L’image des forces de l’ordre à Moncton et les médias

L’information, qui nous est diffusée par différents médias, a pour but premier d’instruire une population sur l’actualité et le quotidien des citoyens d’une région donnée. De fait, la population peut interpréter et faire de cette information ce que bon lui semble, en considérant celle-ci comme une vérité absolue ou simplement en la critiquant de façon positive ou négative. Il va également de soi que la demande sociale influence la façon dont les médias régissent et donc, module ce qu’ils désirent montrer à leur public.

Ainsi, l’information provenant de ces médias peut, plus facilement, avoir un impact dans la vie sociale, en ayant comme but de servir de moteur d’intérêts particuliers et profitables, banalisant ainsi au passage la véracité de l’information, sa qualité,  sa diversification. Par l’emploi de voix d’experts, les journalistes donnent davantage de crédibilité à leurs discours. Évidemment, il n’y pas que l’expertise des gens qui ont un point de vue sur un sujet qui, à lui seul, influence l’information.

Le sensationnalisme et le désir de toucher les gens poussent les médias à la déformer et à amplifier certains sujets. De fait, un évènement portant, comme par exemple, sur l’évènement d’un homme armé à l’hôpital de Moncton, il est possible de voir que les informations sont incomplètes et sommaires. Sans savoir toutes les informations pertinentes à la rédaction de l’article, elle fait la «Une» en un rien de temps. En ce sens, l’information qui nous est destinée n’est plus qu’une façade servant des intérêts économiques et politiques précis, visant la popularité de la nouvelle transmise se basant, dans ce cas, sur un phénomène de peur. De fait, par la découverte d’une perturbation sociale on favorise la construction d’une nouvelle de crime.

D’autre part, en se basant sur un autre évènement similaire, soit sur les meurtres de policiers commis par Justin Bourque à Moncton quelques mois plus tôt, on découvre cette fois que plusieurs erreurs avaient été commises lors de cette tragédie, celles-ci ayant eu un impact négatif sur la qualité globale du travail des policiers: «D’abord, aucun membre de la GRC étant intervenu dans les deux premières vagues de déploiement n’avait revêtu de gilet pare-balles rigide, et ce, en dépit du fait qu’un agent avait été atteint par balles.»  Tout comme le montre le nom de l’article, «Plusieurs erreurs tactiques lors de la fusillade de Moncton, conclut le rapport de la GRC»,  on a donc à ce moment remis en question la qualité et la compétence du travail des policiers. Il serait possible de croire que la population pourrait avoir des inquiétudes quant à leur sécurité, malgré la présence policière.

De plus, il est bien connu que l’image de la police telle que l’on connaît, se base sur plusieurs facteurs individuels et sociaux. Cette image se maintien et se modèle aussi par la présentation qu’en fait les médias. Il existe une forte relation entre les médias et l’idéologie policière. Depuis quelques années au Canada,  les attentats terroristes et les meurtres commis, par exemple, sont fortement utilisés, décortiqués et montrés pour atteindre les auditeurs qui veulent avoir plus d’information sur des événements qui les rejoignent. Ils sont mis de l’avant par les médias travaillant de pair avec les corps policier, puisque c’est en partie les policiers qui sont les premiers sur le terrain, ainsi que ceux qui donnent l’information en premier lieu.

Dans les cas présentés, l’image de la police avait déjà souffert suite aux erreurs tactiques commises lors de l’épisode Bourque. Les différents corps policiers avaient donc tout intérêt à agir de façon impeccable. En effet, seulement quelques mois  après  la fusillade impliquant Justin Bourque, un homme armé a été vu dans un centre hospitalier. À ce moment, on a donc saisit l’occasion de redonner de la crédibilité à l’image d’une police forte et fiable. Tout cela s’est fait par l’usage d’images frappantes, de policiers en fonction vêtus de leurs uniformes bleus, d’entrevues sous forme de vidéos accessibles à même la nouvelle écrite et par une couverture quasi complète sur l’incident, soit quelques heures plus tard.

Dans l’article ci-joint, sur l’homme armé dans un centre hospitalier, il est possible de lire et de voir, de façon détaillée, comment les policiers, par la communication d’images prises sur le fait, ont donné l’impression qu’ils avaient la situation en main (malgré le fait qu’ils n’aient pas trouvé le malfaiteur).

Le but qu’ont ces entreprises possédant l’information n’est donc plus d’informer et de valoriser la qualité journalistique, mais bien de travailler de pair avec des contraintes et des objectifs politico-économiques, en limitant le temps et l’espace de l’écriture. Ceci a pour effet de réduire la qualité et la véracité des nouvelles qui nous est parvenue. Il va de soi que pour qu’il y est maintien de l’autorité, certains acteurs, soit ici les policiers, ont besoins de médiums pour faire passer leurs messages au public ou pour simplement se faire connaître la qualité de leur travail et leurs idéaux.

Il serait donc possible de dire qu’une codépendance est nécessaire entre les médias et la police, puisque d’un côté ils ont besoin des informations que possède la police pour conquérir l’intérêt de plus d’auteurs et/ou de lecteurs et de l’autre côté les policiers ont besoins de ces derniers pour légitimer leurs actions et ainsi démontrer qu’ils sont compétents. Les deux ensemble forment donc en quelque sorte la construction et la régulation des idéaux par une relation consensuelle.

Pour conclure, il est possible de dire qu’en tant que société, nous avons tous un rôle distinct. Les médias de nous informer et les corps policiers de s’occuper de notre sécurité de façon globale. Il va de soi que cette grande roue ne peut exister que seulement si nous, citoyens, recevons l’information. Notre rôle à nous dans ce processus, est de nous tenir informer, mais aussi de diversifier nos sources, afin d’avoir le plus d’informations de qualités possible et ainsi se forger son propre point de vue.

Anne G. Lechasseur