Opération charme de la GRC auprès de musulmans

En mars dernier, le sergent Dereck McDonald de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a rendu visite aux musulmans dans le centre communautaire converti en mosquée de Toronto. La rencontre a débuté par une prière. Ensuite, le sergent a distribué des cartes professionnelles, des poignées de main et il a même essayé des mots en arabe. Ce n’était pas la première visite du sergent McDonald, il visite des dizaines de mosquées par année. Son rôle est de faire disparaître le climat de méfiance, qui règne dans ces communautés, envers les autorités. (Radio-Canada)

140330_9z02j_grc-mosquee_sn635De plus, la GRC n’envoie pas que des agents dans les mosquées et les écoles musulmanes de Toronto, elle envoie régulièrement des agents côtoyer des musulmanes partout au Canada. Ces rencontres ont comme objectif de créer des liens amicaux avec la communauté musulmane, c’est ce qui pourrait prévenir de futurs attentats terroristes. La GRC saisit toutes les opportunités, puisque le contact avec les musulmans est un outil primordial pour aider les agents de la GRC à avancer dans leurs enquêtes sur le terrorisme. S’ils manquent ces occasions, les résultats peuvent être catastrophiques. Les agents de la GRC ne veulent pas créer des espions dans la communauté, ils veulent seulement des alliés quant à la lutte contre le terrorisme. Ils ont besoin de leurs yeux et de leurs oreilles afin de prévenir de futurs attentats. Cette nouvelle «force» de la GRC se caractérise par les sourires, l’humour et le contact personnel. La communauté musulmane se voit alors confier la responsabilité de déceler ce qui est étrange et de prévenir les autorités si des complots d’attentats terroristes prennent forme. C’est d’ailleurs grâce à la vigilance d’un individu que la GRC a réussi à prévenir un attentat l’an dernier. (Radio-Canada)

En effet, le 22 avril 2013, grâce à la collaboration des musulmans, la police fédérale, ainsi que les services de renseignements, ont arrêté deux présumés terroristes qui prévoyaient faire dérailler un train de passagers de Via Rail dans la région de Toronto. Dans cette affaire, les autorités ont mentionné que sans l’avertissement initial de la communauté musulmane, les autorités n’auraient pas pu procéder à l’arrestation de ces deux terroristes. (Radio-Canada)

Malgré ces opérations, la méfiance persiste. Certains musulmans craignent des mesures injustes envers eux et craignent une nouvelle forme de profilage raciale. Dans leur pays d’origine, ils ne peuvent jamais vraiment faire confiance aux policiers. De plus, ils ont peur d’être perçus comme des traîtres s’ils entretiennent des relations avec les policiers. Toutefois, d’autres y voient du bon tant que la GRC ne contrevient pas aux intérêts de leur communauté. C’est pourquoi la police fédérale a décidé de procéder autrement et de donner des ateliers aux jeunes dans des écoles de confession musulmane. Toujours dans le but de prévenir et de créer un lien de confiance, les jeunes jouent aux enquêteurs. Le but de cette rencontre n’est en aucun cas de parler de terrorisme, c’est simplement de s’amuser. Ces efforts semblent porter fruit, puisque les jeunes comprennent davantage l’utilité de la police et certains voudraient même en faire une profession. (Radio-Canada)

En premier lieu, il est important de saisir que la Gendarmerie Royale du Canada ne fournit pas de service de police provinciale ou municipale en Ontario et au Québec. Cependant, la GRC a comme responsabilité première la prévention ainsi que la détection d’activités criminelles liées au terrorisme partout au Canada. Donc, elle vise la sensibilisation à la sécurité nationale de toutes les communautés ethniques, culturelles et religieuses. C’est pour cette raison qu’elle envoie des agents dans les écoles et les mosquées musulmanes partout dans le pays, même en Ontario et au Québec. De plus comme nous avons pu le constater dans l’article «policier ou super policier ?», le modèle de police axé sur la communauté devient le modèle généralement employé par les différents corps de police au Canada. En effet, lorsqu’on parle de police communautaire, on fait référence au terme «proaction», «partenariats», «responsabiliser», «proximité», «communauté», etc. Ce langage décrit bien l’initiative que la GRC a prise quant aux communautés musulmanes. Premièrement, la GRC agit «proactivement», puisqu’elle crée des liens amicaux avec les musulmans afin de prévenir de futurs attentats. Deuxièmement, c’est une police de proximité, puisqu’elle se tient au courant de ce qui se passe dans les communautés musulmanes afin de réussir à déjouer un attentat futur. Troisièmement, la GRC invite la communauté musulmane à prendre part à la «responsabilité» de la protection de la sécurité nationale, puisqu’ils sont aussi concernés par les attentats que tous les autres citoyens. Ainsi, la protection de la sécurité nationale pour qu’elle soit efficace, elle exige la sensibilisation et la participation active de tous, puisqu’il s’agit d’une responsabilité partagée. Quatrièmement, la « communauté » est le champ d’application de la GRC. La police intervient dans un espace social et non physique ou juridique. La GRC est consciente d’intervenir dans un réseau de contrôle préexistant. C’est ce qui l’insiste à utiliser une approche amicale avec les musulmans.

En deuxième lieu, j’aimerais vous faire part de mon opinion à ce sujet. Je crois que c’est une bonne initiative de la part de GRC. Je suis convaincue qu’il est préférable d’aller sur le terrain afin de tisser des liens avec diverse communauté culturelle, ethnique et religieuse. Plutôt que de faire comme la police de New York (NYPD) en considérant toutes les mosquées comme potentiellement terroristes. Contrairement à notre police plus communautaire, le NYPD est axé sur le maintien de l’ordre, l’application de la loi et le renseignement. Au Canada, c’est en prenant part à des activités avec les musulmans et en créant des liens que la GRC a pu contrer un attentat terroriste. Cette stratégie est beaucoup moins drastique et nécessite beaucoup moins de temps que le NYPD, puisque ceux-ci enquêtent sur un nombre incalculable de musulmans innocents. De plus, la police de New York ne fait qu’ agrémenter la méfiance des musulmanes. Il ne faut pas oublier que les musulmans ont des raisons d’être méfiants des services de police, puisque dans leur pays d’origine la brutalité policière n’est pas rare. De même que les policiers ont des raisons d’être méfiants envers les musulmans, à la suite de certains attentats commis par des groupes extrémistes. En conséquence, les liens amicaux établis entre la police et cette communauté ethnique permettent de réduire la méfiance autant chez les policiers que chez les musulmans. Un climat sans méfiance est favorable pour les agents puisqu’il permet la collaboration de cette minorité ethnique, lors de complot d’attentat, les musulmans ayant confiance en l’autorité policière vont les prévenir. C’est ce qui permettra, par la suite, à la GRC d’enquêter et d’intervenir pour déjouer le complot terrorisme. De plus, la réduction de cette méfiance peut être aussi positive pour la communauté musulmane, puisqu’elle permet de réduire les préjugés des policiers. Les policiers en apprendront davantage sur la culture de cette minorité ethnique, ce qui permettra de modifier leur façon d’intervenir avec ce groupe.

Pour conclure, je crois que cette opération charme de la GRC auprès des musulmans est une belle initiative. Elle permet de créer un climat de confiance afin de prévenir les attentats et elle permet de réduire le climat de méfiance entre les policiers et les musulmans. Dans l’article du 17 au 30 mars; attention aux cellulaires, qui parle aussi du modèle de police communautaire, l’auteur se demande si la sécurité des gens est plus assurée lorsque la police suit un modèle communautaire ? C’est ce qui m’amène à me demander si notre police communautaire est plus efficace que le NYPD en matière de prévention du terrorisme ? En d’autres mots, est-il préférable de collaborer avec la communauté musulmane que d’enquêter sur tous les musulmans ?