La police new-yorkaise se fait prendre à son propre jeu
Les médias sont au cœur des activités quotidiennes d’une grande partie de la population, que ce soit pour certains les nouvelles télévisées, pour d’autres internet ou encore le bon vieux journal, chacun y trouve sont compte. Cependant, internet regroupe la majorité des gens et environ 86 % de la population ont accès à internet au Canada. En outre, établir un contact est facile et très accessible. De surcroît, ce contact s’établit autant de personnes à personne, tel que mentionné dans l’article Facebook… « j’aime », de Julie Trottier qui raconte l’histoire d’une jeune fille supposément victime d’une attaque au couteau popularisant son histoire sur Facebook et un contact s’établit également entre des organisations ou entreprises à personne/client. Internet est également utilisé par l’organisation policière vers la population, comme l’événement récent « tenté » part la police de New York. Ce court article résumera la tentative de l’opération de communication pour ensuite faire l’analyse de l’utilisation des médias par le service de police de New York.
C’est le 22 avril 2014 que la police de New York (NYPD) demanda aux citoyens de cette même ville de « poster » des photos d’eux avec des agents de police sur Twitter (#myNYPD) en affirmant par la suite que les meilleures images pourront être affichées sur leur page Facebook. Au départ, des photos de citoyens encadrés d’agents de police new-yorkais étaient envoyées par les gens.
Cependant, le vent a vite tourné et des photos montrant des arrestations musclées, de la violence envers des manifestants, etc. ont rapidement pris le contrôle de ce « hastag (#myNYPD ) ». Le groupe anonymous actif dans la défense des droits et la liberté d’expression s’en est même mêlé, baptisant ainsi le NYPD le « Blue Klux Klan » en référence au Klu Klux Klan lors de la ségrégation des noirs aux États-Unis.
Le mouvement Occupy Wall Street qui manifeste contre les inégalités économiques depuis 3 ans s’y est aussi mis de la partie. En effet, ils ont encouragé tous les citoyens de différentes villes américaines à « poster » des photos dénonçant la violence policière. En tout, de Los Angeles, Boston, Oakland, Toronto, 70 000 photos ont été publiés sous le « hastag » de la police de New York.
La relation entre les médias et la police n’est pas récente. Tout d’abord, il y a l’aspect où les deux obtiennent un bénéfice en travaillant en partenariat. Les médias utilisent les nouvelles pour gagner et garder leurs auditeurs ou lecteurs. Quant aux organisations policières, ils utilisent les médias pour quatre objectifs principaux. Tout d’abord, ils l’utilisent à des finalités de relations publiques. Cela comprend la recherche d’occasion de présentation positive, l’invitation des médias à des « ride-alongs », l’avertissement des médias avant les opérations assurées ou lors d’événements communautaires et le maintien de bonnes relations avec les membres des médias. Ensuite, on y retrouve comme deuxième but, l’aide à l’enquête, c’est-à-dire l’utilisation des médias pour seconder les enquêtes, soit pour rechercher un criminel, pour diffuser une série d’images enregistrées ou encore demander de l’aide au public. Le troisième objectif est celui du prestige organisationnel. Il consiste à présenter une image prestigieuse (mégasaisies de drogues, criminels importants, etc.), un message au sujet de la police, de sa mission, des dangers et de mettre en valeur les nouvelles technologies d’expertise. La dernière catégorie est celle des ressources organisationnelles. En d’autres termes, il s’agit de faire passer des messages sur les « besoins » des organisations policières. Il est donc possible de conclure que cette stratégie de communication utilisée par la police de New York s’inscrit dans une finalité de relations publiques. En effet, cette dernière avait comme objectif d’améliorer leur image au sein de la population en présentant des photos inspirant la bonne humeur, la confiance et la sécurité. En outre, c’est une façon très facile et rapide de le faire, car elle rejoint une énorme partie de la population en très peu de temps.
Cependant, comme il est possible de le remarquer dans ce cas, la collaboration entre les médias et les organisations policières peut, par contre, aussi engendrer des conséquences négatives. En premier lieu, il peut y avoir une création d’attentes démesurées face à cette dernière. En outre, il y a un risque de constat public d’échec et pour finir, un effet « backfire », c’est-à-dire un effet contre-productif, les médias assoiffés d’histoires policières peuvent également tirer profit de bavures, abus ou corruption policières. Dans le cas du NYPD, il est question d’un risque de constat public d’échec. Effectivement, l’envoi des photos d’interventions utilisant la violence ou le matraquage des manifestants expose le comportement peu flatteur des agents du département de police. De surcroît, les citoyens ont sauté à pieds joints sur cette occasion de s’exprimer publiquement et aussi efficacement sur les méthodes employées par la police de New York. Bien qu’au départ l’idée ait été bonne, le département de police a oublié de prendre en considération un facteur : le contrôle. En effet, sur une page publique comme Twitter il n’y a pas de filtre pour déterminer ou choisir ce qu’on veut voir apparaître sur « notre » page. Pour entamer un nouveau départ du service de police, l’utilisation des réseaux sociaux est une bonne idée, cependant, c’est un gros premier pas. En effet, de petits changements auraient pu être effectués avant cela pour ne pas créer une telle polémique sur le réseau internet. Par ailleurs, la campagne de communication s’inscrit dans un désir de changement récemment mis à l’avant par le nouveau chef de la police de New York, Bill Bratton. Sans compter la dissolution récente de l’Unité de surveillance des musulmans qui s’inscrit dans ce même désir. Cette unité était un symbole très fort des méthodes policières critiquées. De plus, tel discuté dans l’article de Myriam Sauvé, Stop and Frisk : une pratique contestée, M. Bratton affirme aussi la possibilité de réduire la fréquence de cette pratique controversée ce qui est totalement à l’inverse de la façon de penser précédente.
Pour tout dire, la tentative faite par le NYPD est très intéressante puisqu’elle tente de se rapprocher des citoyens et de redorer son image pour se donner en quelque sorte un nouveau départ avec son chef de police Bill Bratton que l’on connaît depuis peu de temps. Il est donc possible d’en venir à la conclusion que la relation média-police est totalement imprévisible. Elle peut tant apporter des avantages que des inconvénients. Bien que l’opération soit tournée au vinaigre et que le département de police soit devenu la risée de tout l’internet, cela a permis aux gens de défouler leur colère et de lancer un message assez clair à la police new-yorkaise. Cependant, cette situation apporte à se questionner sur l’opinion publique. En effet, peut-on affirmer que les citoyens sont prêts à absoudre les anciennes méthodes policières utilisées et se laisser porter par une confiance envers le département de police de New York ?