Opération anti-drogues: les serres intérieures, un nouvel enjeu.
C’est une nouvelle réussite dans le combat contre la drogue que les policiers de la Sécurité du Québec ont connu ce mercredi 23 avril 2014. C’est une opération lancée à la grandeur de toute la province qui a été mise en route et qui a permis l’arrestation de vingt-deux personnes et la saisie de 13 000 plants de cannabis, une quantité énorme, dans une quarantaine de serres intérieures. Ce n’est pas moins de 500 policiers de la Sûreté de Québec qui ont pris part à cette opération. Les serres se trouvaient dans l’ensemble de la province du Québec, les policiers ont donc travaillé en collaboration avec les services de police de Québec, de Lévis, Châteauguay, de Longueuil ou encore de Roussillon.
Le cannabis n’est pas la seule marchandise saisie. Il est en effet également question de plusieurs armes à feu, de matériel servant à la production et au trafic avec par exemple 800 lampes. Au final, plus 47 personnes ont été arrêtées. Le capitaine de l’escouade régionale a expliqué en point de presse que ce sont les enquêtes policières qui ont permis de constater une migration des plantations extérieures vers les plantations intérieures dans les maisons privées.
En effet, cette opération entre dans le cadre du programme Cisaille 2.0, c’est-à-dire la prolifération des serres intérieures. Le premier projet de ce programme Cisaille fut lancé en 1999. Il visait alors la déstabilisation des organisations criminelles orientées vers la production et la distribution de marijuana. Toutefois, il était question à l’époque de serres extérieures. C’est tout un travail de coopération avec d’autres corps de police ou autre qui a été mis en place depuis cette date. Un des objectifs principaux de ce programme est notamment de consigner l’information afin de pouvoir analyser la criminalité dans ce domaine. Avec le programme Cisaille 2.0, c’est une actualisation qui a été réalisée en raison de l’augmentation des serres intérieures au Québec. Les policiers invitent par exemple les propriétaires à la vigilance lorsqu’il décide de louer leur résidence ou leur chalet à des inconnus, car le propriétaire doit assumer les coûts de réparation en cas de dégât ou de saisie de la résidence, les assureurs ne remboursant pas les dommages !
La culture en serre représente un réel avantage pour les producteurs. Elles permettent d’assurer une production pendant toute l’année et donc de ne pas subir les désavantages liés à la météo ou aux grandes vagues de froid. Ce sont tous les investissements réalisés qui sont rentabilisés rapidement et toute l’année. Les installations sont alors dissimulées au sous-sol des maisons à l’apparence très normales. Ainsi, la Sûreté de Québec travaille avec Revenu Québec ou encore Hydro-Québec pour réduire l’expansion du phénomène de production et de trafic au Québec. Cette manière de procéder rentre en effet en lien direct avec la collaboration qu’effectue avec la SQ. L’électricité est volée pour alimenter les cultures et Hydro-Québec a pu relever 500 cas de vol d’électricité en 2013 avec une grande partie liée à la prolifération des serres intérieures. Ce moyen de contourner le système d’alimentation en électricité est très rentable pour les producteurs qui n’ont pas à payer des sommes importantes. De plus, cela leur permet de ne pas être démasqués rapidement, leur facture n’augmentant pas de façon suspecte. Les employés de la sécurité industrielle d’Hydro-Québec travaillent donc en collaboration avec les policiers afin de trouver les voleurs d’électricité.
Une fois encore, cette mobilisation traduit la volonté de combattre le trafic de drogue, un trafic qui s’amplifie partout au Canada et au Québec en particulier. Cela rentre dans le cadre de la Stratégie nationale antidrogue mise en place en 2007 par le gouvernement du Canada dont le but est la lutte contre les entreprises de production et de distribution de drogues illicites. Il est également question de renforcer les capacités des forces policières de lutter contre les installations de culture de marijuana. C’est donc un enjeu prioritaire auquel les policiers de la province dédient une large partie de leur travail d’analyse et de leurs opérations. Enfin nous soulignons l’importance de l’effort conjoint mis en place dans ce type d’opérations et la collaboration indispensable à la réussite des policiers.