L’Égypte prolonge l’état d’urgence sur le Nord de la péninsule du Sinaï
Depuis quelques années déjà, la situation politique et sociale de l’Égypte s’est détériorée au point où différents dirigeants se sont succédés en peu de temps et où des conflits perpétuels ont lieu à travers le pays.
Le 24 octobre 2014, près d’Al-Arich, un kamikaze projette son véhicule rempli d’explosifs sur un barrage de l’armée faisant 30 morts et autant de blessés parmi les soldats présents. La réponse des forces de l’ordre est immédiate : le pays est déclaré en état d’urgence pour trois mois sur une zone s’étendant de la ville de Rafah à la frontière de la bande de Gaza palestinienne. L’évènement est décrit comme « l’attaque la plus meurtrière visant les forces de l’ordre depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 ». Le président a mentionné à la suite de cet acte terroriste que les forces policières allaient prendre les mesures nécessaires pour veiller à la sécurité de la population et des membres des forces armées. Un couvre-feu avait d’ailleurs été établi, allant de 17h à 7h le matin.
Afin de pouvoir continuer le combat contre les groupes djihadistes, l’État a décidé de prolonger cet état d’urgence sur la même zone mentionnée plus haut et désire agrandir sa zone tampon déjà en place. Cet élargissement implique la destruction de plus de 1200 habitations, ainsi que la déportation des familles concernées. L’armée veut ainsi empêcher que les groupes islamistes puissent circuler d’une frontière à l’autre et se rassembler pour préparer leurs attaques.
Il faut dire que cette crise dure en Égypte depuis le 25 janvier 2011 où des manifestations avaient eu lieu dans les villes du Caire, d’Alexandrie et de Suez, afin de réclamer des réformes sur le plan social et économique. La révolution tunisienne qui avait éclaté un peu avant cette crise égyptienne a servi de modèle à toute cette agitation au sein de la population d’Égypte. Cette journée du 25 janvier 2011 est d’ailleurs qualifiée de « Jour de la colère » étant donné que la population a décidé de se révolter en affichant publiquement son mécontentement et sa liste de revendications. Le conflit s’est alors étendu jusqu’à aujourd’hui, parsemé d’attaques terroristes en tout genre contre les forces de l’ordre, les citoyens ou encore les touristes. La pression est à son comble durant cette période où la population en majorité demande l’exclusion de tout parti islamiste et désire plus que tout une réforme au sein des politiques sociales et économiques, tel que demandé durant les premiers moments de crise du pays. À cet effet, 20 journalistes ont été arrêtés et accusés de soutenir des activités terroristes en janvier 2014 et trois d’entre eux seront condamnés à 7 à 10 ans de prison pour cause de soutien envers les Frères Musulmans.
L’Égypte n’est pas au bout de ses peines suite à cette histoire de divulgation de documents en lien avec la sécurité nationale Égyptienne par l’ancien président Mohamed Morsi. Ce dernier aurait livré au Qatar des documents contenant des informations importantes sur l’armée égyptienne, l’armement et le déploiement des troupes alors qu’il était encore au pouvoir. Cette affaire sera donc à suivre étant donné que l’ancien président frôle déjà de très près la peine de mort à cause d’une histoire de complot avec le mouvement islamiste palestinien. Les plans de l’armée et son fonctionnement mis entre de mauvaises mains pourraient fortement nuire aux tentatives des forces de l’ordre pour contrer les attaques des groupes islamistes.
La situation en Égypte reste aujourd’hui très instable, car des manifestations et attaques ont encore eu lieu lors du 25 janvier 2015. Plusieurs policiers et manifestants ont été blessés et tués lors de ce quatrième anniversaire de la rébellion. Des coups de feu ont été tirés au Caire et les policiers ont dû ouvrir le feu pour disperser la foule qui réclamait une nouvelle révolution. Des bâtiments ont été incendiés, des bombes ont explosé, des hommes ont même attaqué un barrage se trouvant près des pyramides. Cependant, l’attaque la plus meurtrière depuis le début de l’année reste celle du 29 janvier dans le Nord de la Sinaï alors que onze corps militaires ont été ciblés par plusieurs groupes islamistes. Le président Al-Sissi qui se trouvait en Éthiopie a dû rentrer au pays immédiatement pour diriger la réplique.
Étant donné la situation chaotique en ce moment, nous pourrions considérer que la police agit dans un cadre coercitif assez élevé où elle tente de réprimer et contrer les attaques survenant de toute part. Il est d’ailleurs difficile pour un corps policier d’être présent partout et de mettre un terme à toutes les activités criminelles ou réprimandées par l’État, car il n’y aura jamais assez d’agents pour tous les citoyens d’un pays, même d’une ville. En ce qui concerne l’Égypte, tant que l’État mis en place ne négociera pas avec ses citoyens pour tenter de calmer la population en colère, des attaques sanglantes auront lieu dans plusieurs villes, mais en particulier dans cette zone de la Sinaï où il est dit que des groupes islamistes y trouvent refuge. Selon une source israélienne, « le Sinaï est une frontière de paix depuis quarante ans, ce qui est un atout stratégique. Le chaos dans le Sinaï serait un cauchemar pour la sécurité d’Israël et l’économie du Sud du pays. » Il serait donc pertinent pour l’Égypte, ainsi que les pays baignant la Sinaï du côté opposé de prendre des mesures pour rétablir un climat de paix à la frontière de cette zone. La guerre entre les membres des confréries reliées à l’Islam et ses opposants n’est pas près de se terminer puisque les deux groupes tiennent à leurs convictions et veulent faire affirmer leurs croyances et leurs valeurs aussi loin qu’ils peuvent. Il ne reste plus qu’à espérer qu’une trêve pourra enfin avoir lieu afin que l’état d’urgence soit levé et que le pays retrouve un climat de paix plus approprié.
Florine B.