens contre la fraude. Le guide offre plusieurs conseils afin d’éviter de tomber dans le panneau ou de se faire frauder et inclut une section pour les entreprises.
Il est même possible de trouver, sur le site de la ville de Winnipeg, une section entièrement réservée à la fraude et à l’escroquerie afin de servir de prévention pour les citoyens comprenant les types de fraudes les plus répandues, la façon dont les fraudeurs approchent les citoyens, les techniques de vente utilisées et ce que les citoyens peuvent faire pour se protéger de celles-ci. La section se termine en mentionnant un service si quelqu’un est victime d’une fraude ou d’une escroquerie et une section particulière concerne les fraudes par carte de débit. La ville de Winnipeg avait justement subi une série de fraudes par carte de débit l’année passée. Celle-ci se faisait par clonage des bandes magnétiques et avait fait plusieurs victimes dans la ville.
Aussi, la mise en place d’une série d’évènements ayant pour but de sensibiliser les citoyens de Winnipeg va avoir lieu tout au long du mois de mars puisqu’il s’agirait du mois de prévention de la fraude. La police participera activement à ses activités tout en répondant aux questions des citoyens.
En parallèle, la ville de Gatineau met l’accent sur les fraudes chez les personnes endeuillées. Il serait maintenant possible pour les fraudeurs de s’en prendre à une personne déjà décédée ou à sa famille en deuil. La ville demande donc à ses citoyens d’être vigilants même en période de deuil puisque les fraudeurs sont très intelligents et sont toujours un pas en avant des citoyens. De plus, selon l’agent Burns : « Cela prend entre 6 à 9 mois avant qu’un enquêteur se penche sur une plainte de fraude, car il y en a beaucoup et il manque des effectifs ». Il semble donc important d’informer la population afin de réduire le nombre de fraudes et les procédures qui s’en suivent.
Toutes ses mesures de prévention font partie des services offerts par la police. Cependant, la police, étant une institution réactive, agit normalement après que quelque chose se soit produit comme c’est le cas ici avec la fraude dans le passé. Il faut alors mentionner que la prévention pour les fraudes à venir découle du fait que plusieurs fraudes ont été commises auparavant. La lutte contre ce crime devient donc une prévention pour l’avenir dans lequel le citoyen joue toujours un rôle important. Le modèle idéal de la police communautaire peut se placer en partie dans cette situation contrairement au modèle de maintien de l’ordre qui consistait surtout à réprimander lorsqu’un crime était commis. La police communautaire, elle, prend en compte la communauté à plusieurs niveaux. Elle reconnait le pouvoir des citoyens dans la société puisque la police s’insère dans la communauté alors qu’elle avait déjà une structure établie. La police communautaire accorde aussi de l’importance à la sécurité de la communauté par la prévention plutôt que par la répression et donne le statut de conseiller au policier et de responsable de sa sécurité au citoyen. Le citoyen devient par le fait même un client actif des services policiers.
Dans le cas présent, les mesures de préventions mises en place par la ville de Winnipeg et par la ville de Gatineau peuvent être analysées en s’inspirant de certains aspects du modèle de la police communautaire. Dans ce modèle ainsi que dans ses mesures de prévention, le citoyen a comme responsabilité première de veiller à sa sécurité en évitant de se faire frauder, tout en étant appuyé par les conseils des services de police, leurs événements et leurs guides. La police communautaire prône la collaboration qui doit s’installer entre ses deux acteurs, soit les citoyens et les policiers, dans le but de réduire les méfaits commis à l’égard de la communauté en général et de devenir une institution proactive, dans le futur, qui agit avant qu’un crime ne survienne plutôt qu’après. Un modèle comme celui-ci, dans le cas de la fraude, pourrait même permettre, si respecté, aux services de police de distribuer leurs effectifs différemment afin de répondre à plus de cas si les citoyens prennent en main leur sécurité financière en respectant les conseils donnés. Les policiers n’auraient qu’à seconder la population dans ce type de crime la plupart du temps. Cependant, il est important de mentionner que le modèle de la police communautaire est un idéal, difficile à appliquer complètement en pratique et comprenant certains problèmes, dont le fait que le concept de communauté est très large et peu défini et que les besoins de celle-ci peuvent être difficiles à définir. De plus, le mandat premier de la police, c’est à dire, protéger la société devient en partie pris en charge par le citoyen lui-même, qui agirait en tant que protégé et protecteur à la fois. Un conflit de rôle s’installe donc ici entre le citoyen et le policier.
De plus, la divulgation d’informations concernant la fraude en tant que prévention peut aussi avoir un effet pervers et augmenter la peur du crime ressenti chez les citoyens plutôt que la réduire comme le modèle le propose. Le fait de savoir que la fraude est en augmentation près de chez soi, surtout lorsqu’on met l’accent sur des groupes vulnérables en tant que victimes, comme les aînés ou les personnes endeuillées, pourrait avoir l’effet inverse et rendre la communauté encore plus réticente à l’idée de prendre en charge sa propre sécurité. Les citoyens pourraient donc demander davantage d’aide à la police et à l’État, puisque la peur d’être victime d’un crime comme celui-ci aurait augmenté. La police, ayant, entre autres, comme rôles de protéger les citoyens contre le crime et de réduire la peur du crime agirait donc à l’encontre de ceux-ci et échouerait dans sa tentative. Ce dossier reste à suivre afin de voir si ces mesures vont avoir un effet positif ou un effet négatif sur ces communautés et ces services de police.