Garda: 6 braquages en 13 mois

L’entreprise Garda, qui se spécialise notamment dans le transport de valeurs, a fait l’objet d’un 6e braquage depuis les 13 derniers mois.

Voici un bref portrait des évènements survenus en un peu plus d’un an :

Le premier braquage de cette série se déroule le 12 décembre 2013 à la Banque nationale de Saint-Lazarre à l’ouest de Montréal. Deux agents d’une filiale de Garda (G4S) se font menacer par des individus armés, qui les désarment et les ligotent pour ensuite s’enfuir avec une importante somme d’argent (dont le montant est resté inconnu à la demande de la Sûreté du Québec). On retrouve trois véhicules incendiés à proximité des lieux.

Le deuxième évènement se déroule à la Banque TD de Longueuil en date du 1er février 2014. Cette fois-ci, le ravisseur est seul pour attaquer les deux agents de Garda. Cependant, le suspect est abattu par l’un des agents sur les lieux de l’évènement. Les agents sont tous deux traités pour choc nerveux.

Le troisième vol a lieu le 22 août 2014 à une Banque Royale de Brossard. Les braqueurs se présentent armés et vêtus de masques d’Halloween. Les deux agents de Garda se font ainsi poivrer (gaz) par leurs ravisseurs, qui eux, déguerpissent avec une somme d’environ 400 000$.

Le quatrième braquage a lieu à Montréal à la Banque de Montréal en date du 30 octobre 2014. Le scénarios se reproduit, les deux agents de Garda sont maitrisés par un nombre inconnu de ravisseurs armés et cagoulés. Un sac rempli d’argent est volé.

Le 21 décembre 2014, un cinquième vol a lieu à la Banque Royale de Montréal. Les deux agents se retrouvent prisonniers de la banque et deux suspects s’enfuient avec le fourgon Garda avant de le vider de son contenu et d’abandonner le véhicule à une trentaine de mètres du lieu du vol. Encore une fois, on ignore le montant exact, mais il s’agirait apparemment d’une somme considérable.

Le dernier braquage rapporté à ce jour chez Garda s’est déroulé en date du 29 janvier 2015 dans une succursale de la Banque Royale de l’arrondissement Côte-des-Neiges à Montréal. Après avoir ligoté le concierge du bâtiment, les deux braqueurs se cachent pour ensuite reproduire le même scénario avec les deux agents de Garda. C’est ainsi que les suspects quittent les lieux à bord d’un véhicule qu’ils avaient dissimulé derrière la banque, emportant avec eux des sacs d’argent. On mentionne également que les deux agents ont subi un choc nerveux.

À la suite de ce sixième braquage, Garda se retrouve au palmarès des discussions médiatiques et plusieurs questions restent en suspend. Qui est à blâmer dans toute cette histoire? Comment faire pour pallier à cette suite d’évènements?

Oeuvrant dans une panoplie de d’activités reliées au domaine de la sécurité privée (transport de valeurs, enquêtes, protection rapprochée, gardiennage), l’entreprise GardaWorld compte 45 000 employés et offre des services à travers le monde (Amérique du Nord et Amérique du Sud, Europe, Afrique, Asie, Moyen-Orient).

En ce qui concerne le Syndicat national de convoyeurs de fonds (SCFP), Angélique Paquette, qui assure la présidence du syndicat, soutient qu’un troisième agent aurait inévitablement pu changer le cours des récents évènements. Par ces propos, Mme Paquette explique qu’un troisième agent assure un rôle important puisqu’il demeure à l’intérieur du véhicule en tout temps pendant que ses deux collègues entrent chez les clients.

Le SCFP souhaite d’ailleurs que les instances gouvernementales (provincial et fédéral) adoptent de nouvelles lois dans l’optique d’améliorer les normes de sécurité dans le milieu du transport de valeurs.

Le syndicat a d’ailleurs fait pression auprès du cabinet de la ministre Lise Thériault concernant le nombre d’agents à bord des véhicules blindés. Les arguments du syndicat s’appuient notamment sur un rapport d’analyse concernant une cinquantaine d’attaques de véhicules blindés survenues au Québec depuis ’73. Les conclusions tirées de ce rapport démontrent que, depuis 15 ans, les attaques seraient exclusivement survenues à l’endroit des équipes composées de deux agents, et qu’en plus de cela, seuls les camions de Garda, ou encore ceux rachetés par cette même entreprise auraient été ciblés.

Brinks, une entreprise qui œuvre également dans le domaine du transport de valeurs fonctionnant à trois agents et qui n’aurait été victime d’aucune attaque, a refusé de commenter sur cette cague de braquage. Une source haut placée dans la hiérarchie de l’entreprise aurait toutefois mentionné à La Presse que Garda exercerait « beaucoup de pression » sur son compétiteur (Brinks) pour que cette question ne soit pas discutée dans les médias.

À cette question, Stéphane Crétier (PDG de Garda) rétorque: «Tout le monde ailleurs en Amérique du Nord travaille à deux agents. Dans certains pays d’Europe, c’est un seul agent. Mais c’est à Montréal seulement qu’on a un problème. (…) On a 1 milliard de chiffre d’affaires en transport de valeurs dans l’Amérique du Nord, et c’est à Montréal qu’on se fait attaquer continuellement. Pourtant nos procédures sont les mêmes à Houston et à Detroit, par exemple. On a plus d’attaques à Montréal qu’on en a à Bagdad

C’est ainsi que M. Crétier a également jeté le blâme sur les policiers de Montréal et s’est montré extrêmement critique à leur endroit: «Depuis environ un an, pour le Canada et les États-Unis, selon nos chiffres, il y a eu 32 vols à main armée dans l’industrie du transport de valeurs au grand complet. Là-dedans, il y a cinq de nos équipes dans la région de Montréal et nos agents ont bloqué une sixième attaque. Je vais poser la question à notre cher maire et à son service de police: est-ce que la Ville est sécuritaire? (…) «Je ne veux pas me faire dire que la police n’a pas de budget. On a un des plus gros sièges sociaux de Montréal et on n’arrive pas à être placé en priorité (…) On peut faire notre part, mais on a besoin de coopération. (…) il faut que quelqu’un fasse son travail maintenant».

Concernant cette vague de braquage, un porte-parole du SPVM, soit le sergent Laurent Gingras, a également mentionné que certains éléments permettaient de croire que les évènements seraient reliés, mais qu’il était trop tôt pour confirmer cette hypothèse.

Il est évident qu’aucun parti ne veut prendre le blâme. De toute évidence, le Syndicat national de convoyeurs de fonds (SCFP) en profite pour tirer son épingle du jeu et faire entendre ses revendications visant à hausser les normes législatives notamment à l’effet d’imposer un troisième agent pour le transport de valeurs. Les revendications visant l’ajout d’un troisième agent à bord des véhicules blindés visent d’abord un effet dissuasif à l’égard des braqueurs, et ainsi assurer un meilleure service pour la clientèle, mais elles visent également à accroitre le sentiment de sécurité de ses employés.

Les prochains jours et les prochains mois nous permettront de savoir si l’État cèdera à la pression médiatique en mettant de l’avant son pouvoir législatif adoptant une nouvelle loi obligeant ainsi les compagnies de transport de valeurs à augmenter leurs effectifs des véhicules blindés.

http://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/faits-divers/201312/13/01-4720581-convoyeurs-de-fonds-attaques-a-saint-lazare.php

http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2014/12/21/003-vol-camion-garda-anjou.shtml

http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/faitsdivers/archives/2015/01/20150130-050308.html

http://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/201501/31/01-4840087-le-patron-de-garda-exige-une-reponse-policiere-a-la-vague-de-braquages.php

 

http://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/201502/01/01-4840328-braquages-de-fourgons-montreal-nest-pas-bagdad-dit-le-spvm.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4840087_article_POS1

http://www.gardaglobal.com/a-propos/notre-equipe/