Sécurité renforcée à Boston

Lundi, 15 avril 2013, 14h50, une première bombe artisanale explose sur Boylson Street, Boston, tout près de la ligne d’arrivée du 117e marathon de Boston, où près de 27 000 marathoniens participent à la course. Seulement 13 secondes à la suite de l’explosion, une deuxième bombe artisanale explose à peine quelques mètres plus loin. Les bombes étaient dissimulées à l’intérieur de deux sacs à dos banals, déposés par terre, au milieu de la foule. Trois personnes y laisseront leurs vies, dont une étudiante de 23 ans et un garçon d’à peine 8 ans, et 180 autres personnes seront blessées. Le nombre aurait pu être plus élevé si le marathon n’en était pas à ses derniers instants, les gagnants ayant déjà terminé la course deux heures plus tôt. Ironie de la situation, le marathon soulignait les tristes événements de la tuerie de Sandy Hook. Après une poursuite de plusieurs jours, les deux auteurs du crime sont retrouvés. Tamerlan Tsarnaïev est abattu lors d’une fusillade au MIT. Son frère et coauteur des attentats, Djokhar Tsarnaïev, est retrouvé peu de temps après, à la suite d’une longue chasse à l’homme avec la participation de 9000 officiers, dont des membres de l’armée et du FBI. Il est présentement détenu et sera accusé de 30 chefs d’accusation, dont 17 qui le rendent passible à la peine de mort.

Ce n’est pas sans étonnement que le 118e marathon de Boston a eu lieu le 21 avril dernier. Un nombre impressionnant de 36 000 coureurs ont pris part à la course et le double des spectateurs (environ 500 000) était présent lors de l’événement. Des chiffres impressionnants vue le passé trouble du marathon. Cependant, une différence majeure se faisait ressentir comparativement aux années antérieures : le niveau de sécurité était beaucoup plus élevé. Rien d’étonnant considérant les événements passés, mais aussi considérant les menaces auxquelles doivent faire face des organisations reconnues de ce genre. On pense, entre autres, aux nombreuses menaces qu’a reçues la Russie concernant des attentats lors des Jeux Olympiques de Sochi. De plus, un fait important à noter : moins d’une semaine avant le marathon, deux sacs à dos suspects ont été repérés près de l’endroit où les attentats de 2013 ont eu lieu. Après vérification, le colis n’était pas menaçant, mais le suspect fût arrêté pour avoir troubler la paix. Cette menace est survenue le 15 avril, un an jour pour jour après les tristes événements.

Lors du 117e marathon de Boston en 2013, les mesures de sécurité nécessaires pour un événement de cette envergure étaient déployées. Plusieurs policiers et agents spéciaux (entre autres du FBI) étaient présents un peu partout sur les lieux. Des chiens renifleurs de bombes étaient aux lignes de départ et d’arrivée. Le dispositif général de sécurité est appliqué adéquatement. Pourtant, le drame que l’on connaît est tout de même survenu. C’est pourquoi le niveau de sécurité du 118e marathon a été très renforcé lors de l’événement. Plusieurs règles de sécurité ont été instaurées autant au niveau des coureurs que des spectateurs. D’abord, les coureurs étaient interdits de sacs à dos. Les marathoniens ont eu droit à un sac de plastique transparent à la fin de la course, distribué par l’organisation, afin de mettre leurs effets personnels. Du côté des spectateurs, le même principe était appliqué : pas de sacs à dos, pas de glacières, ni même de couvertures. D’autres mesures similaires à celles retrouvées dans les aéroports étaient aussi appliquées. En conséquence, il était interdit pour les spectateurs d’apporter des contenants de plus d’un litre ainsi que des objets qui pourraient servir d’armes, par exemple des couteaux et des bâtons. De plus, un contrôle de sécurité était dressé tout au long du parcours, augmentant la sécurité des coureurs, mais aussi celle des spectateurs (voir photo). Un autre changement important : le double de policiers était sur place, soit près de 3 500 policiers. Un nombre assez impressionnant sachant que l’effectif du Boston Police Departement (BPD) comptait 2 907 policiers en date du 1er janvier 2014. Avec l’aide de différents départements de police, ils ont su prévenir les dangers, maintenir l’ordre et assurer la sécurité de leurs citoyens, rôle primordial d’un policier. Ceci a eu comme impact un sentiment de sécurité, ainsi qu’une bonne qualité de vie pour tous. On peut dire mission accomplie d’après plusieurs participants, dont Claire Duplissis, mère d’une participante, qui mentionnait se sentir «en sécurité. Ils ont pris assez de mesures». Afin de les aider, la garde nationale était aussi présente. La garde nationale est une force militaire de réserve faisant partie de l’Army National Guard, qui est un croisement entre le U.S. Army (aussi appelé l’Armée de terre américaine en français, l’équivalent de l’Armée canadienne), ainsi que du US Air Force (l’équivalent américain de l’Aviation Royale canadienne). On peut donc dire que l’armée américaine était présente sur les lieux, encore une fois comme lors des Jeux Olympiques de Sochi avec l’Armée russe. Finalement, ces officiers étaient aussi accompagnés d’environ 3 500 agents de sécurité privés provenant d’agences à contrat, tous embauchés par les organisateurs du marathon. L’effectif de sécurité était donc bien présent lors de l’événement. En plus de toute cette sécurité, une technologie de surveillance à été implantée en grande quantité : les caméras de surveillance. Notons que ce sont des caméras de surveillance qui ont l’an dernier, permis de retracer les auteurs du double attentat. Cette technologie est en effet une des plus populaires au niveau policier. Bref, Deval Patrick, gouverneur de l’État du Massachusetts où se situe Boston a été clair dans ses propos peu de temps avant l’événement : « Nous sommes très vigilants, très bien préparés. On peut assurer aux gens que ce sera un jour de fête, et une journée sûre».

Image

Un autre type de sécurité, celui-ci un peu plus informel, se faisait sentir sur les lieux : les participants et spectateurs eux-mêmes. Depuis les agressions, un nouveau phénomène a vue le jour : le «Boston Strong». Suite aux événements, la communauté a voulu démontrer la force qu’ils ont ensemble et faire savoir que personne ne peut leur faire du mal. Un spectateur, Rudy Duplissis, a déclaré à une journaliste que «Ici, nous ne laisserons pas les terroristes gagner. Nous revenons, ils ne vont pas nous arrêter». Une autre participante, amputée sous le genou suite aux attentats, est venue encourager deux inconnus qui, à la suite de l’explosion, l’ont secourue et sont par ailleurs devenus amis. Ils sont tous ensemble venus démontrer leur détermination en se présentant au marathon. Le «Boston Strong» est ainsi devenu un phénomène social, afin de démontrer la force et le courage de tous. Il est par le fait même devenu une forme de sécurité, en regroupant la population, en leur donnant un sentiment d’appartenance ainsi qu’un sentiment de protection envers les uns les autres. Le vainqueur du marathon de 1968 mentionnait : « Nous voulons montrer que l’esprit du coureur est très résistant et fort. Cette année nous revenons plus nombreux et meilleurs que jamais». Même les magasins, hôtels et restaurants arboraient les banderoles et panneaux du phénomène. Tous faisaient partie de cette manifestation.

L’expression «on n’est jamais trop prudent» résume bien toute la sécurité déployée par les organisateurs et la ville de Boston pour ce 118e marathon. La sécurité était présente autant d’un côté formel avec la plus grande présence d’officiers, des mesures de sécurité renforcées et des technologies de surveillance en grande quantité. La sécurité était aussi présente à un niveau plus informel, soit par la surveillance et le sentiment d’appartenance de la communauté. Rien n’était pris à la légère du côté de la sécurité des participants et des spectateurs. Il va s’en dire qu’il a malheureusement fallu qu’un événement d’envergure arrive afin que les mesures nécessaires soient reprises et améliorées. Cependant, l’alerte au colis suspect survenue une semaine avant le marathon a justifié l’ampleur de toute la sécurité renforcée. Suite au succès qu’a obtenu ce 118e marathon de Boston, souhaitons que l’événement continue dans cette lignée. Mais malgré les menaces, il y a peu d’inquiétude à avoir avec les nouvelles technologies de pointe et tactiques de sécurité qui ne cessent de se développer.