L’application de la police communautaire, réalité ou fiction?
Au début du mois d’avril 2014, le Service de police de la Ville d’Ottawa a annoncé qu’il serait possible qu’il ferme ses postes de police communautaire. Les postes communautaires desservent plusieurs secteurs de la ville. Le Service de police explique cette possibilité de fermeture en soutenant qu’il tente de déterminer si les ressources financières qui financent les postes communautaires ne pourraient pas être investies dans un autre domaine, comme la patrouille de rue. En effet, l’argent servirait à affecter plus de policiers dans les rues. Présentement, ces postes servent, entre autres, à la traite des demandes des citoyens, surtout en rapport à la sécurité de la communauté. Le coût des postes communautaires de la Ville d’Ottawa est estimé à 180 000$ par année. Depuis le début des années 1980, le Service de police a ouvert 15 postes et il en reste maintenant 14, celui de Herongate a déjà fermé ses portes. L’annonce de la possibilité de fermeture des postes communautaires a soulevé la communauté et les réactions de plusieurs citoyens. Quelques-uns expliquent qu’il est rassurant d’avoir un poste de quartier à proximité où ils peuvent obtenir de l’aide ou de l’information. Depuis la fermeture du poste de Herongate, les citoyens se disent plus méfiants et beaucoup plus inquiets qu’ils l’étaient auparavant. Pour sa part, le Service de police de la Ville d’Ottawa dit vouloir encore s’accorder du temps avant de prendre une décision dans le but de bien analyser la situation.
Tout d’abord, il importe de souligner la possibilité que les fonds destinés aux postes communautaires soient dorénavant orientés vers la patrouille de rue dans le but d’augmenter leurs effectifs. Il s’agit d’une initiative qui peut sembler très prometteuse lorsque les citoyens lisent ou entendent cette affirmation. Ils se disent sûrement que plus de patrouilleurs dans les rues va sûrement réduire le taux de criminalité dans les quartiers. Toutefois, l’expérience de Kansas City sur la patrouille préventive effectuée en 1972 a prouvé que plus de patrouilles en voiture et la rapidité de réponse aux appels policiers n’ont aucun effet sur le taux de criminalité des quartiers. On est alors en droit de se demander s’il ne serait pas préférable de garder les postes communautaires qui ont un impact important sur le sentiment de sécurité des citoyens, au lieu de rediriger le financement vers une initiative qui a été démontrée comme étant inutile. De plus, les postes de quartier à Ottawa ont eu un effet de réduction de la criminalité en raison de la coopération des citoyens avec les policiers et en raison de la proximité de ses derniers avec les partenaires de la communauté.
D’un autre point de vue, le Service de police de la Ville d’Ottawa énonce sur son site internet que les postes de services communautaires sont un élément essentiel de leur philosophie de partenariat avec la communauté et de leur mission. Nous savons, par ailleurs, que la police a pris le tournant de la police communautaire au cours des années 80. Il est clair que les objectifs visés pas une police plus communautaire se reflète sur le site internet, dans les postes de quartier et dans les discours que portent les agents de la paix d’Ottawa. Cependant, il est important que ce tournant communautaire ne soit pas qu’une belle apparence dans le but de rassurer les citoyens, mais bien une initiative concrète qui a pris son essor et qui se doit de rester puisqu’elle a démontré des résultats positifs. En éliminant les postes communautaires, il est clair que le Service de police devra réviser sa philosophie d’intervention, ainsi que les moyens employés pour assurer la réussite de sa mission.
Comme dernier point, je me dois de mentionner l’intérêt de la question de la peur du crime. Ce concept de peur du crime est apparu un peu avant l’avènement de la police communautaire et ce concept est l’une des raisons de l’existence du modèle communautaire de notre police contemporaine. Comme mentionné dans l’article, les citoyens se sentent beaucoup plus en sécurité lorsqu’il y a un poste de quartier fixe à proximité, où ils peuvent aller en sachant exactement ce qu’ils y trouveront. Ceci est beaucoup plus rassurant que d’avoir plus d’effectifs au sein de la patrouille de rue, mais que les citoyens ne sachent pas nécessairement où se trouvent ces effectifs, car ils sont constamment en mouvement.
En résumé, la question de la fermeture des postes communautaires est cruciale en ce qui concerne l’application de la philosophie que le Service de police de la ville d’Ottawa dit prôner.