Nouvelle ère au Service de sécurité et de prévention de l’Université Laval

Le milieu de la sécurité privée est très compétitif, notamment lorsqu’on doit se battre contre des compagnies ou des agences de sécurité d’importance. Chacune d’entre elles tente de conquérir différents contrats, ce qui lui assurera une place de haut niveau dans le domaine. Cependant, rien n’est certain dans ce milieu en forte évolution depuis les vingt dernières années.
Professionnalisation du métier d’agent de sécurité, encadrement par une loi relevant du ministère de la Sécurité Publique, offre abondante de formation, etc. Les entreprises qui font affaires avec ces agences en demandent de plus en plus, et donc aux agents eux-mêmes, mais les plus fortes remportent la bataille. C’est la leçon que devra tirer Les Commissionnaires Québec qui viennent récemment de se faire écarter de contrats prestigieux comme l’Aéroport de Québec et l’Université Laval (UL).

Le 19 janvier dernier, la direction de l’Université Laval a annoncé un changement de cap majeur dans l’histoire du Service de sécurité et de prévention (SSP). Elle s’engage maintenant à ne pas retourner en appel d’offres, et recruter ses propres agents, et ce, après plus de 40 ans de services rendus. Il faut rappeler que dès la construction des premiers pavillons sur le campus, ce sont ces agents qui assuraient la surveillance des chantiers. C’est donc une longue collaboration significative qui se termine en juin 2015.

En effet, le 1er juin prochain, les agents de prévention du SSP deviendront des employés de l’Université Laval. Quelques universités au Québec et en Ontario optent déjà pour cette avenue depuis plusieurs années. C’est entre autres le cas de l’École des technologies supérieures à Montréal, de même que l’Université de Sherbrooke, l’Université de Montréal, l’Université d’Ottawa ainsi que l’Université Carleton. Bien que la formule soit légèrement différente d’une institution à l’autre, il appert que la volonté de l’Université Laval consiste à ne plus avoir à transiger avec une firme externe dans la sélection des employés.

Quels sont les avantages d’opter pour l’embauche de son propre personnel? À priori, il semble que la raison principale soit la sélection des candidats, ce qui était impossible auparavant puisque l’Université Laval n’avait aucun droit de regard quant au choix des agents de prévention. Cette tâche incombait à l’agence de sécurité, qui devait assurer du personnel suffisamment qualifié pour ce contrat. Cette nouvelle mesure permettra également d’augmenter le niveau de rétention du personnel, ce qui influencera grandement la capacité d’intervention des agents. De plus, le sentiment d’appartenance qui se développera entre ces employés et leur nouvel employeur est non négligeable. Actuellement, lorsque l’on compare la situation d’ancienneté des agents de l’Université Laval avec ceux des autres universités, on constate qu’à l’Université d’Ottawa, la moyenne est d’environ 15 ans de prestation de travail comparativement à 2,5 ans pour l’UL. Dans le contexte où ces agents doivent assurer un rôle similaire à celui des policiers, on comprend que la profondeur, l’expérience et la capacité d’intervention soient des arguments de premier ordre, qui ont assurément permis à la direction de l’UL de rendre une décision favorable.

D’excellentes conditions de travail, comme un salaire plus élevé, un emploi stable, des avantages sociaux comme des vacances supplémentaires et un fond de pension, peuvent définitevement faire toute la différence. Le campus de l’UL est comme une petite ville dans une grande ville : on y retrouve des commerces, des débits de boisson, des résidences, des laboratoires, des ateliers, un centre sportif et j’en passe. Ce milieu de vie effervescent engendre une panoplie d’interventions, notamment des disputes conjugales, des introductions par effraction, des assistances médicales et des voies de fait. Bien que ce soit à une échelle moindre, on note plusieurs similitudes que l’on retrouve au Service de police de la Ville de Québec.

Le Service de sécurité et de prévention de l’Université Laval, comme plusieurs autres services de sécurité universitaires, est constitué à la manière d’un service de police de petite envergure auxquels on aurait ajouté des spécialistes en sécurité incendie, en matières dangereuses, en renseignement de sécurité, en mesures d’urgence et en stationnement. De plus, le secteur des enquêtes, qui compte deux enquêteurs à temps complet et qui agissent à titre de constables spéciaux, collabore activement avec le SPVQ sur de nombreux dossiers. La modernisation du métier d’agent de sécurité prend toute son ampleur dans un service comme celui de l’Université Laval, où la ressemblance du travail se rapproche de plus en plus à celui du travail de policier.

Les agents de prévention doivent maintenant faire face à des incidents d’envergure, comme un tireur fou, un incendie ou encore un déversement majeur de produit chimique. Bien que ce soit les policiers (ou l’équipe HAZMAT) qui sont mandatés pour intervenir dans ces situations, il n’en demeure pas moins que les premiers répondants sont les agents sur place. C’est dans de telles situations que la rétention du personnel jouera un rôle clé. Pourquoi? Parce que lorsqu’un appel sera logé au Centre de traitement des appels du SSP, l’expérience et la connaissance du terrain facilitera assurément le travail d’intervention des policiers. C’est ce que la direction de l’Université Laval espère lorsqu’elle fait mention d’augmenter la capacité d’intervention des agents en embauchant son propre personnel.