L’affaire Robert Dziekanski

Le 14 octobre 2007, Robert Dziekanski âgé de 40 ans arrive à l’aéroport de Vancouver. Ce Polonais rendait visite à sa mère avec l’intention de s’installer à Kamloops, en Colombie-Britannique. Son vol est retardé et il a des difficultés au débarquement, en partie dues à des problèmes linguistiques. Après plusieurs heures d’attente frustrante, incapable de se faire comprendre, il s’impatiente et tente de forcer une porte du service des douanes. Quatre agents de la Gendarmerie royale du Canada interviennent et devant la « menace » de M. Dziekanski qui tient une brocheuse, ils utilisent leurs Tasers à cinq reprises. Ce dernier tombe au sol, crie de douleur et meurt sur le coup. L’événement a fait beaucoup de bruit parce qu’un témoin a filmé la scène et l’a publié sur internet. La vidéo montre clairement un Robert Dziekanski désemparé, frustré de ne pouvoir se faire comprendre. Et d’un autre côté, les agents de la GRC l’appelant au calme dans une langue dont il ne comprenait rien et devant son refus d’obtempérer, utilisant une force excessive.

Les procureurs de la Colombie-Britannique avaient blanchi les agents de la GRC, estimant qu’ils avaient agi «raisonnablement». Cependant, le président de la commission d’enquête, Thomas Braidwood, estime que les policiers ne pouvaient raisonnablement croire que Dziekanski représentait une menace lorsqu’il s’est emparé d’une agrafeuse au cours d’une confrontation à l’aéroport. Selon le commissaire, l’explication des agents pour justifier l’usage de la force n’est pas crédible.

Après avoir étudié les recommandations du juge Thomas Braidwood au terme d’une enquête entourant l’usage de Taser dans cette affaire, le procureur Richard Peck affirme dans un communiqué que de nouvelles informations dévoilées récemment doivent être prises en considération. Il estime que le procureur général de la Colombie-Britannique doit réviser sa décision de ne pas poursuivre les quatre agents de la GRC impliqués dans la mort de Robert Dziekanski en 2007. La révision a été faite, et ce n’est qu’en 2011 que le ministère du Procureur général de Colombie-Britannique déposa des accusations de parjure contre les quatre agents de la GRC impliqués dans le décès de Robert Dziekanski.

L’an dernier, en 2013, l’un des trois membres de la GRC, Bill Bentley, a été déclaré non coupable. Cependant, dans un récent communiqué on apprend que la Couronne a porté le dossier en appel. La théorie de la Couronne est que les policiers ont travaillé ensemble le soir de la mort de M. Dziekanski afin de concocter une histoire à raconter aux enquêteurs, puis qu’ils ont menti durant l’enquête publique afin de cacher leur collusion. Les procureurs affirment que le juge n’a pas considéré les preuves de façon appropriée et n’a pas appliqué la loi correctement. Les trois autres policiers aussi accusés de parjure attendent toujours leur procès.

Le Taser

48005-10-fusils-taser-police-quebecLe taser est un pistolet électrique donnant des décharges de 50 000 volts à une distance de 5 à 10 mètres ou corps à corps. La mort de Robert Dziekansky représentait le 17e décès au Canada depuis l’acquisition des premiers pistolets à impulsion par la GRC, en 2001. Après ce drame, la GRC a dû revoir ces politiques d’usages. En effet, le juge Braidwood n’est pas allé jusqu’à recommander l’interdiction de ces pistolets, mais il a suggéré que les autorités policières encadrent plus rigoureusement leur utilisation. Cependant la province de l’Ontario ne semble pas avoir pris en considération les recommandations. En effet, les services de police ontariens veulent équiper tout leur policier d’un pistolet à décharge électrique. Notons que le port de cette arme est pour l’instant réservé aux superviseurs et aux agents spécialisés, comme les membres des groupes tactiques par exemple. L’ancien président de la Commission des plaintes du public contre la GRC, Paul Kennedy, a offert une mise en garde à l’Ontario. L’arme à impulsion devrait être un outil de dernier recours lors d’une intervention policière. La société du risque tel qu’inventé par Ulrich Beck, montre que la façon de contrôler le crime s’est transformée dû à l’attraction des technologies de sécurité. Le taser est presque devenu le premier outil auquel les agents pensent lors d’un conflit. Le policier ne doit pas dégainer son Taser dès qu’il y a une menace, mais bien avoir recours à la communication. Dans le cas présenté, la communication était difficile, mais la menace n’était pas présente. De nos jours, nous ne sommes plus à la recherche de solutions, mais bien d’évitement. La réponse facile et rapide est utilisée dans la majorité des cas.