Un blogueur saoudien fouetté en public pour avoir « insulté » l’islam

Jusqu’où peut aller le pouvoir de l’État? Peut-il aller jusqu’à brimer la liberté d’expression? Critiquer haut et fort est-il un crime? Dans la foulée des évènements suite à Charlie Hebdo, nous sommes particulièrement en droit de nous poser des questions sur les conséquences que l’expression de ses opinions peut engendrer.

Raif Badaoui, animateur et blogueur pour le site Internet Liberal Saudi Network, a appris à ses dépens que les autorités de l‘Arabie saoudite n’acceptent pas que l’on critique « la police religieuse et certains agissements et fatwas (édits religieux) ». En effet, dans ce pays, le pouvoir en place dispose d’une police religieuse hyper puissante, chargée de la promotion de la vertu et de la prévention/répression du vice.

Si l’on compare avec la police consensuelle qui est la nôtre au Québec et qui consiste à agir en coopération avec les citoyens dans le but de prévenir la criminalité, la police saoudienne semble un peu moins clémente. En effet, le mandat de celle-ci est élargi et va jusqu’à inclure la surveillance de l’habillement et des habitudes de consommation des citoyens.

La population d’Arabie est donc sous stricte surveillance quasi constante.

N’étant pas soumis à la Charte des droits et libertés que nous connaissons et appliquons au Canada, les dirigeants de l’Arabie saoudite semblent se dire que la liberté d’expression finit là où l’intérêt commence. Et ceux-ci ont intérêt à imposer des sanctions particulièrement dissuasives s’ils veulent que leur pays demeure « irréprochable ». Voilà pourquoi une femme qui conduit, un homme qui se livre à des actes homosexuels, ou le partage d’une opinion qui diverge de celle qu’ils s’évertuent à imposer, sont des gestes soumis à des châtiments de toutes sortes.

Remettre en question les agissements de l’État, comme l’a fait Raif Badaoui, est donc considéré très grave et digne de sanction corporelle. Et cet homme est un cas parmi tant d’autres. Selon Amnistie internationale, «les châtiments corporels, surtout la flagellation, mais aussi l’amputation, sont souvent infligés par les tribunaux».

Ainsi, sur papier, l’idée de moins de liberté pour davantage de sécurité semble efficace en matière de prévention de la violence, mais peut-il arriver que l’État en « profite » pour imposer « sa » vision des choses, et ainsi des punitions « extrêmes » à ceux qui n’appliquent pas celle-ci à la lettre? Poser la question, c’est y répondre.