Nouveau code de conduite pour les policiers cubains
Mise en contexte
Il est de connaissances communes, au Québec, que les policiers possèdent un code de déontologie qui dicte la conduite qu’ils doivent adopter dans l’exercice de leur fonction. La nature de ce code permet de protéger les citoyens contre les actes inappropriés que les policiers pourraient poser dans le cadre de leur travail. Il permet aussi d’assurer une pratique plus ou moins standardisée pour tous les policiers de la province, ce qui assure aux citoyens la réception d’un service équivalent, peu importe l’endroit où ils se trouvent sur le territoire de la province de Québec. Toutefois, si ce type de législation nous semble évident et automatique ici, il n’en va pas de même partout dans le monde. Effectivement, plusieurs pays se retrouvent avec des services de police à la merci de la corruption. Si on prend Cuba, par exemple, le système de services de police est complètement différent de celui auquel nous sommes habitués. D’ailleurs, si on fouille un petit peu sur Internet, on tombe rapidement sur des histoires de corruption et de violence policière gratuite contre les touristes qui ne donne pas du tout envie de visiter ce pays. Toutefois, on retrouve également le même nombre de témoignages de gens qui disent qu’ils n’ont rien à reprocher à cette police, alors il est difficile de savoir qui croire.
Lorsqu’on regarde plus attentivement les déclarations d’organismes officiels, on se rend compte, par exemple, que selon l’indice de perception de la corruption de 2013 publié par Transparency International (une coalition contre la corruption) Cuba se retrouve au 63ième rang des pays les moins corrompus, à égalité avec Ghana et l’Arabie Saoudite (le Canada étant pour sa part au 9ième rang). On peut également regarder le rapport du 38ième Congrès de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui s’est tenu en mai 2013 et durant lequel la question du respect des droits humains à Cuba s’est posée. Selon ce rapport, la FIDH mentionne que, malgré que la situation se soit légèrement améliorée depuis quelques années, il n’en demeure pas moins que Cuba est le pire pays d’Amérique latine au niveau des droits civils et politiques.
Nouvelle loi cubaine
Bref, tout ceci permet de remettre en contexte l’annonce surprenante qui a été faite par le quotidien officiel cubain et repris dans un article de la presse. Cet article démontre que la situation cubaine est une toute autre réalité que celle que nous vivons au Canada et l’article mentionne la préparation de la nouvelle loi sur «les fonctions et services policiers» par le gouvernement cubain. Effectivement, selon les propos du général Leonardo Andollo, vice-président du comité de suivi des réformes politiques et économiques, cette nouvelle loi permettra de mettre sur pieds une institutionnalisation du travail des policiers dans le but ultime de «garantir la sécurité citoyenne». En permettant de mettre en place des concepts clés de l’activité policière, comme le respect de la Constitution et des lois, ainsi qu’un comportement empreint de professionnalisme, d’éthique et d’humanisme, la loi en préparation permettra d’assurer, toujours selon les dire de M. Andollo, l’ordre public, la protection des droits de la population et la coopération inter-organismes étatique, tout en renforçant «l’autorité, la protection et l’assise légale des forces de l’ordre».
Autre fait intéressant de cette loi
Il est également intéressant de noter que l’annonce de la préparation de cette loi s’est fait le lendemain d’un appel radio faite par le ministère de l’Intérieur à l’intention de la population afin de solliciter l’aide des citoyens pour la résolution d’un triple meurtre qui avait été commis quelques jours plus tôt dans la capitale cubaine. Ce qui est intéressant dans ce fait, c’est que, bien que l’idée de la collaboration entre les médias et les services de police nous semble être un élément particulièrement naturel ici au Canada, ce n’est pas du tout le cas à Cuba. En effet, en temps normal, l’État est très opaque en ce qui concerne la criminalité et ses statistiques. Rien de ce genre n’est publié dans les médias, qui sont d’ailleurs contrôlés par l’État lui-même. Or, dans les objectifs de la nouvelle loi, on retrouve un désir de «coopération avec les organismes d’État, les entités économiques, les institutions sociales et la population», ce qui pourrait nous laisser présager certains changements sur l’utilisation des médias faite par les autorités et peut-être même un espoir de davantage de transparence de la part de l’État. Il est toutefois impossible de se prononcer de manière officielle sur le sujet étant donné que la loi en est encore à son étape de préparation; il sera cependant intéressant de voir comment les choses pourront évoluer.