Nouvelle loi antiterrorisme en France

Le 13 novembre 2014, une nouvelle loi a été entérinée en France dans le but de lutter contre le terrorisme. Cette nouvelle mesure permet aux autorités françaises d’empêcher, pour une période de six mois, renouvelable pour un maximum de deux ans, certains individus soupçonnés de partir à l’étranger dans le but de participer à des actions terrorismes . De plus, le texte de loi introduit une nouvelle disposition sous les termes d’entreprise individuelle terroriste qui crée une nouvelle infraction contre le terrorisme qui permet de d’attraper les loups solitaires. Au regard de ces nouvelles mesures, il n’y a aucun doute que le gouvernement français tente de resserrer les mailles de son filet de pêche antiterrorisme. Avant les évènements du CharlieHebdo, l’autorité responsable de la lutte antiterrorisme, le ministère de l’intérieur, semblait avoir désormais de meilleurs moyens qui contrer les mouvements terroristes. Plusieurs attentats terroristes avaient été déjoués (lien). Cependant, le 21 janvier 2015, le ministère de l’intérieur avoue que la menace change rapidement et ne fait que grandir. Les récentes mesures sont-elles suffisantes?

Comment faire pour remplir le filets de pêche antiterroriste français? D’un point de vue théorie, les autorités chargées de la sécurité de l’État, le ministère de l’intérieur dans le cas de la France, assure la sécurité publique selon deux types de police: la haute police et la basse police. En bref, la basse police fait référence aux policiers qu’on voit en uniforme dans les rues et qui appliquent la loi. La haute police, quant à elle, fait référence aux agents et aux informateurs qui collectent les informations et surveillent sous le couvert de l’anonymat.

Historiquement, lors de la révolution industrielle en France, un problème semblable existait : l’explosion démographique faisait en sorte que la ville offrait de plus en plus l’anonymat, favorisant l’essor du crime puisque les chances de se faire prendre étaient minces. C’est vers la fin du 17e siècle que le marquis d’Argenson avait créé, en parallèle avec la police qui existait déjà, une unité d’agents qui étaient chargés de collecter l’information. Ils étaient invisibles. Ces agents s’intéressaient principalement aux crimes qui pouvaient mettre en danger l’État. Son rendement efficace a fait en sorte que la haut police a resté et s’est développée au fil des siècles. Au début du 19e siècle, le ministre de la Police générale organise officiellement la police secrète et le fichier national (banque de donnée sur les citoyens).

Cette haute police a donc une histoire. Et le 21 janvier dernier, la France a lancé une augmentation massive des budgets, de plus de 2600 effectifs et de 425 000 000 £ pour la lutte antiterroriste. Le ministère de l’Intérieur se voit attribuer 1400 de ces postes. La quasi-totalité de ses nouveaux emplois serviront aux services de renseignement intérieur qui luttent contre le terrorisme. Seulement 106 des 1400 emplois sont attribués à la direction de la police nationale, qui fait principalement de la basse police, dans des unités strictement associés à la lutte antiterroriste et la cybercriminalité. La direction de la sécurité intérieure, reconnue pour ses activités de haute police, verra son effectif grimper de 13% d’ici 2018 en employant principalement des analystes, des ingénieurs, des informaticiens, des traducteurs et des juristes. De plus, la France surveille présentement plus de 3000 personnes radicalisées, soit une augmentation de plus de 130% comparativement à l’an dernier.

Bref, les autorités françaises misent davantage sur un grand nombre de personnes qui peuvent dire où la pêche est bonne (les gens qui travaillent pour la haute police) contrairement à beaucoup de pêcheurs qui pêchent sans vraiment savoir où il y a des poissons (la basse police).

L’augmentation le surveillance et la collecte de renseignement permettra-t-il la France de contrer plus efficacement les activités terroristes  qui se déroule dans l’anonymat et empêcher une nouvelle tragédie?